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[COMPTE-RENDU] Retour sur la conférence « Should money remain in the hands of states? »

En 2008, Satoshi Nakamoto a créé un réseau de paiement innovant qui fonctionne sans autorité centrale et permet les transactions pair-à-pair. Bitcoin est une plateforme décentralisée qui permet d’effectuer des paiements en ligne directement d’une partie à une autre sans passer par une institution financière. L’idée derrière le projet Bitcoin était de mettre fin au monopole monétaire des gouvernements et des banques afin de créer une « monnaie saine ».

Dix ans plus tard, Facebook a annoncé le lancement de Libra, une crypto-monnaie accessible à l’échelle mondiale à ses utilisateurs afin de permettre plus facilement la réalisation de transactions numériques sans frontières. Cette annonce a déclenché de nouveaux débats au sein des gouvernements et des banques centrales, la Chine vantant les mérites d’une monnaie numérique nationale basée sur la blockchain et la Suède lançant un projet pilote pour son e-krona.

L’annonce du Libra est la dernière d’une série de projets de « monnaies stables » (stablecoins). Ces nouvelles crypto-monnaies conçues pour éviter la violente volatilité généralement associée aux crypto-monnaies traditionnelles servent désormais de passerelles vers l’écosystème financier décentralisé, tandis que certains enthousiastes y voient de véritables concurrents aux monnaies fiat dans l’espace numérique.

Le bitcoin a-t-il réussi à créer un monde composé de différents types de monnaie virtuelles qui ne peuvent être contrôlés ou arrêtés ? Les monnaies décentralisées ou les stablecoins sont-ils une menace pour les banques centrales et la souveraineté des États ? Les monnaies numériques des banques centrales (CBDC) sont-elles une opportunité pour les autorités publiques leur permettant de rafraîchir leur boîte à outils de politique monétaire et d’affirmer leur autorité face aux acteurs privés ? Quelles sont les implications de ces technologies émergentes pour la stabilité financière, l’égalité dans l’accès aux transactions financières et la protection des données ?

La Chaire Digital, Gouvernance et Souveraineté a organisé la seconde séance de son cycle Blockchain le 11 mars 2020. Pour cette conférence intitulée « Should money remain in the hands of states? From Bitcoin to Stablecoins and Central Bank Digital Currencies« , la Chaire a invité Arthur Breitman, co-fondateur et CTO de Tezos, Arnaud Delaunay, chef du Bureau des services bancaires et des moyens de paiement de la Direction Générale du Trésor, Pierre Noizat, CEO des plateformes d’échange Paymium et Blockchain.io, auteur de Bitcoin, Mode d’emploi, et Christian Pfister, adjoint du directeur général des Statistiques de la Banque de France, professeur associé à Sciences Po et à l’université Paris 1, afin de débattre de la remise en question du monopole des États sur l’émission de la monnaie par les cryptomonnaies, en particulier les « stablecoins », ces actifs numériques ayant pour but de limiter leur volatilité et de maintenir une parité avec une monnaie fiat.