Sheikh Mohamed Abdullah (5 Décembre 1905-8 Septembre 1982)

Date: 
10 Septembre, 2012
Auteur: 
OEMV

Eminente figure cachemirie, Sheikh Abdullah eut un rôle déterminant dans l'entrée de son Etat au sein de l'Union Indienne. Il naît dans une famille modeste de commerçants et d'artisans d'un petit village près de Srinagar (Cachemire). Diplômé du Islamia College de Lahore, il entre ensuite à l'Université musulmane d'Aligarh (AMU) où il adopte des idées libérales et progressistes. De retour à Srinagar, il organise en 1931 la Conférence musulmane (rapidement renommée Conférence nationale, laïque, à ne pas confondre avec l'organisation religieuse du même nom). Proche de Nehru, Abdullah est un relai du Parti du Congrès parallèlement à son rôle au sein de la Conférence. Le Cachemire est à l'époque un Etat princier, dirigé par la dynastie Dogra de Jammu,une dynastie hindoue régnant sur une majorité de musulmans. En 1947, le Maharaja doit choisir entre l'Inde, le Pakistan ou l’indépendance. Il tergiverse, puis, alors que des tribus pakistanaises marchent sur Srinagar, se résout à faire appel à Delhi. Il reçoit le renfort de bataillons indiens, à condition de faire entrer le Cachemire dans l'Union Indienne. Sheikh Abdullah joua un rôle majeur dans ces négociations. En juin 1949, le Maharaja Hari Singh quitte le Cachemire, laissant la régence à son fils Karan Singh et le pouvoir à Abdullah, alors Premier ministre ; mais tout initiative locale est bloquée par les négociations de cessez-le-feu. En janvier 1950, la Constitution de l'Inde est prête, comprenant le controversé article 370 : il reconnaît un statut autonome spécifique au Jammu-et-Cachemire, et est toujours dénoncé par les partis hindous. En juillet 1952, la situation semble se détériorer après l'Accord de Delhi entre Nehru et Abdullah. En août 1953, le Sheikh éveille des soupçons de négociations secrètes sur l'indépendance et est arrêté, permettant une accélération de l'intégration du Cachemire à l'Inde. La monarchie héréditaire est abolie et le régent Karan Singh reçoit le titre de Sadr-i-Riyasat. L'Assemblée Constituante du Jammu-et-Cachemire, élue en 1957, consacre l'entrée dans l'Union. Sheikh Abdullah est libéré par Nehru en 1964 mais est rapidement mis sous surveillance. Son charisme reste cependant intact, notamment en 1964 (pendant l'affaire du vol des reliques de Mahomet). Ce n'est que dans les années 70 que Delhi lui redonne son appui. Après trois guerres avec le Pakistan, il était en effet temps que Sheikh Abdullah revienne aux affaires. Désormais Premier Ministre, sa popularité est à son sommet, surtout dans la Vallée, où il triomphe aux élections de l'assemblée de 1977 (les choses étant différentes à Ladakh, bouddhiste, et Jammu, hindoue). Malgré le calme apparent des années suivantes, de graves erreurs sont commises à Srinagar et Delhi. La situation se détériore vite après la mort de Sheikh Abdullah en 1982. Le point de non-retour est franchi après les élections truquées de 1987, à la suite desquelles apparaissent insurrection et terrorisme.

Citer cet article

OEMV , Sheikh Mohamed Abdullah (5 Décembre 1905-8 Septembre 1982) , Mass Violence & Résistance, [en ligne], publié le : 10 Septembre, 2012, accéder le 17/05/2021, http://bo-k2s.sciences-po.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/sheikh-mohamed-abdullah-5-da-cembre-1905-8-septembre-1982, ISSN 1961-9898
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