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Un choix sous influence : pourquoi préférer être confinés ?

A member of the medical staff holds a tablet in front of a coronavirus patient during a video call with relatives at the Intensive Unit Care of hospital in Athens, Greece on 5th November, 2020. Crédits image : Alexandros Michailidis, Shutterstock

Comment l’opinion publique opère-t-elle des choix en période de crise majeure ? Quels sont les éléments qui influencent les citoyens ? Le projet Coping with Covid-19 (CoCo), mené par l’OSC et le CDSP a suivi les Français au quotidien et leur a demandé de juger les mesures prises par les pouvoirs publics, en particulier lorsqu’il devient nécessaire de choisir entre les préoccupations sanitaires et le soutien à l’économie. Où chacun de nous se situe-t-il dans cette dualité ? Sur quoi fonder sa préférence ? Une petite expérimentation nous éclaire sur la manière dont se forge et évolue l’opinion.

Orienter les peurs, influencer les choix

Dans la deuxième vague de l’enquête CoCo, réalisée à la mi-avril, un échantillon représentatif de la population française constituant le panel ELIPSS1 a été soumis à une expérience permettant de révéler indirectement quel aspect de la crise les préoccupait le plus.
Ils ont été répartis au hasard en deux groupes et invités à examiner la question d’un déconfinement progressif de la France à partir du 11 mai 2020 — date annoncée par le président de la République le 13 avril 2020.
L’équipe de recherche a présenté à l’un des groupes un scénario dans lequel le nombre de personnes infectées n’aurait pas diminué autant que prévu par les autorités médicales. Ce groupe devait se prononcer sur la réouverture partielle le 11 mai ou sur le maintien d’un confinement strict. L’autre groupe a reçu le même scénario, en matière de santé, mais complété de cette assertion : « les spécialistes craignent que continuer avec le confinement aggrave encore la crise économique, avec des millions de chômeurs et jusqu’à 25 % des entreprises qui pourraient faire faillite ».

L’inquiétude change de camp

Le soutien au déconfinement, programmé le 11 mai, malgré la circulation du virus, ne recueille que 35 % d’assentiment dans le premier groupe. La prudence est donc de mise, 65 % des personnes interrogées préférant différer le retour à la normale en attendant une baisse de la contagion. À l’inverse, les répondants du second groupe, alertés par des propos d’experts sur les dommages sur l’économie causés par un confinement prolongé, se prononcent eux aussi à 65 % pour le déconfinement. Les résultats suggèrent ainsi que l’opinion publique est sensible à un avis perçu comme crédible, et contextualise les options proposées.

Réponses des deux groupes interrogés

Lecture : Les lignes verticales représentent le soutien au déconfinement dans l’ensemble de l’échantillon (35 % et 65 %, respectivement). Les barres détaillent les répondants selon plusieurs caractéristiques socioéconomiques. La partie bleue indique la part des personnes interrogées favorables au déconfinement le 11 mai, lorsqu’on leur a dit que le nombre de cas de Covid-19 était plus élevé que prévu. La partie rouge représente la part des personnes interrogées qui ont exprimé leur soutien à la réouverture lorsqu’on leur a présenté des informations supplémentaires sur les pertes économiques potentielles. Source : Enquête « Faire face au Covid-19 » -15-22 avril 2020, ELIPSS/CDSP, Author provided.

Le panel ELIPSS, dispositif d’enquête longitudinale porté par le CDSP, permet d’interroger régulièrement depuis 2012 un échantillon représentatif de la population française sur différentes thématiques d’intérêt général, comme les opinions politiques ou les pratiques culturelles.