Le droit de la mer, 2018

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Commentaire de Éric Frécon

Malgré la dizaine d’années passée à négocier (1973-1982), après les remises en causes partielles de la précédente Convention sur le droit de la mer, signée à Genève en 1958, certains pays n’ont pas accepté de signer ou ratifier la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Parmi eux – et coutumier du fait (cf. le traité d’interdiction complète des essais nucléaires, le traité sur le commerce des armes et le statut de Rome de la Cour pénale internationale) : les Etats-Unis. Le désaccord semblait a priori surmontable. Il avait trait à l’exploitation des ressources sur le plateau continental mais le Sénat a préféré ne pas se lier les mains. A l’inverse, la Chine, peut-être en quête de réhabilitation post-Tiananmen, et peu avant de rejoindre l’Organisation mondiale du commerce en 2001, a ratifié cette Convention de Montego Bay en 1996 (comme la France peu avant). Grâce aux autres ratifications, le texte était déjà entré en vigueur en 1994.

Aujourd’hui, en mer de Chine méridionale, Pékin semble pourtant bafouer le droit de la mer en imposant ses propres notions, tandis que les Américains prétendent le faire vivre par le biais de leurs Freedom of Navigation Operations (FONOPs – Opérations pour la liberté de navigation). Celles-ci visent à rappeler les droits des marines de guerre en eaux territoriales ainsi qu’à distinguer les îles (avec eaux territoriales) des récifs (sans eaux territoriales). Tout n’est pourtant pas si simple et même les activités des Etats-Unis sont critiquées par les pays riverains pour qui les Américains abusent parfois des droits octroyés en zone économique exclusive notamment.

Dernier point : le statut d’Etat archipélagique, en vert, est également le fruit d’âpres négociations entre d’une part les pays côtiers, soucieux de protéger leurs eaux, d’autre part les Etats disposant d’une importante flotte et dont le passage ne doit pas être entravé.

A noter que les conditions d’attribution de ce statut archipélagique demeurent strictes et que les prétentions chinoises – par exemple, en 2017 à partir de l’idée de quatre Sha [sable], en allusion à quatre groupes d’îles en mer de Chine méridionale – n’ont jamais été prises au sérieux.

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