La diplomatie de continuité du Président

17/12/2012

  Editorial publié le 17 décembre 2012, en partenariat avec Ouest France

S'il est un domaine dans lequel François Hollande s'inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, c'est celui de la politique étrangère. La politique européenne en est l'illustration la plus visible. Après avoir insisté, dans la campagne électorale, sur la nécessité d'ajouter un volet relatif à la croissance au Traité de stabilité budgétaire signé par Nicolas Sarkozy, le président français en a obtenu la ratification au Parlement à une écrasante majorité.

Ce traité valide l'idée allemande que la croissance requiert au préalable une mise en ordre des finances publiques. La « règle d'or » interdisant les déficits publics a été consacrée dans une loi organique. Sur la réforme de la zone euro, malgré des négociations parfois tendues avec Berlin, l'essentiel donne naissance à des compromis : sur la supervision européenne des banques comme des dettes souveraines. François Hollande, qui a appris les jeux d'équilibre au sein du PS, est d'ailleurs, par son style, beaucoup plus proche d'Angela Merkel que ne l'était Nicolas Sarkozy.

Sur la défense, la préparation du Livre Blanc s'accompagne de prises de position s'inscrivant aussi dans la continuité. Le récent rapport Védrine appelle ainsi la France à rester dans le commandement intégré de l'Otan. Cette réintégration voulue, en 2009, par Nicolas Sarkozy avait pourtant été beaucoup critiquée par les socialistes, arguant qu'elle portait atteinte à l'autonomie stratégique de la France par rapport aux États-Unis. Il est vrai que François Hollande a toujours évité l'antiaméricanisme primaire. Sera-t-il toutefois plus capable que son prédécesseur d'imposer au sein de l'Otan une politique européenne plus affirmée ? La réponse n'est pas simple, car il est impossible d'attendre quoi que ce soit des Britanniques sur ce sujet, comme sur l'ensemble des questions européennes.

Au Moyen-Orient, les sanctions à l'égard de l'Iran, le retrait anticipé des troupes françaises d'Afghanistan ne sont que la confirmation d'engagements pris par Nicolas Sarkozy. Il reste à voir si François Hollande prendra des positions plus allantes que celle d'Obama sur la Syrie. Paris a été la première capitale à reconnaître l'opposition syrienne. Elle semble favorable à une levée de l'embargo sur les armes pour alimenter la résistance : un point sur lequel elle pourrait convaincre les autres Européens face à des États-Unis réticents.

C'est sur l'Afrique que François Hollande semble peut-être marquer un changement. Il semble vouloir s'extraire de la vieille Françafrique construite sur une relation privilégiée avec des leaders autoritaires pro-français. Le discours prononcé à Dakar en octobre 2012 avait comme vocation de prendre le contre-pied de celui de Nicolas Sarkozy qui avait dit, grâce aux conseils avisés d'Henri Gaino, que « l'homme noir n'était pas entré dans l'histoire ». Nul doute que la situation au nord du Mali où des groupes salafistes ont instauré la charia préoccupe la France. Le choix d'apporter une aide logistique à une intervention militaire de l'Union africaine montre en tout cas un souci d'éviter l'ingérence directe.

La politique étrangère de François Hollande s'inscrit dans une sorte de continuité tranquille. Elle fait apparaître un président plus pragmatique que grand stratège. Mais la diplomatie stratégique n'est-elle pas un rêve du passé ? De plus en plus, avoir une politique étrangère signifie s'adapter à des mouvements de court terme et à saisir des opportunités. En ce sens, François Hollande est un politicien moderne.

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