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04.07.2023

Lutte contre le racisme, l’antisémistime et la xénophobie : les membres du CEE contribuent au baromètre de la CNCDH

La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) vient de publier son rapport annuel 2022 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Nonna Mayer, Yuma Ando et Tommaso Vitale y ont contribué en analysant les données du “baromètre racisme”. 

Rapport 2022 sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie
   Lire le Rapport 2022 sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie de la CNCDH.

Tous les ans depuis 1990, la CNCDH remet au gouvernement un rapport sur l’état du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie en France. Ce rapport se fonde en particulier sur une enquête d’opinion menée cette année par Ipsos en face à face auprès d’un échantillon représentatif de 1 214 personnes. Depuis une vingtaine d’années, les données de ce baromètre sont passées au peigne fin par une équipe de recherche, actuellement composée de trois membres du CEE, Nonna Mayer, directrice de recherche CNRS émérite, Yuma Ando, statisticien CNRS, et Tommaso Vitale, Associate Professor à Sciences Po, ainsi que de Vincent Tiberj, professeur à Sciences Po Bordeaux et chercheur associé au CEE. 

Sur la longue durée, le baromètre montre un recul des préjugés, objectivé par l’indice longitudinal de tolérance (ILT) construit par Vincent Tiberj à partir de questions récurrentes du sondage. Exprimé sur une échelle de 0 à 100, l’indice a gagné 12 points depuis 1990, passant de 52 à 64. Dans le détail, les différentes minorités ne sont pas égales face aux préjugés : même si la tolérance progresse pour tous, les Roms restent les plus discriminés. 

De leur côté, les membres du CEE explorent par la statistique les relations entre les préjugés, les facteurs qui les expliquent, les argumentaires qui les sous-tendent. Différentes techniques statistiques convergent pour montrer que les préjugés à l’égard des différents groupes minoritaires (juifs, musulmans, noirs, maghrébins, asiatiques, roms, immigrés, ...) sont dans l’ensemble corrélés entre eux. C’est toutefois le sentiment anti-immigré qui apparaît le plus structurant : une personne rejetant les immigrés a une probabilité élevée d’exprimer par ailleurs une opinion antisémite, anti-islam, etc. 

Le renouvellement générationnel, le niveau de diplôme, le positionnement politique et la situation économique perçue (mais pas le genre) sont corrélés au niveau de tolérance : les nouvelles générations, les personnes les plus diplômées, celles se déclarant de gauche, sont dans l’ensemble plus tolérantes ; celles percevant leur situation économique comme difficile le sont moins. 

Enfin, le baromètre tord le cou à certaines idées reçues. Par exemple, les opinions antisémites restent sous-tendues par de vieux stéréotypes liés au pouvoir et à l’argent, davantage que par l’image d’Israël. Et le rejet de l’Islam ne se fait au nom de la laïcité et du féminisme : au contraire, l’aversion à l’islam est plus forte chez les personnes les moins féministes, les moins pro-laïcité.

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Article publié le 4 juillet 2023