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09.10.2025

Algues vertes et pollutions aux nitrates : le projet clinique d’étudiantes de Sciences Po

Estrella Clouet et Lucie Linossi, étudiantes du Master in Environmental Policy (Paris School of International Affairs - PSIA), ont consacré leur projet clinique au thème des algues vertes et des pollutions aux nitrates, dans le cadre de l’initiative “Governing Nutrient Pollution Beyond Farmers”.

Avec leur camarade Marion Bigoin, également étudiante à Sciences Po, elles ont publié une tribune dans Le Vert, média indépendant d’actualité écologique, intitulée : « Algues vertes et pollutions aux nitrates : l’agroalimentaire doit prendre ses responsabilités ».

Leurs travaux ont également contribué à la rédaction d’un Policy Brief du Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP), A new approach to nutrient pollution governance in France and the EU, rédigé par David Kanter, Professeur associé à l’Université de New York.

Pouvez-vous nous parler de votre projet clinique “Algues vertes et pollutions aux nitrates” ? Quel était son objectif ?

Lucie Linossi

L’objectif du projet est de réduire la pollution azotée, dont les responsables principaux sont l’élevage intensif et la négligence des industries agro-alimentaires dans la sélection de leurs fournisseurs et l’élaboration de leur cahier des charges. C’est par exemple la pollution azotée qui est à l’origine de l’eutrophisation des plages en Bretagne et résulte en une accumulation gigantesque et toxique d’algues vertes. 

L’idée phare du projet est cependant de procéder à une révision systémique et ciblée de l’industrie agro-alimentaire, au-delà de l’agriculteur, à notre sens déjà beaucoup responsabilisé. Il s’agit donc d’envisager les outils juridiques et les opportunités politiques pertinents afin de responsabiliser les acteurs intermédiaires tout aussi responsables dans le traitement des déchets azotés.

Quel a été son point de départ ?

Estrella Clouet

Nous avions pour idée d’exploiter l’excellent outil juridique qu’est le devoir de vigilance pour responsabiliser les médiateurs de la chaîne de valeurs agro-alimentaire, à savoir les industries et les grandes entreprises, dans la gestion des rejets azotés. En partant du rapport, par ailleurs excellent, produit par l’équipe de la promotion précédente ciblé sur le cas des algues vertes en Bretagne, nous avions des demandes claires à la fois à destination des politiques publiques mais aussi pour les industries de l’agro-alimentaire. 

Dans ce contexte, nous avions défini les deux étapes majeures du projet :

  1. Analyser les plan de vigilance des entreprises sélectionnées et détecter leur conformité avec les exigences de la loi L. 225-102-4 et L. 225-102-5 du Code de la consommation. 
  2. Engager une discussion et pourquoi pas une collaboration avec l’entreprise dont le potentiel de changement est le plus manifeste pour aborder les problèmes de traitement de la pollution azotée et changer son plan de vigilance en conséquence.

Quelle est la suite du projet ?

La deuxième partie de notre projet n’ayant donné que peu de résultats, nous avons décidé d’ouvrir le sujet à la consultation du public, en créant du contenu pédagogique et informatif. Après avoir simplifié nos demandes et schématisé le problème, nous avons présenté le fléau de la pollution azotée et les réformes nécessaires de l’agro-alimentaire dans une tribune. Après quelques semaines de recherches, Le Vert média a publié notre tribune « Algues vertes et pollutions aux nitrates : l’agroalimentaire doit prendre ses responsabilités » !

En quoi participer au projet clinique vous aide dans la construction de vos projets professionnels et personnels? Qu’avez-vous appris ?

Lucie Linossi : La clinique a été à la fois l'occasion d'acquérir des connaissances en droit de l'environnement tout en développant nos capacités à travailler en équipe sur un temps plus long qu'habituellement et dans un format inédit. Ainsi, ce projet nous a incité à penser en dehors des sentiers battus, à être créatives et téméraires. La clinique et les tuteurs nous ont offert le cadre et l'appui idéals pour explorer, tenter et avancer sur notre projet. Ces enseignements précieux, tant sur les apprentissages théoriques que sur les savoirs-êtres et les savoir-faire, je les mobilise au quotidien !

Marion Bigoin

Marion Bigoin : Travailler aux côtés de notre tuteur David Kanter a été une opportunité exceptionnelle pour vivre une immersion dans un projet mêlant recherche juridique et stratégie politique, qui se devait d’être assez ouvert pour permettre une discussion avec les acteurs visés, mais également assez ferme pour ne pas dévier de nos objectifs. De plus, ce travail (ancré dans le réel puisqu’il prenait pour objet la chaîne de valeurs d’entreprises opérationnelles) est similaire au travail que l’on attend d’un employé au sein d’une ONG. La Clinique juridique permet donc une expérience presque professionnelle qui offre d’une part l’avantage d’obtenir un aperçu du travail de fond mené dans le monde militant ou institutionnel, et qui offre d’autre part une confrontation avec les exigences propres au monde du travail qui différent souvent du monde estudiantin. Puisque nous devions penser sous un aspect politique notre démarche auprès des industries agro-alimentaires ciblées et tenir compte de l’incroyable travail fourni par l’équipe de la promotion précédente, il était clair qu’en l’absence de collaboration nous devions informer le public de nos recherches.

J’ai donc appris sur le tas que tout projet, bien qu’il fasse l’objet de tout votre investissement et porte une idée novatrice, est susceptible de ne pas du tout suivre la route que vous lui aviez tracé. Il s’agit alors de préparer en amont des plans alternatifs, même s’ils paraissent impossibles ou peu souhaitables, qui vous permettront de ne pas perdre l’intérêt pédagogique du projet et d’en tirer le maximum de bénéfices. En d’autres termes, planification, anticipation et patience ont été les trois qualités majeures que j’ai pu retirer de cette expérience, sans compter, évidemment, l’apprentissage de fond sur la pollution azotée par l’industrie agro-alimentaire dont la maîtrise m’est toujours utile dans le cadre de mes études et de mes aspirations professionnelles.

Un conseil : si vous êtes intéressé, n’hésitez-plus et candidatez !

Estrella Clouet : Ma participation au projet clinique m’a permis d’acquérir des connaissances en droit essentielles lorsqu’on souhaite s’engager pour l’environnement. Cela m’a aussi fourni un cadre pour approfondir une thématique spécifique (les pollutions azotées) sur plusieurs mois afin de bien connaître les enjeux. Il me semble très important de combiner de bonnes connaissances générales à une maîtrise spécifique de certains sujets et le projet clinique offre cette possibilité. 

Le dispositif permet d’acquérir autant de nouvelles connaissances sur un sujet précis, que des compétences techniques - dans notre cas, comment rédiger et faire publier une tribune. J’ai appris, au côté de mes camarades, à rassembler différents acteurs autour d’une parole commune, et à travailler avec un média pour se plier à une forme rédactionnelle journalistique qui est très différente de celle à laquelle nous sommes habitués dans notre parcours académique. Avoir pour objectif de rendre un projet concret nous permet de traduire notre réflexion en engagement social et politique, ce qui selon moi est tout le sens des études à Sciences Po. 

EN SAVOIR PLUS

Légende de l'image de couverture : Plage de sable recouverte d'algues vertes (crédits : Svetliy / shutterstock)

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