Accueil>Rencontre avec Anne-Sophie Lallemand, diplômée 2022

27.02.2023

Rencontre avec Anne-Sophie Lallemand, diplômée 2022

Anne-Sophie-LALLEMAND

POUVEZ-VOUS DÉCRIRE VOTRE PARCOURS UNIVERSITAIRE ?

Après deux années de classe préparatoire droit-économie (D1), à l’issue desquelles j’ai été admissible au concours de l’École normale supérieure (ENS), j’ai poursuivi par une troisième année de licence de droit privé à Assas. Très intéressée à la fois par le droit des affaires et la chose publique, intégrer le master Droit Économique m’a semblé être le compromis idéal.

J’ai ainsi pu, d’une part, approfondir mes connaissances en droit des affaires, au sein de la spécialité Entreprises, Marchés, Régulations (EMR) et en suivant en parallèle les cours de l’Institut de droit des affaires (IDA) de Paris II ainsi que le diplôme universitaire "Droit des entreprises en difficulté" de Paris I, et d’autre part, effectuer des stages dans des institutions publiques en charge de politiques économiques. J’ai notamment eu l’occasion de réaliser un stage auprès de la Première chambre de la Cour des comptes, à temps partiel, dans le cadre duquel j’ai contribué à la réalisation d’un rapport sur la gestion des titres de participation de l’État, ainsi qu’au sein du Secrétariat général du gouvernement (SGG), où j’ai accompagné les ministères dans l’évaluation de l’impact (notamment économique) des lois et textes réglementaires.

J’ai donc, d’une certaine manière, suivi un parcours inversé par rapport à ceux qui intègrent Sciences Po après le bac : j’ai acquis, d’abord, de très solides connaissances, dans un environnement où, par ailleurs, la rigueur juridique était prioritaire. Mon parcours à la faculté de droit m’a beaucoup apporté, mais m’a aussi permis de confirmer que si, à l’origine, je n’avais pas souhaité faire une prépa plus généraliste (ECS, BL) comme on me le conseillait, je ne me projetais pas pour autant comme une "pure juriste". Faire un master à Sciences Po m’a ainsi permis de renforcer ma conviction selon laquelle le droit privé des affaires est compatible avec le choix, qui s’est imposé peu à peu à moi, de servir l’intérêt général.

QUELS SOUVENIRS GARDEREZ-VOUS DE VOTRE ÉCOLE, DE VOTRE PROMOTION, DE VOS ENSEIGNANTS ?

J’ai beaucoup aimé la souplesse de choix qu’offre Sciences Po et la possibilité d’adapter son parcours à ses centres d’intérêt, que ce soit en termes de cours, d’organisation de son emploi du temps (qui rend possible les stages à temps partiel) ou d’activités extra-académiques.

Les enseignements proposés sont très divers et c’est en cela que j’ai trouvé une réelle valeur ajoutée par rapport à l’université. J’ai par conséquent choisi de suivre des cours assez originaux : l'excellent cours d’entreprenariat d’Alessandra Cocito - lors duquel j’ai exploré le monde des start-ups et mieux compris tous ces anglicismes tels que : VC, business angels, ou encore scalable ; un cours de formation commune sur les enjeux sociaux liés au handicap, dispensé par Anne Revillard ; et même des ateliers d’initiations à l’œnologie et à la photographie ! La maquette pédagogique de l’École de droit est elle aussi très riche : j’ai beaucoup apprécié le cours de droit de l’environnement de Jean-Nicolas Clément, qui m’a été très utile lors de mon stage au bureau de l’environnement de la préfecture de la Seine-Saint-Denis. L’École de droit nous pousse à développer une réelle agilité intellectuelle : il faut savoir être à la fois rigoureux sur des sujets techniques, comme le droit fiscal, et créatif, par exemple, dans le cadre du cours de droit et littérature de la Professeure Julie Saada.

L’autre plus-value de Sciences Po est sa dimension internationale. Pour ma part, j’ai fait le choix de suivre les cours de contract, tort et corporate law de l’English track, car j’avais déjà étudié ces matières en droit français en licence. Cette double approche, mêlant civil law et common law, me semble indispensable dans le monde d’aujourd’hui. Par ailleurs, le fait de partager des cours avec des étudiants internationaux est une vraie richesse.

Last but not least : nous avons la chance de bénéficier de locaux idéaux ! Outre la localisation extraordinaire, le nouveau campus de Saint-Thomas offre un cadre très agréable pour les étudiants.

VOUS AVEZ EFFECTUÉ UN SEMESTRE D'ÉCHANGE À L'UNIVERSITÉ MCGILL. POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR CETTE EXPÉRIENCE ?

J’ai réalisé cet échange dans le cadre de la deuxième année de master Droit économique, c’est une voie assez peu connue. Un échange universitaire en M2 peut paraitre assez original, mais présente l’avantage de marquer une réelle pause après cinq années d’études intenses. Cela permet ainsi de prendre du recul sur ses perspectives à l’issue de la remise de diplômes. Cette expérience a été pour moi inoubliable.

Si McGill est une université très anglo-saxonne à certains égards (notamment avec ses quelques Fraternities, ses équipes de hockey sur glace, son stand de hot-dogs au milieu du campus et ses grandes cérémonies de graduation), son fonctionnement est assez similaire à celui de l’École de droit de Sciences Po. Les deux écoles favorisent en effet davantage l’approche critique et la rédaction de papers sur des sujets choisis par les étudiants (plutôt que des dissertations dont le sujet est plus précis et est fixé à l’avance par les professeurs), à la différence des universités traditionnelles, tant françaises que québecoises (université de Laval, UDEM), qui axent leur enseignement du droit sur le triptyque "principes-conditions-exceptions" et l’apprentissage méthodique des fondements juridiques. J’ai aussi eu l’opportunité de suivre les cours de la Desautels Faculty of Management pour consolider mon initiation à l’entreprenariat, et développer ma connaissance du monde de l’entreprise, notamment via des études de cas.

Cette expérience a surtout été enrichissante sur le plan personnel. J’ai eu la chance de vivre une immersion complète dans la culture québécoise : excursion en canoë avec les graduate students (LL.M. et PhD) de la faculté de droit, randonnées en sac à dos avec d’autres étudiants en échange pour parcourir ces grands espaces nord-américains, et de nombreuses autres expériences pour mieux comprendre le Québec, ses attaches avec la France, ainsi que l’importance de la francophonie.

UN CONSEIL POUR CELLES ET CEUX QUI SOUHAITERAIENT REJOINDRE L'ÉCOLE DE DROIT ?

Créez votre propre chemin et faites-vous plaisir ! Osez être original ! Votre parcours vous ressemble et reflète votre personnalité. Il ne s’agit pas de se disperser, mais de tâtonner, et surtout de permettre la maturation progressive de son projet. C’est à mon sens le meilleur atout pour l’insertion professionnelle à venir et cela permet, même bien des années après, d’aimer ce que l’on fait, ce qui est sans doute le plus important.

Ce conseil vaut a fortiori pour les étudiants de l’École de droit : on peut avoir l’impression que tout le monde doit nécessairement faire une année de césure, qu’il est très difficile d’être sélectionné pour un échange universitaire, ou que l’avocature est la seule issue. Mais rien ne vous empêche de sortir de ce cadre… ! J’ai pour ma part décidé de suivre la voie qui m’a poussée à postuler à Sciences Po et je prépare actuellement les concours administratifs.

Et surtout, ne vous censurez pas. Un professeur de classes préparatoires m’avait dit que Sciences Po ne prenait pas d’étudiants "avec simplement une licence de droit". J’ai quand même postulé pour ne pas regretter de ne pas avoir au moins tenté !

Anne-Sophie Lallemand, diplômée 2022 du master Droit économique spécialité Entreprises, Marchés, Régulations (EMR).