HANDICAP ET TRAVAIL

En se servant de la théorie de la vulnérabilité de Martha Fineman, l'auteure conceptualise une approche universaliste des droits des personnes handicapées, qui intègre les apports d’un modèle de welfare state (soutien matériel aux personnes handicapées) au modèle dominant de civils rights (approche anti-discriminatoire).

Discriminations

Disability, vulnerability, and the limits of antidiscrimination

Washington Law Review
  • Date :
  • Langue : en
  • Discipline : Droit
  • Méthode : Qualitative
  • Thématique secondaire : Discriminations ; Aménagements ; Insertion professionnelle ; Handicap au travail
  • Type de handicap : Tous ou non spécifié
  • Zone d’étude : États-Unis
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Sujet précis

En se servant de la théorie de la vulnérabilité de Martha Fineman, l’auteure conceptualise une approche universaliste des droits des personnes handicapées, qui intègre les apports d’un modèle de welfare state (soutien matériel aux personnes handicapées) au modèle dominant de civils rights (approche anti-discriminatoire).

Méthodologie

Référence à des textes juridiques, aussi bien législatifs (principalement l’Americans with Disabilities Act, 1990, et l’ADA Amendments Act, 2008) que judiciaires (arrêts). Discussions d’auteur·e·s de la littérature, avec une attention spéciale au concept de vulnérabilité de Martha Fineman (2008).

Principales conclusions

Le texte se structure en 3 parties.

  1. Dans la partie 1, l’auteure présente la théorie de la vulnérabilité de Martha Fineman. Cette théorie comprend la vulnérabilité comme une partie inhérente à l’expérience humaine, que l’État doit prendre en compte en développant des structures qui contrent ces inégalités substantielles de façon universelle. En appliquant cette théorie au contexte du handicap, Ani Satz insiste sur le caractère « universel et constant » de la vulnérabilité « au » handicap, d’une part, et de la vulnérabilité « des » personnes handicapées à la discrimination, d’autre part. Satz estime que les approches anti-discriminatoires négligent ce fait en se centrant sur la défense d’un « groupe protégé » et en prônant une indépendance qui calque l’indépendance supposée du reste de la population.
  2. Dans la partie 2, l’auteure évoque les failles d’une approche anti-discriminatoire qui « fragmente » la protection accordée. Ce concept de « fragmentation » que l’auteure introduit comporte deux versants : d’abord, la fragmentation des populations défendues à une catégorie identitaire de personnes handicapées (puisque seule une « classe protégée » est concernée par les mesures) ; ensuite la fragmentation des environnements dans laquelle la protection est accordée (puisque le handicap est défini comme indexé à des situations particulières, et que c’est pour elles seules que des compensations sont prévues par la loi).
  3. Dans la partie 3, l’auteure revient sur les obstacles sociaux que les personnes handicapées continuent à rencontrer malgré les dispositions anti-discriminatoires. Elle défend l’introduction de dispositions de protection sociale (social welfare) plus extensives, traitant la vulnérabilité de façon systémique. Dans une première sous-partie, elle préconise un modèle mixte (qu’elle pense plus viable politiquement) pour le contexte de l’emploi, suggérant que les « aménagements raisonnables » continuent à être accordés sur une base catégorielle, mais qu’ils puissent s’appliquer également dans des contextes hors du lieu de travail où ils facilitent l’emploi, et non seulement sur le lieu de travail. L’auteure souligne en outre que de « multiples façons de fonctionner » existent, et que les aménagements raisonnables doivent se fonder sur les souhaits des employé·e·s, y compris lorsque cela implique des « modes de fonctionnement atypiques » (par exemple, taper sur des touches avec les pieds plutôt qu’avec une prothèse). Dans une deuxième sous-partie, dans le domaine des soins de santé, l’auteure défend un modèle de protection sociale qui cadre la maladie non comme un handicap mais comme « une question de vulnérabilité universelle et constante.».