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27.02.2025
Enquête Sociale Européenne : le portrait de Violette Richard
Peux-tu te présenter ainsi que ton parcours en quelques mots ?
J’ai rejoint l’équipe de l’ESS en janvier 2025, lors du lancement de la 12e édition. Mon parcours académique s’est construit autour de l’économie et des statistiques, avec une spécialisation progressive dans l’accompagnement des acteurs publics, en particulier dans les pays en développement. Grâce à l’ESS, j’ai découvert la mise en œuvre de grandes enquêtes transnationales qui fournissent aux gouvernements et aux organisations internationales des données essentielles pour oriente rles politiques publiques sur des enjeux majeurs, comme la cohésion sociale et les inégalités.
Passionnée par l’analyse des dynamiques sociales et politiques à l’échelle internationale, rejoindre l’ESS représente pour moi une opportunité de contribuer à un projet de référence dans ces domaines. En appliquant des standards rigoureux en matière de collecte de données et en garantissant leur libre accès, l’ESS permet de suivre l’évolution des opinions, des attitudes et des comportements, offrant ainsi des clés de compréhension précieuses sur les transformations de nos sociétés.
Quelle est ta fonction au sein d’ESS et comment s’organise ton travail ?
Je suis responsable de la mise en œuvre de l’ESS sur le terrain français, ce qui implique la supervision opérationnelle de l’ensemble du processus. Mon rôle consiste à garantir la qualité des données produites en veillant au respect des critères méthodologiques définis par la coordination européenne, que ce soit lors de la constitution de l’échantillon, de la traduction du questionnaire ou encore de la passation de l’enquête, notamment via la mise en place de marchés publics. Je suis également chargée d’obtenir des financements et de promouvoir les données produites ainsi que les autres activités de l’ESS-ERIC.
Une particularité en France est que l’échantillon est constitué par l’INSEE, ce qui implique des démarches spécifiques auprès des instances d’agrément, comme le comité du label et le comité du secret statistique. Une fois cette étape franchie, la phase de promotion des données se déroule en lien avec PROGEDO, à travers la production de documents infographiques et de synthèse, ainsi que la traduction des toplines élaborées par les équipes conceptrices des questions. La communication autour des résultats se fait notamment lors d’événements comme la Journée des Grandes Enquêtes, par des relais institutionnels ou encore lors de séminaires en ligne.
Depuis janvier, mon travail s’est concentré sur les démarches liées à l’échantillon, en collaboration avec l’INSEE, ainsi que sur l’adaptation du questionnaire conçu à Londres au contexte français. Par exemple, il est nécessaire d’ajuster les seuils de déciles de revenus, car une question porte sur la position du répondant dans la distribution des revenus. Nous entrons à présent dans la phase de traduction et de sélection de l’institut chargé de la collecte des données.
L’un des principaux enjeux de la vague 12 de l’ESS réside dans l’évolution des modes de collecte. Historiquement réalisée en face-à-face, l’enquête s’oriente progressivement vers l’auto-administration à moyen terme (cf. question suivante). Cette transition soulève des défis méthodologiques majeurs, notamment en matière de représentativité des répondants et de réduction des erreurs de mesure.
Pour garantir la qualité des données, ce travail s’effectue en étroite collaboration avec nos partenaires européens, à travers des échanges sur les questions proposées et la validation des critères d’échantillonnage.
Quel est l’enjeu principal d’ESS aujourd’hui ?
Historiquement, l’ESS était réalisée en face-à-face, mais cette méthode rencontre aujourd’hui des difficultés dans la plupart des pays, notamment en raison de la baisse continue des taux de réponse, accélérée par la crise de la COVID-19. Face à ce constat, la coordination européenne a engagé une réflexion sur l’évolution des modes de collecte, et le principal défi des prochaines années sera la transition vers un nouveau mode de passation des questionnaires.
À partir de 2027, dans le cadre de la 13e vague, l’enquête sera entièrement réalisée en auto-administration : les répondants seront d’abord invités à répondre en ligne, puis recevront un questionnaire papier en cas de non-réponse.
Pour anticiper ce changement, plusieurs pays, dont la France, ont mené une expérimentation lors de la collecte de la 11e édition de l’ESS en 2023. Pour la première fois, deux modes de collecte ont été testés en parallèle : le face-à-face et l’autocomplétion. Au total, 4 000 personnes ont été invitées à répondre en ligne ou via un questionnaire papier, ce qui a permis de recueillir 1 276 questionnaires complets, dont 298 sous format papier.
Cette expérimentation réussie ouvre la voie à une approche hybride pour la 12e vague : la moitié des questionnaires seront administrés en face-à-face et l’autre moitié en auto-administration. Cette transition progressive sera adoptée dans tous les pays participants, afin d’atteindre pleinement l’objectif de modernisation des méthodes de collecte.
Quelles sont les perspectives pour la suite ?
ESS est l'enquête de référence en sciences sociales. C’est réellement une enquête interdisciplinaire car elle est utilisée par des économistes, des sociologues, des politistes…
La diversité des sujets couverts est ainsi prometteuse. Il existe d'ailleurs une chaîne YouTube ESS qui propose des séminaires méthodologiques et thématiques.
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