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17.12.2021

Portrait de Thomas Chailloux, alumnus

Après avoir effectué un bachelor sur le campus de Paris de Sciences Po, Thomas part en césure en Australie pendant un an et y enseigne le français. De retour en France, il intègre le master Governing the Large Metropolis et en sort diplômé en 2015. Il est aujourd’hui Policy Officer dans l’ONG Public Interest Advocacy Centre Ltd à Sydney. Rencontre.

Quel emploi occupez-vous actuellement ?

Je suis analyste en politique publique au Public Interest Advocacy Centre Ltd, une ONG spécialisée dans le développement et le conseil en politiques publiques ainsi que dans les litiges stratégiques. La plupart des gens avec qui je travaille sont des juristes. Nous essayons de faire évoluer la loi ou les politiques publiques, à travers du lobbying notamment. Nous cherchons également des clients dont la situation est particulièrement représentative d'un problème de politique publique ou d'un problème législatif, et nous tentons de faire progresser leurs cas à travers le système judiciaire, dans l’objectif de faire évoluer la loi.

Ma première mission, qui représente environ 50% de mon temps, se déroule avec le service Homeless person legal où nous proposons des services juridiques gratuits à des personnes sans abri, donc non logés ou mal-logés. En tant qu’analyste, j’effectue un travail d’influence dans le but de faire évoluer la législation des politiques publiques autour du logement et des services d'aide aux personnes sans-abri.

Ma deuxième mission consiste à assister des collègues sur des sujets divers et variés. Par exemple des questions de sécurité, une partie de notre organisation étant chargée de « surveiller » la police et d’observer la manière dont celle-ci applique ses pouvoirs et ses prérogatives envers les groupes défavorisés et marginalisés. Cela peut être également des questions liées à la démocratie, ou bien des choses assez générales en conseil et analyse des politiques publiques.

Enfin, ma dernière mission est un projet de justice climatique. Il s’agit d’étudier la réponse de notre ONG par rapport au changement climatique. Nous ne sommes pas une ONG environnementale mais l’objectif est de voir comment nous pouvons y contribuer. Je développe actuellement un projet lié à l'efficacité énergétique du logement social. L’objectif est d’identifier les politiques publiques qui permettraient à la fois de modérer l'ampleur du changement climatique, de s'adapter à ce changement climatique déjà en cours et enfin de délivrer des bénéfices socio-économiques pour les personnes plus démunies et également pour le reste de la société.

Qu'est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

Je pense que c’est le côté développement de politiques publiques. C'est quelque chose de vraiment très intéressant. Il faut à la fois avoir de bonnes connaissances sur le sujet traité, cibler le bon groupe de population, utiliser les bons mécanismes, que ce soit des mécanismes législatifs ou des mécanismes plutôt liés au marché. Et en même temps, il faut marier cela à un petit peu de réalisme politique : ce qui peut « se vendre » au gouvernement en place, ce qui est compatible avec leurs idéologies, avec leur manière de penser, avec les mécanismes déjà existants et comment on peut utiliser ce qui existe déjà en matière de politique publique pour faire des choses un petit peu différentes.

La partie lobbying du travail me plait également. Le terme n’est pas vu de manière très positive en France mais le côté défense du consommateur, essayer de convaincre, le côté plus politique du travail tout simplement, c'est aussi quelque chose que j'apprécie. 

Quel a été votre parcours depuis votre diplomation ?

Je suis parti en Australie assez rapidement après mon stage de fin d’année. Pendant presque 2 ans, je n’ai pas vraiment essayé de travailler dans mon domaine. Je donnais des cours de français à mi-temps. J’avais besoin de réfléchir un peu, de savoir si j'avais vraiment envie de travailler dans la politique publique ou dans l’urbanisme. Après réflexion, j’ai réalisé que c’était bien le cas.

Mon premier poste était Capacity building project officer dans l’ONG Inner Sydney Voice. Il s’agissait d’un projet de bailleur social dans un quartier défavorisé de Sydney. Une grande partie du terrain public allait être vendue à des acteurs privés afin de payer et construire des nouveaux logements sociaux. Ma mission consistait à appuyer les habitants afin qu’ils puissent participer au redéveloppement urbain de leur quartier. J'ai beaucoup apprécié de travailler avec les habitants, d’être à leur service, d’essayer de les aider pour qu'ils puissent s'impliquer dans le processus. Mais au fil du temps, j'ai eu l'impression que la participation des habitants avait un côté « gadget » puisque les grandes lignes du projet étaient déjà déterminées politiquement. Cela m’a posé un problème et a commencé à me peser. Au bout d’un an et demi, j'ai donc changé de travail.

Je suis parti chez Shelter NSW, une organisation d'analyse et de conseil en politique publique, qui est très critique des projets gouvernementaux. Elle représente les intérêts des foyers modestes sur le marché immobilier en termes de législation sur les droits des locataires, de logements sociaux, etc.... C’était un poste beaucoup plus orienté politiques publiques et lobbying. C’est une organisation un peu particulière puisqu’ils représentent les intérêts de personnes sans abri, de foyers modestes mais également ceux des bailleurs sociaux. C'est une approche un petit peu plus holistique des besoins liés au logement. J’ai tout d’abord commencé comme Outreach & Engagement Policy Officer, responsable de communication et d’engagement. Je devais parler à nos membres, aux gens de la communauté, aux habitants des logements sociaux et aux personnes qui s’intéressaient à notre ONG. Au bout d’un an, je suis passé analyste des politiques publiques puis analyste senior. Je devais élaborer des campagnes de sensibilisation sur certains sujets. J'ai notamment essayé de faire évoluer la législation sur la location en Nouvelle Galle du Sud afin que les locataires aient de meilleurs droits. Ceux-ci peuvent en effet être expulsés de leur logement sans raison. De plus, j’effectuais du lobbying et de la promotion du logement social qui est une responsabilité d’Etat en Australie. Le logement étant de moins en moins abordable pour les classes moyennes en Australie, de nombreuses associations œuvrent pour régler ce problème.

Enfin, j’ai intégré ma structure actuelle. Le poste me permettait de développer mes compétences et me donnait l’opportunité d’agir sur un sujet qui me tient à cœur, la transition écologique.

Qu’est-ce que vous a apporté votre formation au sein de Sciences Po ?

Enormément. Tout d’abord, j’ai été parfaitement formé à l'analyse de politiques publiques, à les comprendre et à développer des messages pour les faire changer. Cela m’a permis d’évoluer assez rapidement dans ma carrière et d’avoir des missions de plus en plus importantes.

Le côté pluridisciplinaire et polyvalent de la formation m’a également beaucoup apporté. Cela permet de passer d’une spécialité à une autre rapidement. Lorsque j’ai souhaité étendre mon secteur d’activités, j’ai utilisé mes compétences et les ai appliquées assez rapidement à de nouveaux sujets. J’ai ainsi pu travailler sur des sujets variés. Le côté comparatif du master permet également d’aborder plus facilement des contextes étrangers. Enfin, avoir réalisé un master entièrement en anglais a été une force par la suite et m’a permis de trouver un poste assez rapidement.

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