HANDICAP ET TRAVAIL

Drivers of Workplace Discrimination against People with Disabilities : The Utility of Attribution Theory

Les caractéristiques des travailleurs.ses handicapé.e.s qui présentent une allégation de discrimination à l’emploi selon l’ADA devant l’Equal Employment Opportunity Commission (EEOC) et celles des travailleurs.ses handicapé.e.s qui se voient donner raison. Les auteurs insistent particulièrement sur le rôle du type de handicap, mettant à l’épreuve l’« Attribution Theory » (effets de la contrôlabilité et de la stabilité perçue du handicap).

Discriminations

Drivers of Workplace Discrimination against People with Disabilities : The Utility of Attribution Theory

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Work
  • Date :
  • Langue : en
  • Discipline : Psychologie ; Médical, paramédical ou épidémiologie ; Droit
  • Méthode : Quantitative
  • Thématique secondaire : Discriminations ; Handicap au travail ; Insertion professionnelle ; Aménagements
  • Type de handicap : Moteur ; Visuel ; Maladie invalidante ; Psychique
  • Zone d’étude : États-Unis
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Sujet précis

Les caractéristiques des travailleurs.ses handicapé.e.s qui présentent une allégation de discrimination à l’emploi selon l’ADA devant l’Equal Employment Opportunity Commission (EEOC) et celles des travailleurs.ses handicapé.e.s qui se voient donner raison. Les auteurs insistent particulièrement sur le rôle du type de handicap, mettant à l’épreuve l’« Attribution Theory » (effets de la contrôlabilité et de la stabilité perçue du handicap).

Méthodologie

Analyse quantitative de de 35 763 allégations de discriminations remplies par les employé·e·s au titre des provisions sur l’emploi de l’American with Disabilities Act (ADA) devant l’Equal Employment Opportunity Commission (EEOC). Ces procédures ont toutes été ouvertes, menées et closes entre le 27 juillet 1992 (entrée en effectivité du titre 1 de l’ADA) et le 30 septembre 2003 (dernière année fiscale pour laquelle les données sont disponibles).

Les types de handicap sont agrégés et classifiés en 2 groupes : Groupe A, « incontrôlable mais stable » : « déficiences visuelles, cancer, maladie cardiovasculaire, lésions de la moëlle épinière » ; Groupe B, « contrôlable mais instable » : « dépression, schizophrénie, abus d’alcool et d’autres drogues, SIDA ».

L’analyse est réalisée par la méthode chi-squared automatic interaction detector (CHAID), soit en français la méthode par « arbre de décision ». Un algorithme isole les facteurs qui prédisent le mieux l’issue de l’allégation (si la personne se voit donner raison ou non), avec un seuil de significativité à 1 %.

Principales conclusions

Dans leur revue de littérature, les auteur·e·s présentent la théorie de l’attribution (attribution theory) de Patrick Corrigan (2004). Les conditions sont jugées négativement si elles sont considérées comme contrôlables par la personne, qui en est donc « responsable » (ex: addiction à la drogue). Elles sont jugées comme stables, si elles sont considérées comme ne pouvant pas s’améliorer (ex: déficience intellectuelle). À partir de cette distinction, les auteur·e·s répartissent les handicaps dans 2 groupes : « non contrôlable mais stable » (groupe A) et « non stable mais contrôlable » (groupe B).

Les personnes du groupe B ont initié davantage d’allégations que celles du groupe B, mais le taux de succès de leur demande est plus bas. Dans les deux groupes, les motifs d’allégations les plus fréquents sont le licenciement, les aménagements raisonnables, l’embauche et le harcèlement ; le licenciement et les aménagements raisonnables représentent une proportion plus importante dans le groupe A, et le harcèlement, plus importante dans le groupe B.
Les facteurs qui influencent le plus la probabilité de se voir reconnaître le préjudice par l’EEOC sont : le type de handicap (groupe A davantage que groupe B, exception faite des personnes avec SIDA), le type d’allégations, et le secteur d’activité. Ces 3 variables interagissent entre elles ; par exemple, les personnes schizophrènes travaillant dans l’agriculture, le commerce et les services ont davantage de résolutions en leur faveur que celles travaillant dans l’industrie.

Les auteur·e·s présentent 7 configurations dans lesquelles les personnes handicapées obtiennent plus souvent gain de cause que la moyenne, et 7 configurations, moins souvent gain de cause. Le succès est le plus fort pour les personnes avec SIDA des secteurs de l’industrie et des transports, sur les thèmes de l’intimidation, des conditions de travail, de l’embauche et des aménagements raisonnables : ces allégations ont un taux de succès de 42 %, soit plus de deux fois plus que la moyenne. Le genre n’est un facteur que dans 1 des 14 cas de figure, de même que la « race », tandis que la taille de l’entreprise interfère dans 4 des 14. Les auteur·e·s concluent en soulignant les limites de la théorie de l’attribution et en soulignant le caractère multifactoriel de la discrimination.