Résumé 

Le mot même de « minorité » s'est imposé dans le vocabulaire politique dans l'entre-deux guerres. Son surgissement est lié à la mise en place des Etats-nations. La fin du XIXe siècle a vu la montée de la conscience nationale et de l'ethnicisation des groupes religieux dans l'Empire ottoman, avec le début de violences intercommunautaires qui ont atteint leur paroxysme pendant le premier conflit mondial. A la fin de celui-ci, les chrétiens sont devenus minoritaires dans les nouveaux Etats dessinés au Proche-Orient. Ils ont cependant pu y trouver leur place tant que la nation y faisait l’objet d’une définition culturelle et géographique. Toutefois, les chrétiens ont très tôt été marginalisés et menacés par la référence à l’islam.

Bibliographie 

« Lettre des 120 savants musulmans contemporains », traduction française.

al-Qaradawi Yusuf, « La société musulmane et la lutte contre l’apostasie », Islamophile. Ressources islamiques en langue française.

al-Qaradawi Yusuf, Non-Muslims in the Islamic Society, trad. anglaise, Burr Ridge (Ill.), American Trust Publications, 2005.

Bozarslan Hamit, Histoire de la Turquie contemporaine. De l’Empire à nos jours, Paris, Tallandier, 2013.

Bozarslan Hamit, Une histoire de la violence au Moyen-Orient, Paris, La Découverte, 2008.

Casmoussa Georges, Jusqu’au bout. Entretiens avec Joseph Alichoran et Luc Balbont, Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité, 2012.

Costet-Tardieu Francine, Les Minorités chrétiennes dans la construction de l’Égypte moderne 1922-1952, Paris, Karthala, 2016.

Dakhli Leila (dir.), Le Moyen-Orient. Fin XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2016.

Dall’Oglio Paolo, La Rage et la lumière. Un prêtre dans la révolution syrienne, Ivry, Les Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2013.

Dillmann Isabelle et Bechara Boutros Raï, Au cœur du chaos. La résistance d’un chrétien en Orient, entretiens avec Isabelle Dillmann, Paris, Albin Michel, 2016.

Heyberger Bernard, Les Chrétiens au Proche-Orient. De la compassion à la compréhension, Paris, Payot, 2013.

Heyberger Bernard, Les Chrétiens d’Orient, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2017.

Heyberger Bernard et Girard Aurélien (dir.), « Chrétiens au Proche-Orient », Archives de sciences sociales des religions, 171, juillet-septembre 2015.

Hourani Albert, Minorities in the Arab World, Oxford, Oxford University Press, 1947.

Méouchy Nadine, « La réforme des juridictions religieuses en Syrie et au Liban (1921-1939) : raisons de la puissance mandataire et raisons des communautés », dans Pierre-Jean Luizard (dir.), Le Choc colonial et l’islam. Les politiques religieuses des puissances coloniales en terre d’islam , Paris, La Découverte, 2006, p. 359-382.

Nga Longva Anh et Roald Anne Sofie (eds), Religious Minorities in the Middle East. Domination, Self-Empowerment, Accommodation, Leyde, Brill, 2012.

Dillmann Isabelle et Bechara Boutros Raï, Au cœur du chaos. La résistance d’un chrétien en Orient, entretiens avec Isabelle Dillmann, Paris, Albin Michel, 2016.

Affiliation 

Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Ecole pratique des hautes études (EPHE).

Biographie 

Bernard Heyberger, historien et arabisant, est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et à l’Ecole pratique des hautes études. Ses recherches portent sur les chrétiens et sur les relations islam/christianisme au Proche-Orient.

Bibliographie 

- Les chrétiens d’Orient, Paris, Presses universitaires de France, collection Que sais-je ?, 2017.

- Hanna Dyab, D’Alep à Paris. Les pérégrinations d’un jeune Syrien au temps de Louis XIV, (trad. et édit. avec J. Lentin et P. Fahmé-Thiéry), Arles, Actes Sud, 2015.

- Les chrétiens au Proche-Orient. De la compassion à la compréhension, Paris, Payot, 2013.
- Hindiyya (1720 – 1798), mystique et criminelle, Paris, Aubier, 2001.

- Les chrétiens du Proche-Orient au temps de la Réforme catholique, Rome, Bibliothèque des Ecoles françaises d'Athènes et de Rome, 1994 (rééd.2014).






Carte : Les chrétiens en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, estimation 2010

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Commentaire de Bernard Heyberger

Sur ces terres où le christianisme a connu sa première expansion, on assiste à une régression sévère de la population chrétienne autochtone depuis le début du XXe siècle. En chiffres absolus comme en pourcentage, la présence chrétienne dans la population est presque insignifiante, sauf en Egypte et au Liban. Alors que les chrétiens étaient très nombreux avant 1914 sur des territoires comme la Turquie ou Israël/Palestine, ceux-ci ont aujourd'hui presque complètement disparu. L'évolution démographique jointe aux violences et aux migrations explique cette évolution. La carte montre que le christianisme n'est néanmoins pas en voie d'extinction dans la région : on observe une forte migration de chrétiens, notamment en direction des Etats du Golfe et de l'Arabie, amène à des nombres absolus et des proportions significatifs de chrétiens dans ces Etats qui modifie l'équilibre confessionnel traditionnel de ces sociétés peu enclines au pluralisme.

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