Silice et silicose : histoire

  • Noel Counihan, The cough… stone dust, 1947 © Estate of Noel CounihanNoel Counihan, The cough… stone dust, 1947 © Estate of Noel Counihan

Risques lies à la silice = silicose = industrie minière ?

Si l’on parle de risques liés à la silice, le mot « silicose » vient immédiatement à l’esprit. Et la silicose elle-même tend à être associée à l’industrie minière. Cette maladie pulmonaire invalidante, provoquée par la poussière de silice cristalline a pesé lourd dans les réponses médicales, politiques et les politiques sociales, et a monopolisé l’imagination telle qu’elle s’est incarnée par exemple dans la culture populaire, des ballades chantées par les mineurs à l’art figuratif. De bonnes raisons existent à cela – la moindre n’étant pas l’ampleur du fardeau sanitaire provoqué par la maladie dans le monde entier, son statut de maladie professionnelle et l’importance des enjeux économiques associés à l’activité minière.

Mais les mines ne résument pas à elles seules tout ce que comporte la silicose, de même que la silicose ne contient pas à elle seule tous les risques sanitaires occasionnés par la silice cristalline. La silice, qui constitue l’un des principaux composants de l’écorce terrestre, est présente dans un nombre très étendu de secteurs d’activité industriels ou non et dans des produits de tous les jours (certains cosmétiques, la litière de chat…)

Depuis les années 1990, plusieurs spécialités médicales conduisent à réévaluer le rôle que la silice pourrait jouer comme déclencheur d’un certain nombre de maladies inflammatoires systémiques telles que le lupus érythémateux disséminé, la sclérodermie, la polyarthrite rhumatoïde et la sarcoïdose. En outre, bien qu’elle ait été jusque-là considérée comme agent toxique lorsqu’elle est inhalée sous forme de poussière, la question se pose aussi, dorénavant, de savoir si la silice ne comporte pas des risques sanitaires lorsqu’elle se présente sous d’autres formes.

Silicose vs. risques liés à la silice

Pourquoi l’attention s’est-elle historiquement concentrée sur la silicose plutôt que sur un large ensemble de risques liés à la silice cristalline ? Plusieurs éléments ont contribué à mettre la silicose – particulièrement la silicose des mineurs – au centre de toutes les préoccupations.

  • La silicose a constitué un véritable fléau pour l’industrie minière et d’autres secteurs cruciaux pour l’industrialisation. À ce titre, elle est devenue un problème essentiel que les gouvernements, l’industrie et la médecine n’ont pu ignorer. Les limites de la définition donnée en 1930 de cette maladie, très étroitement liées aux intérêts financiers des compagnies minières, ont contribué à concentrer l’attention sur la silicose dans les mines et, indirectement de ce fait, à entraver des recherches nouvelles sur d’autres risques liés à la silice.
  • La présence de la silice est ubiquitaire et son rôle pathogénique par conséquent difficile à « prouver ». Les travailleurs qui ont été exposés à de la silice cristalline ont, généralement, été également exposés à d’autres substances chimiques toxiques et d’autres particules inorganiques.
  • Les limites dans les techniques d’exploration médicale ont, par ailleurs, certainement joué un rôle dans l’histoire de la silicose et des risques liés à la silice. De nouveaux instruments (microscopes électroniques, imagerie médicale par scanner) et la pratique de nouveaux examens (lavages bronchoalvéolaires, LBA) aident aujourd’hui à renouveler les questions sur les dangers sanitaires de la silice, de même que d’autres formes d’exposition à la poussière de silice sont questionnées à nouveaux frais : des phénomènes tels que les maladies constatées parmi les sauveteurs du 11 septembre 2001 au World Trade Center créent des occasions pour de nouvelles interrogations.
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