Accueil>Comparer les politiques publiques... et les cultures académiques

01.02.2023

Comparer les politiques publiques... et les cultures académiques

Doctorant en 3e année de thèse à l’université de Cambridge, au Bennett Institute for Public Policy, Louis Baktash a passé quatre mois comme invité au CEE dans le cadre du programme CamPo. Entretien.

Bonjour Louis, pouvez-vous nous parler de votre sujet de thèse ?

Je travaille sur les politiques publiques territoriales en France et en Angleterre. J’essaie de montrer dans quelle mesure les événements politiques de ces dernières années (le Brexit, les gilets jaunes, les alternances politiques) ont entrainé des changements de politiques publiques territorialisées. Et s’il y a eu des changements, comment ont évolué les objectifs, les méthodes et les instruments de ces politiques publiques ? Est-ce qu’il y a eu une convergence entre les deux pays ? Pour répondre à ces questions, j’utilise la géographie électorale et l’analyse des politiques publiques.

Quelle est votre formation universitaire initiale ?

Après le bac, j’ai étudié au collège universitaire de Sciences Po en double cursus avec une licence d’histoire à la Sorbonne, comprenant une 3e année à l’université d’Oxford. En master, j’ai suivi le double diplôme entre l'École d’affaires publiques de Sciences Po et HEC. En parallèle du stage de fin d’études, nous devions faire un mémoire de recherche. Au lieu de choisir un sujet très appliqué sur des entreprises ou des politiques économiques, j’ai décidé d’étudier le vote pro-Brexit dans les territoires côtiers d’Angleterre et du Pays de Galles. En fait, ma mère vient d’une ville côtière d’Angleterre, pas très loin de Londres mais qui a voté à presque 60 % pour la sortie de l’Union européenne, davantage que certains territoires non côtiers des environs. J’ai étudié cette différence de vote entre territoires côtiers et territoires de l’intérieur, que j’ai pu expliquer par des différences de politiques publiques, britanniques et européennes. Cela m’a donné envie de continuer un peu sur cette lancée. En partant de la politique électorale sur les territoires côtiers, j’ai fait évoluer mon sujet de thèse vers la question des territoires dans les politiques publiques en France et en Angleterre.

Pourquoi avoir postulé au programme CamPo et pourquoi avoir choisi le CEE comme laboratoire d'accueil pour ce séjour ? Qu’attendiez-vous de cette mobilité ?

J’ai entendu parler de CamPo un peu par hasard en recevant un mail du département de politique et d’études internationales (POLIS), dont fait partie mon laboratoire. Je me suis alors dit que passer quelque temps en France serait utile pour réaliser des entretiens, discuter avec des chercheurs français. Mon directeur de thèse, Michael Kenny, a trouvé que c’était une très bonne idée et il m’a conseillé de contacter Colin Hay, professeur des universités au CEE, avec qui il avait déjà travaillé. Colin Hay a été intéressé par mon projet et a soutenu ma candidature.

Que retirez-vous de cette expérience ?

J’ai pu rencontrer pour des entretiens des fonctionnaires, des hommes et femmes politiques, ayant travaillé sur les politiques publiques territoriales en France. Ici, au CEE, j’ai aussi échangé avec des chercheurs : Philippe Bezes et Patrick Le Lidec, tous deux chercheurs CNRS, qui m’ont donné de bonnes pistes de réflexion, ainsi que mon référent Colin Hay qui m’a donné des conseils sur la partie théorique. Je ressors de ce séjour avec une meilleure compréhension du cas français, ce qui était l’un des objectifs.

J’ai aussi trouvé enrichissant de découvrir un autre environnement, d’autres manières de faire un doctorat. Ce qui est intéressant au CEE c’est qu’il y a énormément d’échanges entre les chercheuses et chercheurs permanents et les doctorantes et doctorants, notamment grâce aux séminaires hebdomadaires. Cela donne l’impression d’être réellement entre collègues de travail et je n’ai pas eu d’hésitations à demander des conseils.

De manière plus générale, je pense que le programme CamPo permet de tisser des liens académiques. Avec des doctorants du CEE, nous avons d’ailleurs créé un groupe informel pour échanger des articles et des informations sur le thème des territoires en politique, groupe qui a vocation à perdurer.

Merci au CEE !

Merci Louis et bonne continuation pour cette thèse !