Mok

Date: 
10 Septembre, 2012
Auteur: 
OEMV

Connu sous les noms de guerre de Chhit Choeun, Ta 15 ou Ta Mok, Ung Choueng naît en 1926 à Takéo dans le sud du Cambodge. Formé dans un monastère bouddhiste, il est un représentant éminent (avec So Phim, Moul Sambath (Ruos Nihm) Ke Pauk) du groupe de Khmers Rouges issus du mouvement anti-Français Issarak dans les années 40. Mok rencontre Pol Pot au début des années 60 dans une école de Pâli à Phnom Penh (Kiernan, 1996: 87). Il est élu au Comité Central du PCK à son IIème Congrès en 1963, et devient Secrétaire du PCK pour la Zone Sud-Ouest cinq ans plus tard. Il y organise des massacres à grande échelle à partir de 1973, acquérant une réputation d’extrême brutalité et le surnom de « Boucher ». Quand l’ethnologue français François Bizot est capturé en 1971, il faut l’intervention de Pol Pot pour l’empêcher de l’exécuter en tant qu’agent de la CIA. Trois ans plus tard, il orchestre la purge et la liquidation de Prattish, l’un de ses rivaux au Comité Central. Il consolide sa position dans sa zone en plaçant des membres de sa famille à des postes-clés. Vantard et grossier, Mok savait également apprécier la beauté, important des bambous chinois pour agrémenter les jardins de sa résidence de Kbal Ansoang. Ses soldats et paysans le révéraient comme un chef dur mais juste. (Short, 2007).

En 1974, ses forces investissent la cité antique d’Oudong, en coordination avec celles de Pauk (responsable de la Zone Nord). La ville est rasée, la population expulsée, et tous les prisonniers et fonctionnaires massacrés, préfigurant le sort de Phnom Penh. Mok est parmi les premiers à réclamer l’abolition de la monnaie en 1975, au motif que l’introduction de la nouvelle monnaie Khmer rouge juste après l’abolition du capitalisme ferait resurgir la corruption et les maux de l’ancien régime (Short: 396 – Sher, 2004). Il est aussi parmi les plus chauds partisans d’une guerre contre le Vietnam pour récupérer le Kampuchea Krom (actuel sud du Vietnam). Pol Pot le tient en plus haute estime qu’aucun autre chef militaire, et leur entente se révéla être l’un des piliers du mouvement, de la victoire de 1975 à 1997. Sur ordre de Pol Pot, les hommes de Mok purgent la Zone Nord en 1976, la Zone Nord-Ouest quelques mois plus tard et la Zone Est en 1978. Le nombre de victimes de la seule dernière purge est d’au moins 100 000 (Heder and Tittemore, 2004: 100-108). En novembre de cette année, Mok est promu deuxième Secrétaire-adjoint du PCK, en devenant le n° 3, mais reprend ses fonctions militaires lors de l’invasion vietnamienne. Il perd une jambe dans les années 80, à cause d’une mine ou d’un accident de tracteur (selon les sources).

En 1997, après la purge de Son Sen et de sa famille dans le dernier bastion Khmer Rouge d’Anlong Veng, Mok fait arrêter et « juger » Pol Pot pour ce « meurtre ». Alors qu’en 1998 d’autres leaders tels que Nuon Chea, Khieu Samphan et Ke Pauk se rendent à Phnom Penh, Mok reste le dernier chef Khmer Rouge à combattre le gouvernement de Hun Sen. Sa capture en mars 1999 met fin à plus de 30 ans de guerre. Il meurt de problèmes respiratoires dans sa prison de Phnom Penh en juillet 2006, sans avoir été jugé

Citer cet article

OEMV , Mok , Mass Violence & Résistance, [en ligne], publié le : 10 Septembre, 2012, accéder le 17/05/2021, http://bo-k2s.sciences-po.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/mok-0, ISSN 1961-9898
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