Auteur(s): 

Charles Tenenbaum, maître de conférence à Sciences Po Lille, chercheur au CERAPS

Date de publication: 
Mars 2017

La diplomatie confessionnelle énonce, de manière générale, les stratégies internationales de trois catégories d'acteurs : les chefs religieux représentatifs d'une église ou d'une communauté, les organisations internationales publiques et privées à vocation confessionnelle, enfin les Églises de paix, principalement Quaker et Mennonite. La politique étrangère de certains États, lorsqu'elle s'inscrit dans un référentiel religieux ou lorsqu’elle se saisit d'un fait religieux comme objet de son action internationale, vient compléter cette typologie simplifiée.

Carte : Les États signataires de déclarations islamiques des droits de l’homme

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Commentaire de Valentine Zuber

Les déclarations islamiques des droits de l’homme émanent essentiellement de groupements régionaux d’Etats qui ont obtenu le statut d’observateur (pour la Ligue des Etats arabes) et/ou entretiennent une délégation permanente auprès de l’ONU (pour l’Organisation de la Conférence islamique). Ils recouvrent des territoires géographiquement et politiquement très différents. La Ligue des Etats arabes, d’abord constituée dans la péninsule arabique à partir de 1945, a progressivement intégré les pays de langue arabe d’Afrique septentrionale. Quelques Etats non arabes y ont obtenu récemment le statut d’observateur. L’Organisation de la Conférence islamique (initialement de la Coopération islamique) a, dès sa création en 1969, eu une vocation délibérément moins régionale. Elle vise à rassembler bien, au-delà des seuls Etats arabes, tous les Etats dans lesquels l’islam est la religion dominante. Elle a de ce fait intégré un certain nombre de pays observateurs possédant d’importantes populations musulmanes, sans que celles-ci soient forcément majoritaires sur le territoire.

Ces deux organisations constituent une figure originale dans l’architecture des relations internationales, entre regroupements politiques régionaux et associations d’Etats, sur une base culturelle et religieuse. Les différentes déclarations des droits de l’homme en islam adoptées par ces groupements de pays ne sont pas reconnues par l’ONU comme répondant aux critères internationaux des droits de l’homme, en particulier en matière de liberté de religion et de conviction, qu’elles minorent toutes drastiquement.

Carte : La ratification du Pacte international des droits civils et politiques d

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Commentaire de Valentine Zuber

A la suite de longues et difficiles négociations menées après-guerre, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) a été adopté à New York par l’Assemblée générale de l’ONU dans sa résolution 2200 A (XXI) en 1966. Il est complété par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) voté en même temps. Ces deux textes reprennent les grands principes énoncés par la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), de 1948, en leur donnant un caractère contraignant pour les pays qui l’auront ratifié. Le PIDCP est complété par deux protocoles facultatifs, dont l’un interdit la peine de mort (voté en 1989 et entré en vigueur en 1991). Les deux pactes de 1966 sont entrés théoriquement en vigueur en 1976, bien qu’ils n’aient été ratifiés que très progressivement. En 2015, 168 Etats avaient ratifié le PIDCP.De nombreux pays ont émis des réserves sur tout ou partie de ces textes. Les réserves ont été à leur tour contestées par d’autres pays qui les jugeaient incompatibles avec les attendus et les objectifs du Pacte. La mise en œuvre du Pacte relève d’un Comité des droits de l’homme créé au sein du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Cet organisme de surveillance s’est progressivement mué en une instance judiciaire internationale, dont l’autorité demeure néanmoins limitée.

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