Knochen, Helmut
Fils d’enseignant, Helmut Knochen (1910 - 2003) fait des études de philosophie et de journalisme. Il soutient sa thèse en 1934, alors qu’il est déjà, depuis deux ans, membre du parti nazi. Sa carrière militante est fulgurante : en 1936, il est permanent à l’office central du SD, où il analyse la presse des émigrés en France, en Belgique et aux Pays-Bas ; l’année suivante, il dirige la sous-section II-11 « Eglises, Juifs et Francs-maçons », où il a sous ses ordres les acteurs de l’action anti-juive, Adolf Eichmann et Théodor Dannecker. En 1939, il intègre le service de renseignements à l’étranger, le SD-Ausland , où il mène notamment aux Pays-Bas une importante opération d’intoxication d’un réseau de l’Intelligence Service . Il reçoit la croix de fer de première classe et la promotion d’implanter en France occupée les services policiers nazis, à la tête d’un petit commando d’une vingtaine d’hommes. Il est spécialement chargé de suivre les opposants au régime, les Juifs, les communistes, les francs-maçons. Les relations de Knochen avec le Commandement militaire sont régulièrement troublées par les luttes d’influence et par des crises, dont celle de l’affaire de l’explosion des synagogues à Paris en octobre 1941. La Sipo-SD avait en effet fourni, sans en avertir les services du Commandement militaire, des explosifs aux collaborationnistes français chargés de l’opération. Si Otto von Stülpnagel demande le rappel de Knochen, seul son supérieur fait les frais de l’opération, alors que ce proche d’Heydrich et remarquable organisateur policier reste en place.
La nomination en France en mars 1942 d’un chef suprême de la SS et de la Police en la personne de Carl Oberg – il est lui à la tête de la Sipo-SD, Befehlshber der Sipo und des SD (BdS) – permet à cet habile politique de donner sa pleine mesure. Pragmatique, il joue la carte de la collaboration avec Vichy, tant celle-ci lui permet notamment de pallier les faibles effectifs à sa disposition et de tenir les programmes nazis, notamment celui de la « solution finale ». Il est ainsi un des architectes essentiels des accords « Bousquet-Oberg ». S’il assure par ses talents d’organisateur et de négociateur la réussite du lancement de la « solution finale », sa lecture de la situation en France occupée est avant tout politique et met l’accent sur le maintien de l’ordre. Il faut assurer la bonne marche des services allemands et notamment l’exploitation économique du pays. Mais la mort d’Heydrich fait perdre à Knochen un protecteur et un appui. Pas intime d’Himmler, il n’a pas non plus de lien privilégié avec le nouveau chef du RSHA, Ernst Kaltenbrunner. Sa ligne collaboratrice et politique ne sera alors plus toujours partagée et suivie. Knochen n’en applique pas moins, à la demande de Berlin, des directives plus dures lorsque le débarquement allié se fait pressant.
Rappelé à Berlin le 18 août 1944, alors que les SS évacuent Paris, sa fin de carrière est moins brillante. Livré aux autorités françaises en 1946, il est condamné à mort le 9 octobre 1954, avec Carl Oberg, son ancien supérieur. Gracié en décembre 1962, il rentre en Allemagne.