La Yougonostalgie – les méandres des mémoires post-yougoslaves

09/06/2016
La nostalgie des temps socialistes se révèle être un phénomène vivace dans  la plupart des pays post-socialistes (Boym 2001, Stan 2005, Todorova et Gille 2010, Lankauskas 2006, Velikonja 2010). La Yougoslavie ne fait pas figure d’exception et ce, en dépit des nombreuses  spécificités du socialisme yougoslave, y compris la désintégration violente du pays. Lorsqu’ils évoquent la nostalgie, les médias post-yougoslaves se réfèrent le plus souvent aux « perdants de la transition », ces vieilles générations qui n’ont pas réussi à s’adapter aux exigences des systèmes capitalistes et démocratiques (Petrovic in Horvat et Stiks 2015). 
Si la Yougoslavie a en effet été un pays socialiste(1), elle était néanmoins dissemblable du reste du bloc soviétique et des pays d’Europe de l’Est, satellites de l’URSS (Calic 2013). Dès 1948 et suite à la rupture prononcée entre Tito et Staline, la Yougoslavie s’émancipe du régime soviétique. Les années 1990, qui marquent le début de la transition démocratique pour les pays de l’Europe de l’Est, sont pour la Yougoslavie, le début d’une décennie de guerres. 
Cet article présente une synthèse des résultats d’une recherche effectuée autour de trois pays : la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie, notamment en raison de leurs trajectoires transitionnelles différentes, mais aussi au regard de leur développement économique et politique, et de leur rôle dans la dissolution de la Yougoslavie. Nous traitons ici de la Yougonostalgie d’un point de vue spécifique – le point de vue de la génération dite des derniers pionniers (2). Ces femmes et ces hommes yougoslaves, aujourd’hui trentenaires et quadragénaires, n’ont été des citoyens yougoslaves que pendant leur enfance. Cette génération est la plus pertinente pour comprendre les formations identitaires des nations postsocialistes et ex-yougoslaves en transition. Nous adoptons la définition de la génération offerte par Todor Kuljic, dans son ouvrage La sociologie de la génération : « appartenir à une génération veut dire prendre part aux mêmes événements, qu’ils soient réels ou construits » (Kuljic 2009: 5). 
La recherche s’appuie sur des entretiens semi-directifs réalisés à partir d’un échantillon constitué dans les trois pays étudiés : la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine et la Serbie. Cet échantillon de derniers pionniers est composé de répondants de sexes féminin et masculin, tous nés entre 1974 et 1982. Nous avons conduit au total 22 entretiens en 2012 : 7 en Bosnie-Herzégovine, 9 en Serbie, 6 en Slovénie. Les enquêtés étaient tous des citoyens éduqués vivant « en province » ou dans les capitales des pays respectifs. La nostalgie dont nous parlons dans cet article est comprise comme « nostalgie réflective » (Boym 2001), une forme de nostalgie tournée vers le présent et qui comprend des éléments de contre-mémoire. Nous empruntons aussi le concept de Svetlana Boym : les espaces de lutte contre « la confiscation de la mémoire » (Boym 2001:52). Cette forme de nostalgie se manifeste différemment de la nostalgie évoquée dans les médias, que l’on pourrait qualifier de banale et de touristique.
Les objets de la nostalgie

Le moment symbolique au cours duquel le jeune écolier devient un pionnier a marqué l’identité des générations yougoslaves, de par l’importance de cet événement et de son poids symbolique. Devenir pionnier signifiait alors devenir citoyen, devenir Yougoslave. Tous nos enquêtés se souviennent très clairement de cet événement particulièrement vivace dans leurs souvenirs d’enfance : une journée solennelle, une grande fête, l’importance de l’événement pour leurs parents, les gâteaux, l’uniforme spécial – la casquette bleue avec l’étoile rouge et le foulard rouge – un objet de mémoire collective yougoslave présent chez presque tous les répondants. 
Les derniers pionniers se sont principalement intéressés aux monuments de la période yougoslave, pour faire du tourisme ou par curiosité. La plupart d’entre eux ne participent pas aux commémorations organisées, à l’exception de quelques soirées privées. Ils n’achètent pas non plus de souvenirs de l’époque yougoslave. Ils s’y opposent même, comme cet enquêté serbe qui trouve que la commercialisation d’objets yougonostalgiques est une stratégie politique. Il affirme ainsi : « Quand quelque chose devient une marque, la critique s’arrête. La commercialisation est la neutralisation du sujet ».
Il est surprenant, voire paradoxal, de constater que la génération des derniers pionniers, ne participe que rarement à des groupes ou  des sites internet consacrés à la Yougonostalgie, alors même que la génération est fortement influencée par internet. Lorsqu’ils sont membres de groupes dédiés à la Yougonostalgie, notamment sur les réseaux sociaux comme Facebook, leur présence y est en grande partie passive. 
Les derniers pionniers restent donc en dehors de cette perception médiatisée de la marchandisation de la Yougonostalgie. On peut tout de même observer le développement d’un sentiment « néostalgique » (Velikonja 2010) chez cette génération. Aussi, la littérature scientifique qui traite la question (Velikonja 2010 ; Petrovic 2012) définit leurs récits comme « par définition, subversifs, anti–système et émancipateurs » (Velikonja dans Despotovic et al. 2010). Mais quelle forme de Yougonostalgie développent-ils donc ?
L’identité nostalgique dans le contexte révisionniste

Les processus d’établissement des Etats nations dans les pays ex-yougoslaves ont (re)commencé dans la période qui a suivi la dissolution du pays et ils ont imposé des renforcements identitaires. Une des stratégies des élites politiques était alors de renforcer les différences dialectiques et terminologiques entre des langues (presque) identiques ou en tous cas, très similaires. En Croatie, de nouveaux mots ont été introduits et au Monténégro après 2006, un nouvel alphabet a été établi auquel deux lettres ont été ajoutées. Malgré cela, presque tous nos enquêtés revenaient sur le sentiment de proximité qu’ils ressentaient vis-à-vis des autres nations ex-yougoslaves, d’abord et avant tout, en raison de la ressemblance linguistique. Et alors que la mémoire se trouvait au centre des luttes de pouvoir des différents acteurs sur la question de la « définition légitime de la réalité » (Bourdieu 1989), de nouvelles mythologies voyaient le jour dans les pays ex-yougoslaves, par les efforts d’historicisation des élites politiques qui ont contribué à la propagation de la haine ethnique, encore omniprésente aujourd’hui. Malgré un consensus sur la question de la manipulation de l’histoire par les élites politiques, la majorité de nos enquêtés considèrent la dissolution comme ayant été inévitable. Mais après une analyse plus profonde de leurs réponses, la notion d’inévitabilité se transforme en un questionnement sur les vrais motifs de la dissolution. Les effets de l’historicisation et de la création des mythes se ressentent fortement chez tous nos enquêtés, et se traduisent par des sentiments de confusion. Ainsi, les enquêtés nous ont fait part de leurs doutes quant aux raisons de la dissolution de la Yougoslavie. Dans tous ces pays, on change les noms des rues, des fêtes nationales, des héros nationaux. Dubravka Stojanovic illustre ce phénomène en Serbie, à travers l’exemple des manuels scolaires qui, pendant les années 1990, ont donné des interprétations de l’Histoire des plus contradictoires et qui après 2000, ont continué à renforcer l’idée de l’équation entre les Tchetniks (3) et les Partisans (4) (Stojanovic dans Listhaug et al. 2010). Tous ces changements ont influencé la confusion chez les répondants.
Les discours qui s’opposent aux révisionnismes sont alors qualifiés de  yougonostalgiques. La critique de la nostalgie est aussi intériorisée par les citoyens – les enquêtés évitent toujours de se déclarer comme nostalgiques. Nos enquêtés ont largement nié être yougonostalgiques, ou du moins, disaient se poser encore la question, alors qu’ils mettaient à jour une incertitude envers le terme et leur propre identification. Sans être yougonostalgiques, ils restent néanmoins yougoslaves.
« J’ai raconté une histoire à mon petit frère né en 1985, une histoire avant d’aller dormir. Je lui ai parlé d’un pays dans lequel j’ai vécu quand j’avais son âge ; il avait 8, 9 ans à l’époque. Et alors, je lui ai dit : la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Slovénie, la Macédoine et le Monténégro faisaient partie de ce pays (5). Et lui, il a sauté de son lit et a crié : ‘Mais comme ce pays était grand !’ ». Cette anecdote racontée par l’une des enquêtées résidant en Bosnie-Herzégovine illustre l’une des premières notions associées à la Yougoslavie – une grande idée, un grand pays. Or, lorsque l’on demande aux derniers pionniers ce que leur évoque la Yougoslavie en termes d’images, d’association d’idées, de souvenirs, ils ont tous la même réponse : les valeurs de fraternité et d’unité. Ainsi, au-delà des souvenirs personnels liés à l’enfance, la Yougoslavie est également associée à un ensemble de valeurs qui se distinguent par leur caractère universel. 
Chez les derniers pionniers, l’identité yougoslave existe d’abord et avant tout en tant qu’expression de positions « dénationalisées » et une stratégie de résistance contre l’injonction à s’identifier à une nouvelle identité. Le yougoslavisme devient alors un outil de lutte contre le nationalisme. Un enquêté slovène nous explique : « Je ne me déclare pas comme Yougoslave, sauf quand les nationalistes m’énervent ». 
Le mariage mixte est la deuxième raison souvent invoquée. Les enfants issus de mariages mixtes ont vécu une crise identitaire exacerbée pendant les années 1990, notamment en raison des guerres, de l’expérience de l’exil ou de la discrimination dans leur pays de résidence. Pour eux, l’identité yougoslave est une manière de résoudre le conflit interne, la difficulté de choisir entre deux identités imposées.  
Le séjour à l’étranger, même court, ou l’expérience de l’émigration semble renforcer l’identité yougoslave. C’est l’explication la plus fréquemment utilisée par les enquêtés slovènes pour assumer l’identité yougoslave : « à l’étranger, c’est plus facile de dire que l’on vient de Yougoslavie, ils ne connaissent pas nos nouveaux pays ». L’identité yougoslave est également renforcée par la participation à des groupes constitués d’autres yougoslaves, pendant les rassemblements d’étudiants ou de professionnels notamment. A contrario, un enquêté slovène ajoute: « Mais quand je suis seul, je suis Slovène ».
Comme toute identité, l’identité yougoslave est multiple et elle jouit de plusieurs déclinaisons possibles. Parmi les enquêtés, certains demandent leur droit à être, en même temps Serbe et Yougoslave ou Slovène et Yougoslave ou encore Bosnien et Yougoslave. C’est pour eux une manière de réagir à l’injonction exclusive des nouvelles identités nationales.
Les requêtes politiques des derniers pionniers

La nostalgie peut offrir des alternatives aux sociétés actuelles. Les enquêtés ont répété que de nombreuses valeurs aujourd’hui promues dans ces pays par l’Union européenne ou l’Occident (dans le sens large du terme), existaient déjà en Yougoslavie, à l’instar du multiculturalisme. Les enquêtés estiment que l’alternative aux conflits ethniques contemporains s’incarne dans l’histoire yougoslave, et non pas dans les directives de l’Union européenne. Un de nos enquêtés bosnien nous a ainsi affirmé : « Aujourd’hui, l’Union européenne investit beaucoup d’argent dans la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes dans les pays ex-Yougoslaves – alors que la Yougoslavie était un des premiers pays européens a avoir autorisé l’avortement ; où par exemple, à avoir promu le multiculturalisme – c’est fou, c’était nous, les Yougoslaves, qui promouvions le multiculturalisme dès 1945 ».
Les derniers pionniers considèrent qu’il serait impossible de remettre sur pieds une nouvelle Yougoslavie, mais ils pensent que l’UE est un outil qui pourrait permettre de créer un espace yougoslave sans frontières, un marché intérieur, avec une monnaie unique (6). Certains enquêtés estiment aussi qu’au sein de l’UE les pays membres de l’ex-Yougoslavie formeront « une mini Yougoslavie », comme l'assure un enquêté slovène. Ainsi, si l’unification politique apparaît comme impensable aujourd’hui, il n’en va pas de même d’une intégration sous d’autres formes – culturelles et économiques, suivant le concept de « Yougosphère » de Tim Judah (Judah 2009). 
En Serbie, la Yougoslavie est souvent associée aux valeurs de la société et à l’organisation politique, l’antifascisme en étant le fil conducteur. La Yougoslavie est perçue comme « un projet politique », « une idée excitante », « un pays superbe qui a tout eu ». Pour les enquêtés, elle était un État providence, même s’ils admettent qu’elle avait aussi ses défauts. Un des enquêtés affirme ainsi que la Yougoslavie n’était « ni une utopie, ni une tyrannie ». Pour les membres de cette génération, la Yougoslavie reste un pays développé qui a offert à ses citoyens un sentiment de liberté, de sécurité et de stabilité, économique et sociale. En plus des politiques publiques, les politiques culturelles sont aussi souvent citées comme des politiques qui existaient à l’époque, contrairement à la période actuelle où celles-ci semblent totalement détruites, voire inexistantes. Pour l’un des enquêtés vivant en Serbie, « le rideau de fer est tombé en 1992 » (7).
En plus de la question de l’égalité entre tous les citoyens, celle des opportunités socio-économiques est au centre de préoccupations des répondants. L’un des enquêtés bosniens déclare : « Ils (les dirigeants et les politiciens) allaient en vacances à Neum (8) dans une villa, mais le travailleur aussi allait en vacances, dans un hôtel dédié aux travailleurs et ces deux groupes avaient donc de fortes chances de se croiser à la plage. Aujourd’hui, les politiciens partent en vacances aux Maldives, et les travailleurs fouillent les poubelles ».
Au-delà de cette observation, parmi les enquêtés, les citoyens bosniens semblent les plus attachés à cette conception de la vie en ex-Yougoslavie donnant plus d’espoir en l’avenir, surtout au regard de la situation socio-économique de la Bosnie-Herzégovine aujourd’hui. 
Les enquêtés sont tous d’accord pour dire qu’un espace commun, culturel, voire même économique, existe. En effet, comme le souligne l’un des enquêtés bosniens : « Nous sommes déjà unis sans que les gens ne le sachent ». De la même manière, ils sont absolument tous d’accord pour affirmer qu’une coopération économique plus étroite est nécessaire. 
Interrogés sur les effets positifs de la Yougoslavie, les derniers pionniers s’accordent aussi sur les avantages fournis par l’éducation gratuite, le système de protection sociale, la sécurité de l’emploi et l’État de droit. En dépit des défauts, notamment évoqués par les enquêtés résidant en Serbie et en Bosnie-Herzégovine, les derniers pionniers veulent un État, tout simplement. Un État qui s’occuperait davantage de ses citoyens que de ses élites politiques. Chacune des notions de leur « nostalgie » s’exprime à travers des requêtes politiques très précises, tournées vers le présent

La notion de Yougonostalgie, telle qu’on la comprend aujourd’hui, doit être révisée. La nostalgie, en tant que concept multidimensionnel, recouvre des significations différentes pour diverses générations. Les derniers pionniers voyagent dans tout l’espace ex-yougoslave, ils échangent avec des citoyens de toutes les ex-républiques, ils se démarquent par leur mobilité professionnelle,  autant de raisons qui invitent à changer notre regard sur le phénomène de la nostalgie. Au lieu de renforcer l’idée de communautés animées par la haine de l’autre, il faudrait plutôt interroger les forces cachées de la Yougonostalgie en tant que moteurs du développement de l’Ex-Yougoslavie. 
La Yougoslavie, la mémoire de la Yougoslavie et la Yougonostalgie s’imposent alors comme des moteurs de l’idée de progrès. La nostalgie devient émancipatrice, comme chez Kuljic (2011). Dans des sociétés gravement mutilées, appauvries, en manque de sens et d’idéologie (Velikonja 2010), on ne recherche pas que la continuité identitaire. Parallèlement à la nécessité de réaliser des enquêtes sur une échelle plus large et de celle d’appuyer nos hypothèses par davantage de données empiriques, l’on doit s’interroger sur la pertinence d’une redéfinition du concept de Yougonostalgie. Cette recherche se poursuit et s’efforce de mettre à jour l’aspect politique de la Yougonostalgie. Si l’on accepte la notion de Yougonostalgie comme une idée subversive, allant à contre-courant des discours révisionnistes officiels, on  peut se demander comment elle se reflète dans la pensée politique des citoyens ex-yougoslaves. 
Bibliographie

- Boym, Svetlana. 2001. The Future of Nostalgia. New York : Basic Books.
- Bourdieu, Pierre. 1989. Question de classes. In La sociologie de Bourdieu. Textes choisis et commentés, ed. Alain Accardo and Philippe Corcuff, 131-145. Bordeaux : Le Mascaret.
- Calic, Marie-Janine. 2013. Istorija Jugoslavije u 20. veku. Belgrade : Clio.
- Halbwachs, Maurice. 1968. La mémoire collective. Paris : PUF.
- Judah, Tim. 2009. Yugoslavia is dead: long live the Yugosphere. In Papers on South Eastern Europe, eds. Spyors Economides et Ivan Kovanovi?. Londres : LSEE Research on South Eastern Europe.
- Kuljic, Todor. 2009. Sociologija generacije. Belgrade : Cigoja stampa.
- Kuljic, Todor. 2011. Secanje na titoizam – izmedu diktata i otpora. Belgrade : Cigoja stampa.
- Lankauskas, Gediminas. 2006. Souvenirs sensoriels du socialisme. Anthropologies et Sociétés 3 (30): 45-69. (12 March, 2011).
- Petrovic, Tanja. 2012. Yuropa – jugoslovensko naslede i politike buducnosti u postjugoslovenskim drustvima. Belgrade : Fabrika knjiga.
- Petrovic, Tanja. 2015. On the way to Europe: EU metaphors and political imagination of the Western Balkans. In Welcome to the desert of post-socialism: radical politics after Yugoslavia, eds. Srecko Horvat and Igor Stiks, 103-121. New York : Verso.
- Stojanovic, Dubravka. 2010. Interpretacije istorije i promene sistema vrednosti u Srbiji. In Gradanske i negradanske vrednosti u Srbiji: Vreme posle Milosevica, eds. Ola Listhaug, Sabrina P. Ramet et Dragana Dulic, 213-232. Belgrade : Zene u crnom.
- Todorova, Maria et Zsuzsa Gille, eds. 2010. Postcommunist nostalgia. New York: Berghahn Publishers.
- Velikonja, Mitja. 2010. Titostalgija. Belgrade: Biblioteka XX vek.
- Velikonja, Mitja. 2010. Politicka mitologija nepostojeceg – narativni sadrzaji jugonostalgije u postjugoslovenskim zemljama. In Mitovi epohe socijalizma, eds. Ljubisa Despotovic et al, 131-148. Novi Sad/Sremska Kamenica: Centar za istoriju, demokratiju i pomirenje i Fakultet za evropske pravno-politicke studije.
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Invitée au CERI pour l'année 2015-2016, Milica Popovic est candidate au doctorat dans le cadre du programme doctoral interdisciplinaire d'Etudes Balkaniques à l'Université de Ljubljana, sous la co-direction de Mitja Velikonja et de Jacques Rupnik. Elle est diplômée de Master 2 recherche Etudes politiques de l'Université Paris 2 Panthéon-Assas et de licence en droit de l'Université de Belgrade. Les questions de la (Yougo)nostalgie, la théorie de la mémoire et les sociétés post-Yougoslaves se trouvent au centre de ses recherches. Elle publie régulièrement des articles et des essais sur les Balkans.
L’article s’appuie sur le mémoire de Master 2 recherche, Études politiques à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, sous la direction du professeur Yves Surel, soutenu fin septembre 2012 et l’article publié dans Etudes Balkaniques, volume « Culture juridique dans les Balkans », Bénou, L. et Mayali, L. (dir.), Cahiers Pierre Belon, 19-20, 2013/2014, pp. 305-323.
(1) Même si l’on peut trouver diverses références aux régimes « communistes » dans la théorie politique, dans cette contribution, nous utiliserons la notion de « socialisme » pour définir le régime politique yougoslave. Le terme « socialiste » est ici privilégié en référence à la théorie politique communiste de Karl Marx, où le socialisme n’est compris que comme une phase de transition vers le communisme. Même si aucun de ces pays socialistes n’a mis fin à la « propriété privée » et alors même que leurs régimes se disaient « communistes », en réalité, il s’agissait davantage de régimes socialistes. 
(2) L’association des pionniers de la Yougoslavie, fondée en 1942, est une organisation à laquelle adhéraient les enfants des premières sept classes de l’école élémentaire. Les pionniers faisaient partie de l’Association de la jeunesse communiste de la Yougoslavie, elle-même intégrée au Parti communiste yougoslave. Les nouveaux membres étaient admis alors qu’ils entraient en première année scolaire, tous les 29 novembre, jour de la fête de la République. Les élèves faisaient un serment pionnier et ils recevaient une casquette bleue (« titovka ») avec une étoile rouge et un foulard rouge. La dernière génération de pionniers est née en 1982.
(3) Les Tchetniks rassemblaient les différents groupes militaires qui soutenaient la monarchie, se proclamaient fortement nationalistes et qui ont combattu durant la Seconde Guerre mondiale contre les Partisans, souvent en collaboration avec les forces allemandes d’occupation et  soutenant le régime collaborationniste de Milan Nedic. Les Tchetniks ont commis de nombreux crimes de guerre contre les autres groupes ethniques dans les Balkans, notamment les musulmans.
(4) Les Partisans rassemblaient les groupes militaires communistes dans toutes les pays ex yougoslaves, qui se combattaient contre l’occupation allemande des nazis et contre les Tchetniks et autres groupes pro fascistes et nationalistes sous le commandement de Josip Broz Tito.
(5) Dans la citation précise de la répondante, le Monténégro a été omis, mais on l’a rajouté pour la clarté du  discours.
(6) Il faut bien noter que la recherche a eu lieu en 2012 – avec la crise économique et politique de l’UE, peut-être qu’aujourd’hui on aurait des positionnements différents sur cette question.
(7) En 1992 les sanctions économiques ont été imposées à la Serbie.
(8) Une ville bosnienne au bord de la mer.
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