Mutations sociales et identitaires en Azerbaïdjan : les évolutions du rituel de deuil

Raphaelle Mathey

194
2013-06-01

Les études anthropologiques révèlent que les valeurs personnelles, les relations sociales et les marques de la cohésion culturelle s’expriment de façon symbolique dans le rituel funéraire. En Azerbaïdjan, celui-ci peut compter jusqu’à dix réunions de commémoration (yas) dans l’année qui suit le décès. Ce sont des rendez-vous incontournables où les solidarités et les allégeances se font et se défont. Durant la période de chaos politique et de récession économique qui a suivi l’indépendance, de 1991 à 1996, le yas a servi d’incubateur à un mouvement identitaire local. La stabilisation politique, à partir de 1996, et l’avènement de l’ère pétrolière, dans les années 2000, ont transformé la physionomie du pays, refaçonné les rapports entre les individus, et posent aujourd’hui la question de la construction de l’État et de l’élaboration d’un projet politique national. L’étude du rituel de deuil permet de mesurer l’ampleur de ces bouleversements. L’évolution du yas révèle les besoins nouveaux d’une société en pleine mutation, il est également le signe d’une réflexion fondamentale que les Azerbaïdjanais mènent sur eux-mêmes, sur leur religion, leur identité européenne et orientale, et sur leur rapport à la modernité.

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