Chaire d'études sur le fait religieux. Entretien avec Alain Dieckhoff et Stéphane Lacroix

12/10/2020

Entretien avec Alain Dieckhoff et Stéphane Lacroix 

Quelle est la genèse de la chaire ?

Alain Dieckhoff et Stéphane Lacroix : Un nombre conséquent de  chercheurs de Sciences Po travaillent sur la question du fait religieux depuis de nombreuses années, de façon individuelle ou collective. Parmi les projets collectifs, on peut citer par exemple l’Observatoire international du religieux mené par le CERI et le Groupe sociétés, religions, laïcités (EPHE/CNRS) ou encore l’IRN Contextualizing Radicalization porté par Nadia Marzouki.

Ce contexte explique que Jean-Baptiste Massignon nous a approchés lorsqu’il a décidé de créer une chaire qui porterait le nom de son ancêtre, l’éminent islamologue Louis Massignon. Nous avons travaillé ensemble sur le projet, en réfléchissant à la façon de fédérer des travaux déjà existants à Sciences Po sur le thème du fait religieux  tout en mettant en lumière des travaux moins connus et novateurs.

Comment définiriez-vous la thématique de la chaire ?

Alain Dieckhoff et Stéphane Lacroix : Le fait religieux constitue l’assise thématique de la chaire, et notamment de façon plus spécifique (mais pas exclusive) l’islam. La chaire propose une approche comparative et interdisciplinaire des religions par les sciences sociales. Toutes les disciplines des sciences sociales ont vocation à être présentes, l’anthropologie, l’histoire, la science politique, la sociologie, la géographie, etc. En revanche, notre approche n’est pas philologique ou orientalisante.

Quels sont les objectifs de la chaire ?

Alain Dieckhoff et Stéphane Lacroix : Ils sont au nombre de quatre : fédérer au maximum les chercheurs qui travaillent sur le fait religieux ; rassembler et développer les enseignements proposés sur ce thème à Sciences Po, du Collège à l’Ecole doctorale en passant par les Masters ; participer au débat public et scientifique et enfin soutenir les jeunes chercheurs ou plutôt la génération émergente de chercheurs.
Nous parlons d’une chaire, par conséquent celle-ci possède un véritable lien avec l’enseignement.  Nous recevrons d’ailleurs un professeur invité au sein de la chaire, et celui-ci tout en interagissant avec ses collègues pour la recherche contribuera également au volet enseignement.

La chaire a aussi vocation à nourrir le débat scientifique, autour de tables rondes entre chercheurs, ainsi que le débat public, par exemple par l’organisation de conférences régulières. Nous voulons être présents dans la cité et que notre parole soit publique car nous ne nous adressons pas seulement aux  chercheurs mais également à un public plus large. Ainsi, nous avons prévu d’organiser quatre conférences annuelles.
La première, qui a pour titre La foi contre l'identité ? Le religieux dans les guerres culturelles, aura lieu le 22 octobre par webinaire. Jean-Baptiste Massignon et nous-mêmes ferons une courte présentation de la chaire, puis, un débat modéré par Nadia Marzouki réunira Olivier Roy, professeur à l’Institut européen de Florence et Adrien Candiard, chercheur à l’Institut dominicain d'études orientales du Caire. Une deuxième conférence sera organisée avant la fin de l’année, la troisième en mars et la quatrième en mai prochain.

Enfin, la chaire va soutenir la génération émergente des chercheurs qui travaillent sur le fait religieux par le Prix du premier livre qui sera décerné chaque année. Nous avons fait ce choix de créer un Prix du premier livre car nous savons combien dans une carrière académique est importante l’étape du premier ouvrage et combien la première publication – qui peut être issue de leur thèse mais qui ne l’est pas toujours – permet aux chercheurs de se distinguer sur un marché de l’emploi de la recherche de plus en plus difficile d’accès. Nous souhaitons par la remise de ce Prix donner un coup de pouce à la génération émergente des chercheurs, une expression que nous préférons à celle de « jeunes chercheurs » car nous n’avons pas fixé de limite d’âge et nous acceptons tous les premiers manuscrits, quel que soit l’âge de leur auteur. Plusieurs prix existent d’ores et déjà qui récompensent les thèses, le nôtre vient donc en complément de ces dispositifs.

Propos recueillis par Corinne Deloy.

Voir la page de la Chaire d'études sur le fait religieux sur le site du CERI

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