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23.04.2025
Plaider, convaincre, gagner : Anaïs Léger et Ambre Coste, lauréates du CN2PI 2025
Chaque année, le Concours national de plaidoirie en propriété intellectuelle (CN2PI) rassemble les meilleurs étudiants en droit de toute la France autour d’un exercice grandeur nature : défendre un dossier complexe mêlant brevets et marques, dans les conditions réelles d’une plaidoirie.
Cette année, ce sont Anaïs Léger et Ambre Coste, deux étudiantes du Master Droit Économique, spécialité Droit de l’Innovation, qui se sont distinguées en remportant cette prestigieuse compétition.
Dans cet entretien, elles reviennent sur leur parcours, leur motivation à participer, les coulisses de leur préparation, et livrent de précieux conseils à celles et ceux qui souhaitent relever ce défi exigeant et passionnant.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Anaïs Léger et je viens de terminer ma deuxième année de Master Droit Économique, spécialité Droit de l’Innovation.
Je suis Ambre Coste. Après deux années au Collège universitaire sur le campus de Paris et une année d’échange à Séoul, j’ai intégré le master Droit économique en septembre 2023, avant de choisir de me spécialiser en Droit de l’Innovation pour ma dernière année ici.
Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à cette édition du CN2PI ?
Ce qui nous a motivées en premier lieu, c'est véritablement l'opportunité – et la première – de travailler sur un cas “en situation réelle” comme l'aurait fait un praticien : c'est-à-dire d'être engagées dans tout le processus de représentation d'un client allant de la recherche d'arguments, l'écriture de ces derniers jusqu’aux plaidoiries. C’était un vrai travail d'avocat, à 360 degrés.
Ensuite, la possibilité de plaider plusieurs fois en seulement quelques jours était forcément très stimulante, surtout qu'il fallait s'adapter aux arguments de la partie adverse et produire une réplique en très peu de temps. Nous avions eu la chance de pouvoir plaider plusieurs fois au cours de l'année dans différentes matières, et quel exercice de fin d'année que de pouvoir continuer à s'entraîner dans la première chambre civile de la Cour d'appel de Paris !
Enfin, c'était l’occasion de rencontrer les autres étudiants de Masters de propriété intellectuelle de France et des professionnels du domaine, qui sont tous aussi passionnés que nous par cette branche. C’était aussi une opportunité de nous confronter à des étudiants qui ont des parcours et des formations différents des nôtres. Chaque groupe avait des approches uniques, que ce soit dans la manière de construire l’argumentation, de travailler le fond ou de se positionner à l’oral. Cela a rendu les échanges d’autant plus enrichissants. Cette diversité a vraiment contribué à élever le niveau du débat tout en rendant l’expérience beaucoup plus formatrice et dynamique.
Pouvez-vous nous parler de votre processus de préparation pour la compétition ?
Le plus important pour nous, ça a été de commencer à préparer le cas en avance car il était particulièrement dense, avec une partie droit des brevets et une partie droit des marques. Surtout que l'exercice est assez particulier, puisqu’il fallait préparer à la fois la demande et la défense, ce que l'on ne fait jamais d'habitude.
Quand nous avons reçu le cas, nous avons d’abord travaillé chacune de notre côté quelques jours pour bien visualiser les éléments de l’affaire et réfléchir aux premiers arguments possibles. Nous avons ensuite avanc é, pendant environ un mois, en alternant réunions de groupe et travail personnel. En effet, nous avons trouvé ça plus facile et plus rapide de diviser le travail (recherches, rédaction des arguments). Mais une fois par semaine, nous nous retrouvions pour partager notre avancement et être certaines que nous étions toutes d’accord sur les points en question.
La dernière partie était la préparation des plaidoiries. Nous avons répété des dizaines de fois, seules et ensemble, pour rentrer dans les chronomètres stricts. Respecter le temps (15 minutes aux premiers tours, et 20 minutes en finale) était probablement la partie la plus compliquée tant il y avait de points à traiter, que ça soit en brevet ou en marques. Il a également fallu essayer d'anticiper au maximum les arguments adverses, ce qui ne pouvait pas toujours se préparer évidemment.
Avez-vous des conseils à donner aux futurs étudiants qui souhaiteraient participer à la prochaine édition du CN2PI ?
Pour les étudiants qui envisagent de participer à la prochaine édition du CN2PI, notre premier conseil serait de bien choisir son équipe. Il est vraiment important de s’entourer de personnes motivées, prêtes à s’investir pleinement dans le projet, car la charge de travail est assez conséquente. Il faut aussi que le courant passe bien au sein du groupe. Une bonne entente va faciliter la répartition des tâches, l’organisation des séances de travail, et surtout, elle rend toute l’expérience beaucoup plus agréable.
Il ne faut surtout pas sous-estimer le temps de préparation nécessaire. Le cas est très dense, et il arrive souvent à un moment chargé de l’année, en plein pendant les examens. Il est essentiel de commencer tôt, de profiter au maximum du temps alloué, et de s’organiser en conséquence pour éviter de se retrouver dépassé.
Autre point crucial : l’entraînement à l’oral. Il ne suffit pas de bien connaître les faits du dossier, il faut surtout savoir le défendre dans un temps limité. On recommande vraiment de s’entraîner à plaider en conditions réelles, en chronométrant les prises de parole et en regardant le chronomètre, pour apprendre à gérer le stress et les imprévus, comme les arguments inattendus de l’équipe adverse. Le jour J, tout va très vite, et avec l’angoisse du premier passage, le temps peut filer sans qu’on s’en rende compte.
Enfin, il ne faut pas oublier de prendre du recul et de profiter de l’expérience. Le stress est tout à fait normal, surtout au début, mais il ne doit pas empêcher de vivre pleinement ce moment. C’est une opportunité rare de plaider dans un cadre stimulant, face à des équipes talentueuses, dans une ambiance à la fois compétitive et bienveillante. On en sort avec de vrais souvenirs et des compétences précieuses pour la suite. Alors autant en profiter à fond !