Violences coloniales et résistance au Tchad (1900-1960)

Date: 
30 Septembre, 2020
Auteur: 
Debos Marielle

Introduction

Le Tchad post-colonial est vu comme un cas d’école de conflits factionnels et de cycles de violences. Loin d’être le signe d’un atavisme national ou d’une culture de guerre, ces violences s’inscrivent dans une longue histoire coloniale et post-coloniale qui a participé de la formation d’un État militarisé et d’une économie marquée par la violence (Roitman, 2005 ; Issa, 2010). Cette histoire a également contribué à la spécialisation d’une partie de la population masculine dans le « métier des armes » (Debos, 2016, 2013, 2011). Si la colonisation du Tchad a été relativement courte (une soixante d’années), elle n’en constitue pas moins une rupture. Les Français ont gouverné par les armes et l’ordre colonial a alimenté les tensions locales. Considérée comme une zone difficilement exploitable et peu rentable, la colonie est laissée entre les mains de militaires et d’administrateurs coloniaux souvent novices et aventuriers. Être envoyé dans ce pays pauvre au climat pénible est souvent synonyme de rétrogradation ou de punition (Decalo, 1977). Dans le Nord du Tchad, la domination est restée fragmentée et incomplète. Comme au Niger voisin, le « projet d’ingénierie sociale de la colonisation n’y a pas été une priorité » (Lefebvre, 2015 : 22). En revanche, dans le Sud, les Français exploitent la colonie : ils recrutent des gens pour le travail forcé et des hommes comme combattants.

L’enjeu de cet article est de revenir sur la période coloniale et de faire le point sur les travaux existants et sur ce que l’on sait (ou non) des différents épisodes de violence de masse. Le Tchad est un pays sous-étudié : il a été décrit comme une « vieille jachère de la recherche » (Magrin, 2001 : 18) et un « fossé anthropologique » (Behrends & Heiβ, 2007). Ceci est d’autant plus vrai pour la période coloniale qui a été très peu étudiée. Si certains événements de répression violente ont fait l’objet de travaux et restent dans les mémoires collectives, par exemple le « massacre du coupe-coupe » en 1917 ou le travail forcé lors de la construction du chemin de fer Congo-Océan, d’autres violences de masse n’ont jamais fait l’objet de recherches approfondies. Elles sont mentionnées dans des travaux scientifiques et des rapports coloniaux, mais il reste un important travail à faire pour les documenter.

La conquête des territoires du Tchad (1900-1917)

Au 18ème et 19ème siècles, les sociétés du Sud subissent les raids lancés par les sultanats musulmans du Kanem-Bornou, du Baguirmi, du Ouaddaï et du Darfour (aujourd’hui au Soudan) pour capturer des esclaves. Les guerres entre ces sultanats sont en outre fréquentes et « sans fin » (Reyna, 1990). A la fin du 19ème siècle, plusieurs puissances s’affrontent pour les territoires qui forment aujourd’hui le Tchad. La confrérie musulmane de la Sanûsiyya (une confrérie sufi fondée en 1837) s’implante en 1899 à Gouro, palmeraie située à la lisière orientale du Tibesti, et installe des zâwiya (centres qui sont à la fois des entrepôts de marchandises et d’armes et des édifices de culte et d’enseignement religieux) à Aïn Galaka (Borkou) et à Bir Alali (Kanem) (Triaud, 1995). Quand les Français pénètrent au Nord du Tchad, la confrérie encadre les résistances et devient un premier adversaire des conquérants. Bien qu’alliés au sultanat du Ouaddaï, les Sanûsi ne peuvent empêcher les Français de s'imposer.

De son côté, Rabah Fadlallah, aventurier et marchand d’esclaves venu du Soudan, forme des troupes solides et aguerries. Il parvient à se procurer un armement moderne grâce à la vente d’ivoire et d’esclaves. Il prend le contrôle du Bornou en 1893 et envisage de conquérir le sultanat du Ouaddaï qui lui avait infligé une première défaite en 1887. Son avancée est stoppée en 1900 par les Français. Le colonisateur abolit l’esclavage qui persiste cependant jusque dans les années 1920.

Dans les années 1890, les Français signent les premiers traités avec des chefs locaux (la mission Casimir Maistre et les chefs de Laï et Kelo en 1892 par exemple). Ils fondent Fort-Archambault (aujourd’hui Sarh) en 1899. C’est cependant l’année 1900 qui marque véritablement le début de la conquête militaire du Tchad. Le 22 avril, les colonnes françaises venues d'Alger (mission Foureau-Lamy) et du Niger (mission Joalland-Meynier) se joignant à celle d'Émile Gentil qui a descendu le fleuve Chari sur le Léon Blot, écrasent l'armée de Rabah à Kousseri. La disparition de Rabah et la signature du décret du 5 septembre 1900 créant le Territoire militaire des pays et protectorats du Tchad n’annoncent cependant pas la fin de la conquête militaire qui se prolongera pendant dix-sept ans. Celle-ci fera de nombreux morts. Les Français se sont appuyés sur des auxiliaires locaux et ont instrumentalisé des divisions et tensions locales. Les pillages faisaient également partie de la stratégie des conquérants (Brachet & Scheele, 2019: 60-61).

Comme le note Jean-Louis Triaud, les perturbations de la vie économique qu’entraîne la conquête française font plus de morts que les combats. Les effets des campagnes militaires dans le Nord du Tchad sont désastreux. Le nombre d’animaux pillés et de personnes tuées est avancé avec fierté dans les rapports coloniaux (Brachet & Scheele, 2019: 59). Les circuits d’échanges traditionnels sont progressivement disloqués. Trois années consécutives de sécheresse et l’arrivée de sauterelles en 1915 ajoutent au désastre : les populations du Ouaddaï et Borkou-Ennedi-Tibesti subissent la disette, la famine et des épidémies (Triaud, 1995 : 778-779). Les rapports administratifs font état de 125 personnes mortes de faim à Abéché dans le Ouaddaï en avril 1914, 76 en mai 1914, 109 en juillet 1914 et 24 en août 1914 (Triaud, 1995 : 779). Le général Hilaire estime que la population du Ouaddaï est passée de 700 000 habitants en 1912 à 400 000 en 1914 (Suret-Canale, 1964 : 175). Le pays est considéré comme conquis entre 1914 (Lanne, 1993 : 425) et 1917 (Chapelle, 1980). Les résistances à la colonisation n’ont cependant jamais cessé.

Chronologie

1899 : La colonne conduite par les capitaines Voulet et Chanoine, partie de la boucle du Niger en janvier 1899, commet des atrocités sur son parcours à l’est du Niger : assassinats, viols, pillages, villages incendiés... Les deux capitaines s’étaient déjà illustrés par leur brutalité lors de la conquête du royaume Mossi (actuel Burkina Faso). Le colonel Klobb, qui avait été envoyé par Paris avec une mission comprenant trente soldats africains et deux officiers blancs pour prendre le contrôle de la mission militaire, est tué par Voulet et Chanoine le 14 juillet 1899. Ils sont eux-mêmes abattus par leurs propres soldats (des tirailleurs). Les lieutenants Joalland et Meynier prennent la tête des survivants. A Paris, le scandale est vite étouffé : la conquête coloniale doit se poursuivre et l’armée redoute un scandale impliquant le fils d’un général connu pour ses opinions violemment antidreyfusardes. (Mathieu, 1996 ; Klobb & Meynier, 2009 ; Taithe, 2009 ; Taithe, 2017).

17 juillet 1899 : Le détachement du lieutenant Bretonnet et leurs alliés du sultanat du Baguirmi sont anéantis par les troupes de Rabah aux rochers de Niellim. Les troupes de Rabah, composées de 2700 tireurs et de 10 000 auxiliaires armés d’arcs et de lances, subissent de lourdes pertes. Selon le lieutenant Georges Joubert, « tout ce qui ne fuit pas est massacré » (Joubert, 1937 : 21). (Stapelton, 2016 : 198 & 405 ; Hallam, 1977)

28 octobre 1899 : Combat entre les troupes d’Émile Gentil et de Rabah au bord du fleuve Chari à la hauteur de Kouno. Chaque armée perd la moitié de ses adversaires. (Chapelle, 1980 : 218 ; Stapelton, 2016 : 405 ; Hallam, 1977)

22 avril 1900 : Bataille de Kousseri (aujourd’hui une ville du Nord Cameroun frontalière du Tchad). Rabah est décapité, ses fils sont tués. Les troupes de Rabah rallient les Français. Selon le colonel Largeau, il y aurait dix-neuf morts parmi les Français et mille morts parmi les soldats de Rabah (Largeau, 2001 (1914)). Le colonel Lamy – qui donnera son nom à Fort-Lamy – perd également la vie lors des affrontements. (Stapelton, 2016 : 197).

Début des années 1900: Des habitants du village de Kon (près de Fort-Archambault) qui refusent de se soumettre aux Français, sont tués par des tirailleurs (Azevedo, 1998 : 83).

9 novembre 1901: Les Français lancent une première attaque sur la zâwiya sanûsi de Bir Alali au Kanem. Les troupes françaises, 200 tirailleurs et 50 spahis (cavaliers), sont repoussées et le commandant du détachement, le capitaine Millot, est tué. Deux sources militaires donnent des chiffres de pertes différents : respectivement 15 tués ou blessés (dont 12 tirailleurs africains) du côté français, et 90 tués ou blessés du côté sanûsi, pour l’une - et 6 tués et 34 blessés du côté français, et 165 morts du côté sanûsi, pour l’autre. Les pertes du côté sanûsi, notamment des combattants touareg venus du Niger qui se sont mis au service de la zâwiya, sont très importantes. On peut considérer la deuxième statistique comme la plus fiable, mais les pertes françaises réelles n’ont, en fait, jamais été révélées. (Triaud, 1987 : 26 ; Triaud,1995 : 612-617).

20 janvier 1902 : Seconde attaque française sur la zâwiya de Bir Alali. Les troupes françaises s’en emparent après des affrontements d’une extrême violence. Les chiffres des pertes ont donné lieu à quelques variations. Les pertes du côté français ont été minorées par le commandement. Officiellement, on enregistre un lieutenant français tué, et 12 tués et 15 blessés parmi les auxiliaires et tirailleurs africains. Les chiffres réels sont cependant supérieurs (Triaud, 1987 : 27). En ce qui concerne les pertes du côté sanûsi, parmi les différents chiffres évoqués, on peut retenir celui de plus de 200 morts (Triaud, 1987 : 27, et 1995 : 620). Tous les belligérants sont, pour l’essentiel, étrangers à la région : Arabes Awlâd Sulaymân et Zuaya, et Touareg du côté sanûsi, tirailleurs sénégalais, Banda (anciens partisans de Rabah) et Yakoma de l’Oubangui-Chari du côté français (Triaud, 1995 : 620).

11 août 1902 : Combat de Korofu, au Kanem (entre Mao et Bir Alali). Alliés à des groupes Awlâd Sulaymân, les Français et leurs troupes composées de tirailleurs attirent les forces touareg ennemies dans un piège. Les pertes touareg sont estimées à un millier, soit la moitié des forces touareg engagées dans la zone. Les Français font état de la mort de 3 auxiliaires (Triaud, 1995 : 623).

2-4 décembre 1902 : combat à proximité de Bir Alali. Les forces sanûsi tentent de reconquérir la zâwiya. Les chiffres des pertes, qui sont fiables dans ce cas, sont les suivants : 230 du côté sanûsi, 17 tués et 38 blessés du côté français (Triaud, 1995 : 629-632). Dans la nuit du 4 au 5 décembre 1902, le dirigeant sanûsi, Abû ‘Aqîla meurt avec plus de quatre-vingt de ses hommes : ils s’étaient liés entre eux pour ne pas reculer lors de l’attaque.

16 mai 1903 : Après avoir lancé une razzia sur le village de Peni, les esclavagistes Fulbe attaquent Koumra avec plus de 4000 hommes et 200 cavaliers. Les Sara résistent et tuent 200 d’entre eux (Azevedo, 1982 : 205). Si peu de raids esclavagistes sont documentés, il est certain que les razzias et le commerce d’esclaves ne cessent pas avec la pénétration française (Brown, 1983 : 56-57). D’autres évènements de ce type se produisent vraisemblablement au début du 20ème siècle.

1905 : Mort du Mbang (chef traditionnel) Mode, tué sans combat. Fin de la résistance des Sara (Chapelle, 1980 : 220).

Avril 1907 : le capitaine Bordeaux (avec 84 soldats réguliers et 154 auxiliaires goranes ou arabes) occupe successivement Oueïta (8 avril), la zâwiya sanûsi de Faya (17 avril) et la zâwiya d’Aïn Galakka (21 avril), qu’il évacue ensuite. Les pertes globales ne sont pas connues (Triaud, 1995: 676-677). Les défenseurs de la zâwiya sont tués et leurs maisons pillées (Triaud, 1995, Vol.2 : 760-761).

29 mars ou 29 mai et 16 juin 1908 : Le 29 mars (Hugot, 1965 : 48) ou le 29 mai (Chapelle, 1980 : 222), une bataille violente oppose les armées du Ouaddaï et les tirailleurs du capitaine Jerusalemy alliés aux auxiliaires d’Acyl à Dokotchi dans la région du Ouaddaï. Il y a 400 morts et 600 blessés (Hugot, 1965 : 48). Le 16 juin, une nouvelle bataille éclate à Djoua (près d’Ati) : les Ouaddaïens perdent 2000 hommes. La défaite des armées ouddaïennes permet aux Français d’entrer dans la ville d’Abéché le 2 juin 1909. Acyl est intronisé sultan par les Français le 13 août 1909 – il est destitué en 1911 quand les Français le soupçonnent de soutenir une révolte dans le Ouaddaï.

1909-1911: Après la défaite et la retraite du sultan Doudmourrah et l’intronisation d’Acyl, considéré comme le « cheval de Troie » des Français, les chefs militaires restés fidèles à Doudmourrah et la population se soulèvent. La répression est violente : il y a vingt-deux batailles, plusieurs dizaines de villages brûlés et officiellement plus de 1320 personnes tuées. Mais les chiffres s’élèvent sans doute à 1500 ou 2000 morts (Doutoum, 1997 : 2). Le soulèvement prend fin le 12 août 1911. Le Sultan Doudmourrah se rend le 27 octobre. L’occupation du Ouaddaï est effective en 1911.

4 janvier 1910 : Trois officiers et deux sous-officiers français et plus de cent tirailleurs et quatre-vingt auxiliaires ouaddaïens des forces françaises périssent dans une embuscade tendue par l’armée du sultan du Massalit (est du Ouaddaï) (Ferrandi, 1930 : 26 ; Triaud, 1995 : 686).

8 et 9 novembre 1910 : Combat à Doroté (est du Ouaddaï) entre la colonne dirigée par le lieutenant-colonel Moll, chef du Territoire du Tchad, contre les forces du sultan des Massalit. Les Français prennent Drijélé, la capitale du Massalit, le 8 novembre (G.B., 1910 : 438). Le lendemain, Moll, deux lieutenants, cinq sous-officiers et vingt-huit tirailleurs sont tués dans une attaque surprise. Le sultan du Massalit, Tâj al-Din, meurt également dans le combat, avec 600 des siens. (Ferrandi, 1930 : 27 ; Triaud, 1995 : 686).

1912 : En représailles de l’attaque d’une colonne de tirailleurs par des Day (ou Daï) dans la région du Mandoul (Moyen-Chari) en 1908, une répression « féroce et impitoyable » s’abat sur cette région (Dingammadji, 2005 : 54). On ne connaît pas le nombre de morts lors de ces évènements connus comme la « première guerre du Mandoul » ou la « révolte du Mandoul ».

Saison des pluies 2012- mai 1913 : Siège du village de Morgué dans le Guéra. Selon le rapport du lieutenant Duault, les villageois qui refusent de se soumettre aux Français se réfugient sur « une position inexpugnable qui ne pouvait être qu’enlevée par surprise, ou réduite par la famine et la soif ». Après plus de six mois de siège, les troupes coloniales parviennent à atteindre la plateforme où s’étaient réfugiés les insurgés. Le chef Ratou et un nombre inconnu de villageois sont tués, d’autres se rendent. Cinquante jeunes (garçons et filles) se seraient jetés dans le vide au moment de l’assaut des forces françaises. Le rapport colonial de Duault commente « peut-être la crainte de terribles représailles leur a-t-elle fait préférer ce genre de mort. Le geste n’en reste pas moins beau » (Duault, 1938). (Chapelle, 1980 : 223). 

23 mai 1913 : 370 hommes (Sanûsi et alliés locaux) attaquent le peloton méhariste du lieutenant Dufour à Oum El Adam, dans l’Ennedi (est du Tchad). L’attaque est repoussée : il y a 71 morts du côté sanûsi, dont plusieurs responsables importants de la confrérie, et 1 tué et 4 blessés du côté français. Ce combat marque la reprise des hostilités entre Français et Sanûsi. (Triaud, 1995 : 745).

27 novembre 1913 : Combats violents des troupes françaises contre les forces sanûsi réfugiées dans la zâwiya d’Aïn Galaka, place forte de la confrérie en pays tchadien. Une colonne française de 766 hommes (33 Européens, 407 tirailleurs et 326 auxiliaires divers) attaque la zâwiya fortifiée. Les soldats pénètrent par l’une des brèches creusées par l’artillerie. La conquête de la ville, maison par maison, est lente et meurtrière (Ferrandi, 1930 : 76, et Triaud, 1995 : 760). Les pertes sont faibles du côté de la colonne française : 16 tués, dont 3 Français, et 25 blessés, dont 4 Français. Du côté sanûsi, les pertes sont plus difficiles à chiffrer. Jean-Louis Triaud estime que seul un tiers des environ deux cents combattants survit. Les pertes totales sont estimées à 160 environ (Triaud, 1995 : 761). Le colonel Largeau qui conduit les troupes françaises écrit : « Nous avions trente-sept hommes hors de combat dont six Européens. L’ennemi avait laissé sur le terrain quatre-vingt-dix cadavres ». (Largeau, 2001 (1914) : 265). Les corps des Sanûsi sont jetés dans une fosse commune avec les chevaux et le bétail. (Azevedo, 1998 : 71 ; Chapelle, 1980 : 223 ; Ferrandi, 1930 : 67-94 ; Joubert, 1937 : 43). En décembre 1913, les zâwiya sanûsi de Faya, Gouro, puis d’Ounianga Kabir et Ounianga Saghir sont conquises par les Français. Faya est transformée en poste militaire (Brachet & Scheele, 2019 : 61).

1916: Si René-Joseph Bret relate avec force détails la défaite du sultan Bakhit dans une biographie qu’il lui consacre (Bret, 1987 : 179-226), la conquête du Dar Sila (Est du Tchad) reste méconnue. Selon Bernard Lanne, la chute du sultan Bakhit est « une promenade militaire » pour les hommes du colonel Hilaire, les mitrailleuses ayant très vite arrêté la charge des cavaliers Dadjo (Lanne, 1993 : 425). L’histoire prend une tournure plus dramatique chez Jean Chapelle et Mario Azevedo : selon eux, en 1917, la famille du sultan (dix-sept personnes) serait liquidée après que ses hommes ont tenté de tendre une embuscade au contingent français (Azevedo, 1998 : 72 ; Chapelle, 1980 : 225). Le sultan, qui a fui après la défaite, est arrêté et déporté à Laï (octobre) où il meurt deux mois plus tard (Bret, 1987 ; Malval, 1974 : 99-100)

15 novembre 1917 : « massacre des coupes-coupes ». Le 23 octobre 1917, le maréchal des logis Guyader est tué à coups de couteau à Abéché (Ouaddaï). Suite à cet évènement, le chef de la circonscription, le commandant Gérard soupçonne les dignitaires du Ouaddaï de tramer un complot contre les Français – ce que les sources historiques infirment (Lanne, 1993 : 426-429). Le 15 novembre au matin, il ordonne aux tirailleurs d’assassiner l’aguid (chef militaire) de Dokom et ses hommes - cinquante-six personnes sont assassinées (Doutoum, 1997 : 5) - et plus de vingt faki (maîtres coraniques). Leurs têtes sont portées et alignées en deux rangées, à l’entrée est de la circonscription, à l’emplacement actuel du monument aux morts d’Abéché (Doutoum, 1997 : 5). Le Cheikh des Mahamid est également arrêté et tué à Biltine avec une quarantaine de ses parents et alliés. Toutes les maisons du quartier Chig-el-Fakara sont pillées, une vingtaine de personnalités politiques et religieuses influentes sont déportées vers d’autres pays de l’Afrique Equatoriale Française (Doutoum, 1997 : 6). Les évènements du « coupe-coupe », qui font une centaine de morts selon Bernard Lanne (Lanne, 1993 : 427) et environ cent cinquante selon Mahamat Adoum Doutoum (Doutoum, 1997 : 6) poussent les intellectuels du Ouaddaï à s’expatrier au Soudan ou en Egypte. Des villages se vident au profit du Soudan. L’enseignement de l’arabe est durablement affecté ; l’hostilité à l’égard des Français se renforce avec le maintien d’une politique répressive. Pour ces violences, le commandant Gérard est simplement mis d’office à la retraite anticipée. Notons qu’une centaine de lettrés et savants musulmans subissent le même sort à Agadez en 1917 (Triaud, 1978 : 263-271 ; Doutoum, 1983 ; Yacoub, 1988 ; Favre, 2008).

Les militaires français aux commandes (1918-1945)

Le décret du 17 mars 1920 fait du Tchad une « colonie » directement rattachée au Gouvernement Général de l’Afrique Équatoriale Française (AEF). L’administration militaire est maintenue jusque dans les années 1930 dans la majeure partie du pays - l’administration des régions de l’extrême Nord, le Borkou, l’Ennedi et le Tibesti (BET) ne revient aux administrateurs civils qu’en 1964, soit quatre ans après l’indépendance. D’emblée, la colonie n’a pour ressources que son propre budget provenant des impôts et taxes. La scolarisation reste marginale, surtout dans les régions musulmanes où la population refuse massivement d’envoyer ses enfants à l’école des Français (Arditi, 2003 : 7-22 ; Doutoum : 1983 ; Khayar, 1976).

La politique française suscite des révoltes et des mouvements de résistance qui sont violemment réprimés. Le colonisateur ne met cependant pas en œuvre la même politique dans les différentes régions du pays. Le Nord est une région aride et difficilement exploitable : l’intérêt des Français pour cette zone reste limité et l’impact de la colonisation y est bien moins important que dans les régions situées plus au Sud. Après avoir tenté de détruire ou de discréditer les chefs traditionnels, les Français optent pour une politique de gouvernement indirect. Le prosélytisme chrétien est interdit dans cette région islamisée.

En revanche, les Français tentent de contrôler et d’exploiter les régions situées sur la rive gauche du fleuve Chari – zone qui sera qualifiée de « Tchad utile » dans les années 1950 (Arditi, 2003 ; Magrin, 2001). Les Tchadiens du Sud supportent des taxes directes plus fortes que les éleveurs du Nord (Lemarchand, 1980 : 469). L’imposition de la culture du coton à partir des années 1930 suscite d’autant plus de résistances que de nombreux chefs traditionnels, véritables auxiliaires de l’administration coloniale, abusent de leurs nouveaux pouvoirs. Le Sud doit en outre subir le travail forcé : les conscriptions obligatoires pour le portage et la construction du Chemin de Fer Congo-Brazzaville (plus connu sous le nom de Congo-Océan). Cette région constitue également une source majeure de recrues pour l’armée coloniale (Azevedo, 1998 : 75 ; Lemarchand, 1980 : 454-455). Les tirailleurs sont recrutés à partir de 1914 ; en 1928, 7000 Sara ont déjà servi dans l’armée française. La conscription forcée s’intensifie avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale : sur les 22 844 Africains enrôlés entre 1939 et 1945 au Congo, Gabon, Oubangui-Chari et Tchad, au moins un quart sont originaires de ce dernier pays (Azevedo, 1978).

Dans les années 1940-1945, le Tchad supporte l’effort de guerre et participe à la guerre du côté de la France Libre. En août 1940, le gouverneur du Tchad, Félix Eboué (un administrateur colonial noir de Guyane) se rallie au Général de Gaulle. Entre 1940 et 1943, quand Brazzaville est la capitale de la France Libre, « la France Libre est africaine » : il y a alors environ 27 000 combattants de l’AEF et du Cameroun dans les Forces Françaises Libres (Jennings, 2015). Dans la célèbre colonne Leclerc qui a attaqué Kufra en 1941, il y a moins de Français que de combattants africains et d’auxiliaires (Brachet & Scheele, 2019 : 76). Nombreux sont aussi les Tchadiens parmi les mille tirailleurs disparus lors de la bataille de Bir Hakeim en juin 1942.

Chronologie

1918: Des soldats assassinent des enfants à Doba (Logone) pour « punir » les parents qui fabriquent et vendent de la bière locale (Azevedo, 1998 : 83).

1921-1934 : Construction du chemin de fer Congo-Océan. Le Chemin de fer qui doit relier le port de Pointe Noire à Brazzaville pour désenclaver le Tchad et l’Oubangui (aujourd’hui la République Centrafricaine) est mis en chantier en 1921. Entre 1924 et 1934, plus de 120 000 personnes sont recrutées de force en Afrique équatoriale. Parmi elles, au moins 20 000 viennent du Tchad (Azevedo, 1981 : 12) ; 90% des travailleurs recrutés au Tchad sont Sara. André Gide, qui voyage dans l’Afrique Equatoriale Française en 1926 et 1927, qualifie l’entreprise d’« effroyable consommateur de vies humaines » (Gide, 2004 (1927) : 222-226). Les travaux effectués dans la forêt équatoriale sont en effet extrêmement pénibles et le taux de mortalité est effrayant : entre 15 000 et 30 000 morts parmi les Africains. Selon Mario Azevedo, on compte près de 10 000 morts chez les Sara, soit la moitié des recrues du Moyen-Chari. Le recrutement forcé suscite des résistances : assassinats de chefs de village, migrations forcées de jeunes travailleurs, violences de masse. Ainsi, en 1927, La Rougery, un chef de poste du Moyen-Chari, notant que seul le canton de Bediondo a atteint son quota de recrues pour la construction du Congo-Océan, utilise des hommes armés (Tchadiens mais non Sara) pour accélérer l’enrôlement. Des chefs de village et leurs gardes, complices de l’administration coloniale, sont tués par ceux qui résistent au recrutement forcé (Azevedo, 1981 : 9-10).

1928-1929 : « Guerre de Bouna » ou « guerre du Mandoul » . Si cette guerre doit être comprise dans le contexte des résistances à la levée de l’impôt (Azevedo, 1981 : 81-83), une combinaison de facteurs semble être à l’origine de la terrible répression de Bouna, « capitale » des Day dans le Moyen-Chari. En 1928, les Day refusent de payer les impôts au chef Moungar qui profite de son rôle de collecteur pour s’enrichir. Les représentants des autorités coloniales sont reçus par une population prête à en découdre – certains sont peut-être tués. Le meurtre d’une femme par son mari vient alors mettre le feu aux poudres. Les familles des deux époux s’affrontent causant la mort de plusieurs personnes (Lanne, 1993 : 439). Pour mater la révolte, une opération militaire est organisée. Des hommes viennent de Fort-Lamy ainsi que des cantons de Fort-Archambault, Koumra et Moïssala. La répression est d’une extrême violence. Selon les chiffres officiels, il y a 481 morts Day et 21 morts du côté des assaillants. Le nombre de morts est cependant vraisemblablement plus élevé : autour de 600 selon Arnaud Dingammadji (Dingammadji, 2005 : 53-60). L’historien Raphaël Nzabakomada-Yakoma estime en outre que plus de 25 000 personnes sont déportées (Nzabakomada-Yakoma, 1986 : 86-89). Selon Mario Azevedo, presque toute la population du canton périt (peut-être 20 000 personnes), tandis que le gros village de Bouna est réduit en cendres. Les troupes coloniales n’épargnent que les enfants qui sont déportés à Moïssala (Azevedo, 1998 : 82). En raison de l’implication d’auxiliaires tchadiens dans les massacres, la guerre du Mandoul reste longtemps taboue.

La réforme du système colonial (1946-1959)

L’après-guerre est une période de réforme du système colonial. À la suite de la Conférence de Brazzaville (1944) et de la création de l'Union française (1946), la colonie devient un Territoire d'outre-mer intégré dans la Fédération de l'AEF. Le travail forcé est officiellement aboli en 1946 mais il est encore pratiqué pendant plusieurs années dans le Sud du Tchad (Azevedo, 1998 : 78) ; le code de l’indigénat est supprimé. Les Tchadiens votent pour la première fois en 1945, les partis politiques sont autorisés en 1946. La loi-cadre de 1956 institue le collège unique (le double collège surreprésentait les Français), renforce les pouvoirs de l'Assemblée territoriale et crée un Conseil de gouvernement qui dirige les administrations territoriales et est responsable devant l’Assemblée.

Le Parti Progressiste Tchadien (PPT), dominé par Gabriel Lisette - un administrateur de la France d’outre-mer originaire de Guadeloupe devenu un farouche adversaire de l’administration dont il est issu - s’implante dans la zone cotonnière (le Sud). Section du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), le PPT-RDA devient rapidement un foyer d’opposition syndicale dans les usines de la Cotonfran (société cotonnière) et de résistance à l’administration et aux chefs traditionnels. Quant à l’autre grand parti, l’Union Démocratique Tchadienne (UDT), il apparaît comme « le parti de l’administration ». Il faut en outre noter la création du Mouvement Socialiste Africain (MSA) par Ahmed Koulamallah en 1952 (Lanne, 1998). Si la vie politique tchadienne est animée par plusieurs partis, les rivalités entre leaders et les solidarités régionales ou religieuses sont fortes. Les élites musulmanes prennent conscience de l’ascendant pris par les « sudistes ». Ceux qui étaient les maîtres à l’époque de l’esclavage et des razzias redoutent une indépendance qui permettrait aux élites du Sud d’asseoir leur domination.

Le référendum de 1958 sur la Constitution de la Ve République française donne naissance à la République du Tchad. François Tombalbaye, ancien instituteur originaire du Moyen-Chari, profitant d’une mission de Lisette à l’étranger, s'empare du pouvoir en 1959. Il mène le pays à l’indépendance qui est proclamée le 11 août 1960.

Si la réforme du système colonial constitue une avancée significative pour les Tchadiens, elle ne met pas fin aux politiques de répressions violentes des autorités coloniales. En outre, des tensions intercommunautaires se développent sur fond de rivalités politiques. Des affrontements entre partisans du PPT et de l’UDT éclatent à Fort-Lamy en août et à Fort-Archambault en octobre 1947, des maisons et des boutiques sont pillées et incendiées. D’autres incidents se transforment en affrontements armés (Lemarchand, 1980 : 457-458).

Chronologie

1946 : Plusieurs affrontements opposent à Fort-Lamy, la capitale, des communautés originaires du Nord et du Sud. Le 30 novembre, un meurtre – un mari tue l’amant de sa femme – dégénère en bataille rangée. Les règlements de comptes opposent des Sara et des Hadjaraï. Il y a onze morts selon Bernard Lanne (Lanne, 1998 : 94-96), treize selon René Lemarchand qui s’appuie sur des rapports secrets des Français (Lemarchand, 1980 : 457-458).

1947 : Un violent conflit éclate à Oum Hadjer, dans le Batha, entre des Arabes Missirié et des Rattatines de l’Hadjer Djombo qui fait plus de cent quatre-vingt victimes en deux jours. Les ressorts du conflit sont l’accès aux points d’eau et des problèmes de fiscalité coutumière selon le chef de district (français) de l’époque. (Hugot, 1997).

16 avril 1952 : A Bébalem, dans le Logone, les résultats des élections locales sont contestés par les partisans de Gabriel Lisette : le PPT aurait perdu. Quand les paysans se mobilisent et manifestent armés de simples armes blanches, les autorités coloniales décident de l’envoi de deux compagnies de tirailleurs. Entre 120 et 150 hommes entrent dans Bébalem le 16 avril 1952. Ils tirent sur la foule : il y a vingt-quatre morts selon Bernard Lanne (Lanne, 1998 : 197-218), soixante-dix selon l’entourage du chef de canton, 375 selon les rescapés rencontrés par Elie Ndoubayidi Dionmadji (Ndoubayidi Dionmadji, non publié : 16). Les meneurs sont arrêtés et condamnés à des peines de prison.

1958 : Affrontements entre Arabes et Foulbe dans le Chari-Baguirmi. Le nombre de morts est inconnu. (Azevedo, 1998 : 85)

 

L’auteure remercie Jean-Louis Triaud pour ses commentaires sur une version précédente de l’article.

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Citer cet article

Debos Marielle, Violences coloniales et résistance au Tchad (1900-1960), Mass Violence & Résistance, [en ligne], publié le : 30 Septembre, 2020, accéder le 17/05/2021, http://bo-k2s.sciences-po.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/violences-coloniales-et-resistance-au-tchad-1900-1960, ISSN 1961-9898
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