Les enjeux d'une politique de mémoire: le Mémoriel de l'Immigrant à São Paulo

Écrit par Claire Bénard ; Alice Martin-Prével ; Marie-Aimée Prost

« Crée avec l'objectif de raconter l'histoire de l'immigration à São Paulo en sauvant de l'oubli et préservant sa mémoire, le musée de l'immigration revêt une importance singulière pour la compréhension de la formation socioculturelle et économique de São Paulo »(1) affirme le projet de 1993 pour la création du musée de l'immigration.

En effet, comme nous l'avons étudié auparavant, les immigrants ont joué un rôle primordial dans le développement de l'Etat caféier de São Paulo et dans l'industrialisation et l'urbanisation de sa capitale. Il serait alors surprenant, voire dérangeant, que l'Etat ne fasse rien pour préserver ce pan de l'histoire qui résonne encore à l'heure actuelle dans les cœurs et parfois les souvenirs des Paulistes. L'Etat de São Paulo se doit d'investir pour la préservation de son patrimoine historique et culturel. Pourtant si cette politique mémorielle semble d'une importance non négligeable, le parcours jusqu'à l'actuel Mémoriel de l'Immigrant n'a pas été sans embuche. Une seule initiative, un conflit personnel, une simple rencontre et une coïncidence hasardeuse ont pu avoir d'importantes conséquences sur le développement de cette politique émanant, à l'origine, du Secrétariat d'Etat à la culture.

L'objet de cet article est donc de mettre en valeur les objectifs de la politique et leur réalisation, les défis et les difficultés qui se sont imposés aux acteurs afin de comprendre les enjeux d'une politique mémorielle gouvernementale.

Il est important de noter que ce travail est réalisé alors que le Mémoriel de l'Immigrant est fermé. Des travaux essentiels et de profondes réformes sont effectués dans le musée jusqu'à l'année prochaine. Par conséquent, l'équipe qui travaillait a été entièrement dissoute, le site a été retiré d'Internet et la nouvelle équipe n'est pas encore clairement définie. L'article pourrait probablement gagner en profondeur d'analyse en multipliant les interviews mais la situation particulière a rendu ce travail impossible dans le temps qui nous était imparti.

 1973 - 1993 : 20 ans jusqu'à la création du musée de l'immigration à São Paulo.

  •  Le sauvetage des documents de l'hospedaria do imigrante.

Depuis le XIXe siècle, l'Etat de São Paulo suivait les directives du Ministère des Relations Extérieures en matière de politiques migratoires. Dans cette optique, on conservait scrupuleusement les entrées dans l'Etat en accumulant les documents relatifs aux immigrants. A São Paulo une partie de ces papiers se trouvaient archivés dans l'hospedaria do imigrante où l'on accueillait les nouveaux arrivants pendant quelques jours. A partir de 1978, l'Etat de São Paulo s'émancipe des politiques migratoires nationales pour adopter un schéma propre. L'hospedaria ferme cette même année après l'arrivée des derniers migrants coréens. On arrête d'archiver les documents des entrants dans le pays.

Deux années plus tard, un des directeurs de l'hospedaria propose de jeter les documents des migrants qu'il considère inutiles. Midori Kimura Figuti, descendante japonaise mais surtout employée de l'hospedaria, s'oppose à l'idée et se voit désignée comme responsable de la classification de tous ces dossiers. Elle commence donc à lutter seule contre l'oubli, l'usure et la négligence des preuves du passage des immigrés. A cette époque, Midori à l'intention de préserver la mémoire de l'immigration, elle perçoit l'importance sociale, historique et culturelle que peuvent avoir ces fichiers sur chacun des immigrants de l'Etat. Cependant, il s'agit d'une initiative personnelle plus que d'un projet concerté. L'idée d'élaborer un musée de l'immigration n'est pas encore évoquée et le gouvernement n'est pas impliqué.

En 1986, le projet s'institutionnalise par la création du Centre Historique de l'Immigrant qui dépend du Secrétariat à la Promotion Sociale. A l'occasion du centenaire de l'hospedaria, en 1988, une exposition est organisée et les documents sont exposés avec des photos et autres témoignages. Parallèlement, l'équipe qui travaille au sien de l'hospedaria commence à contacter les associations des communautés afin d'élargir son patrimoine.

Si ce n'est toujours pas un musée, l'hospedaria est bien un lieu de mémoire. On y organise des événements commémoratifs, présentations musicales, folkloriques et traditionnelles pour que les associations de migrants et de descendants puissent se réunir. En effet, certains associations n'ont pas les moyens de financer un siège et se retrouvent exclusivement à la messe du dimanche - c'est le cas des Polonais par exemple qui, jusqu'aujourd'hui, ont une paroisse où la messe est dite en polonais. L'hospedaria se transforme donc en un lieu de préservation du patrimoine tangible et de transmission du patrimoine culturel intangible.

En 1993, le Secrétaire d'Etat à la culture propose la création d'un musée, il monte une équipe et invite Jussara Lois Ferreira (épouse du vice-gouverneur d'Etat de l'époque) à prendre la direction de ce projet. La proposition qui en ressort est spectaculaire. Peut-être est-ce du aux liens qui unissent le vice-gouverneur à la directrice du projet mais les moyens qui doivent permettre la création du musée sont proportionnels à l'importance de l'immigration dans l'Etat. Sur le fond, il s'agit d'exposer toute la vie des immigrants depuis le départ du pays d'origine jusqu'à leur conditions de vie au Brésil et les us et coutumes qu'il y ont apporté. Cela devait se faire à travers un patrimoine collecté dans les bâtiments du Secrétariat d'Etat responsable de la politique migratoire à l'époque, dans l'hospedaria de l'immigrant, à travers les associations mais aussi en coopération avec d'autres lieux de mémoire de l'immigration, à l'échelle de l'Etat, de nation et de la communauté internationale. Sur la forme, le projet avait pour ambition d'être « le plus moderne du Brésil »(2). Tout devait y être informatisé (un travail conséquent dans les années 1990) à tel point qu'il n'y avait même pas de bibliothèque dans le projet. Ce musée devait s'étendre à 3 bâtiments dont un qui serait la vitrine, attractive pour le public, dans le grand parc Ibirapuera. La personne à la tête du projet avait pris comme ambitieux modèles les grands musées mondiaux tel que celui d'Ellis Island à New York, des musées modernes de Paris et le Musée des Migrations en Australie.

Cependant, un changement de gouvernement fait revoir le projet à la baisse. Le musée est crée mais se trouve restreint au seul bâtiment de l'hospedaria. L'équipe désignée y est transférée et s'adapte à ce nouvel environnement. C'est Midori Kimura Figuti qui est nommée à la direction.

  • Les difficultés de cette étape

Le récit de ces 20 années montre que la création d'un lieu de mémoire dans l'hospedaria do imigrante n'a pas été sans obstacles. Tout d'abord le lien avec la politique a joué un rôle important. On a vu qu'en 1993 cela a réduit les ambitions du musée mais aussi, tous les deux ans, le musée se voyait soutenu ou non par le nouveau dirigeant politique. Cette instabilité et cette incertitude compliquent le développement d'un projet sur le long terme.

Au départ d'ailleurs, il ne s'agissait pas seulement d'une instabilité financière mais simplement d'une absence de financement public. Midori Kimura Figuti commence son travail d'archive seulement accompagnée d'une employée pour la propreté du bâtiment. Avec la création du Centre Historique de l'immigrant, l'institution obtient un nom mais n'acquière pas de subvention d'Etat. Ainsi, quand l'hospedaria commence à recevoir du public, c'est avec son propre salaire que Midori finance les dépenses basiques d'un accueil au public (eau, papier hygiénique, etc.). Le service se voyait donc fort limité.

D'autre part, avant la gestion du musée par une Organisation Sociale en 2005, il dépendait du Secrétariat d'Etat à la culture et les règles étaient strictes. Le nombre de personnes à embaucher, leur qualification et leur salaire étaient régulés par les règlements publics. Cela influait doublement sur le développement de l'institution : d'abord l'équipe présente peinait à développer l'institution dans le cadre limité et inadéquat qui lui était donné. En effet, avec seulement 8 à 10 salariés il fallait embaucher une équipe pour la gestion du patrimoine du musée mais aussi une personne pour informatiser la documentation, d'autres pour l'administration, d'autres encore pour la sécurité et l'entretien des locaux. Ensuite, les diverses limitations empêchaient le recrutement de personnel qualifié pour toutes ces tâches diverses et techniques. La qualité du service et du travail en amont s'en trouvait réduite.

Ceux qui ont connu cette époque le disent « il y avait de la bonne volonté, beaucoup plus de bonne volonté que de moyens ! »(3). Pourtant l'activité du musée continue, dans le cadre qui lui est donné.

 1993 - 1998 : du musée de l'immigration au mémorial de l'immigrant.

  • Les activités du musée de l'immigration

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Le musée joue un rôle considérable dans la collection, la préservation, l'exposition et la transmission du patrimoine. Son premier objectif est donc de collecter un capital d'informations qui soit représentatif de l'histoire de l'immigration. Une des historiennes de l'équipe de gestion du musée entre 1993 et 2008, Sônia Maria de Freitas, est pionnière dans le domaine de l'histoire orale. Elle s'est spécialisée dans cette branche de l'histoire en Angleterre puis a importé cette technique à São Paulo. Il s'agit d'étudier l'Histoire à travers l'enregistrement d'expériences humaines. Sônia Maria de Freitas a donc pris donc en charge un projet permanent de collection d'interviews en travaillant sur la recherche qui précède l'interview, la technique d'entretien et son traitement a posteriori. Cela a permis de recueillir plus de 400 témoignages qui enrichissent considérablement le patrimoine du musée et ont sauvé de l'oubli la mémoire de nombreuses personnes décédées à l'heure actuelle. Parallèlement, beaucoup d'immigrants, touchés qu'on souhaite sauver leurs souvenirs, alimentent le patrimoine du musée avec des dons d'objets personnels.

D'autre part, le travail d'archive et d'entretien de la documentation de l'hospedaria continue. Ce patrimoine est complété partiellement par les documents des hospedarias de São Bernardo et Santos et par certaines archives du Secrétariat d'Etat à l'agriculture - alors responsable de la politique migratoire. Cette décision n'est pas sans déplaire aux archivistes de l'Etat qui voulaient voir l'intégralité des documents dans leurs rayons et qui considèrent que rien ne devrait quitter les archives d'Etat. Aucun consensus n'est trouvé et le patrimoine restera divisé entre les deux institutions jusqu'à la fermeture du mémoriel pour travaux (les documents sont à l'heure actuelle temporairement gardés aux archives d'Etat).

Par ailleurs, le musée s'impose comme un véritable entrepreneur de mémoire en coopération avec les associations. Son rôle de centralisation des initiatives de mémoires est essentiel car la division des communautés affaiblit leur visibilité et réduit l'impact de leur action. Les communautés italienne et portugaise qui possèdent de très nombreuses associations régionales, parfois municipales, sont des exemples flagrants sur lesquels nous reviendrons dans des articles ultérieurs. En outre, certaines communautés, comme la japonaise, ont déjà un musée propre mais ces actions ne sont pas concertées et restent donc peu visibles. Les Hongrois aussi possédaient un important capital historique dans un collège bénédictin qui restait fermé au public. Avec l'aide de l'équipe du musée, ce patrimoine a été valorisé et ouvert pour les visites.

La collaboration du musée et des associations débouche aussi sur l'élaboration d'expositions temporaires comme « le voyage du Dragon : art et immigration chinoise » supervisée par Sônia Maria de Freitas. « Elles [les associations] aidaient à localiser des documents, des pièces, des objets, des gens à interviewer. Il y a eu une phase très dynamique en terme de réalisation d'exposition avec les communautés »(4). En plus de ces travaux, elles utilisent le musée comme lieu de rendez-vous pour des événements culturels.

L'un de ces événements, connu et reconnu, est la fête de l'immigrant qui est née à l'intérieur du musée de l'immigration. C'est un moment de rassemblement des communautés. Chacune d'entre elle tient un stand où se vendent des spécialités culinaires et des produits d'artisanat du pays d'origine. On y organise aussi des manifestations folkloriques et musicales. Pour les participants, c'est l'occasion de retrouver ses coutumes d'origine, de se rappeler de ses racines et de diffuser sa culture ancestrale. Pour le visiteur brésilien (ou autre), c'est une manière de prendre conscience de la diversité culturelle présente dans la ville de São Paulo. L'affluence a été croissante. Au départ on comptait quelques 1500 personnes et la fête durait une journée. Elle s'étend maintenant sur deux week-ends et accueille plus de 5000 visiteurs.

  •  Vers la création d'un mémoriel

 L'équipe en charge du musée organise ses activités mais lutte toujours contre le manque de moyens - techniques, financiers et humains - qui l'empêche d'avoir la visibilité qu'il ambitionne. Cette situation va durer jusqu'à ce que le Secrétaire d'Etat à la culture de l'époque vienne au musée.

Cette visite est le résultat fortuit d'un concours de circonstances : on avait dit au Secrétaire d'Etat que le bâtiment de l'hospedaria était à l'abandon, en proie à l'usure. C'est pour constater ce fait que le dirigeant se déplace mais il trouve en fait le bâtiment entretenu et organisé. De plus, il arrive au beau milieu d'une exposition pour laquelle un des grands maquettistes de São Paulo - japonais - avait offert une maquette du bâtiment au musée. Il s'enthousiasme alors pour les activités de l'équipe en place dans l'hospedaria et revient avec le gouverneur pour l'inauguration de la maquette.

Cette visite en 1997, soit 4 ans après la création du musée, est réellement importante car aucune des élites politiques n'avait visité le lieu auparavant. Pourtant, le gouverneur est de Santos, petit fils d'Espagnol. Il a beaucoup participé aux activités de la communauté espagnole de Santos et ce lien avec l'immigration et son histoire permet de vraiment entamer une collaboration forte entre le gouvernement et le musée. Cette étape, fruit du hasard, marque une avancée dans l'histoire de l'hospedaria : l'Etat cherche des soutiens pour aider à l'informatisation de la documentation, pour plus d'équipement, plus de personnel... Peu à peu le musée se développe : il se voit habiliter à recevoir des écoles, des contrats sont signés avec le Secrétariat d'Etat à la culture pour organiser des bus qui puissent amener les étudiants de l'intérieur de l'Etat vers la Capitale. Le lieu gagne en notoriété, au sein de l'Etat mais aussi à l'extérieur.

Des réunions sont organisées pour faire évoluer le projet car la classe dirigeante prend conscience de l'importance historique d'une telle institution. Au fil des conversations, l'idée de faire un Mémorial de l'Immigrant émerge. Il ne s'agirait pas seulement d'un musée qui raconte l'histoire des immigrants et centralise les initiatives de mémoire mais il serait question de rendre hommage complet à l'immigrant qui a construit la ville de São Paulo. L'histoire de l'immigration est liée à celle du bâtiment de l'hospedaria mais aussi à celle du café et du chemin de fer (qui amenait les immigrants de Santos à l'hospedaria do imigrante), ce sont ces éléments qui complèteront le musée de l'immigration pour en faire un mémoriel en 1998.

 1998 - 2010 : gestion et évolution du mémorial, réussite ou échec ?

  • L'écart entre la réalité et le projet

 

Bonde_do_Memorial_do_ImigranteLorsqu'on parle du Mémoriel de l'immigrant, il s'agit d'un agrandissement des fonctions du musée de l'immigration. En plus des précédentes activités du musée, on s'attache à préserver le bâtiment de l'hospedaria avec sa documentation. Compte tenu des liens historiques étroits entre le chemin de fer et l'immigration, un contrat est passé avec l'Association Brésilienne de Préservation des Chemins de fer (organe qui administre et conserve les chemins de fer brésiliens) pour incorporer au musée une ancienne locomotive. Cette dernière reproduit un morceau du parcourt qu'effectuaient les immigrants. On rappelle aussi l'histoire du café dans l'Etat. En ce sens, il est un hommage complet aux immigrants et à leurs contributions dans la ville et l'Etat.

Par ailleurs, le Mémoriel est un centre de recherche pour les personnes qui s'intéressent à leur ancêtres afin d'obtenir une double nationalité, une rectification de nom ou résoudre des problèmes de succession. En plus de ses ressources propres, il dépasse ses limites physiques en accumulant aussi les références aux autres réserves d'informations. Il est aussi un point de repère pour la recherche académique. L'institution a pour ambition de devenir une référence dans sa catégorie en étant un lieu de coopération entre les milieux académiques, gouvernementaux et non gouvernementaux. Pour assurer un meilleur partage de l'information et une résonnance au niveau national, le Mémoriel de l'Immigrant conduit à la création du Réseau Brésilien d'Organisations et d'Institutions d'Etudes d'Immigration (RBOIEI). Avec la participation de l'UNESCO et de la IOM (International Organisation of Migrations) le Mémoriel s'intègre au Réseau International de Musées des migrations.

En ce sens, nous pouvons dire que l'institution jouit d'un prestige sans égal au Brésil. En effet, dans les Etats du Sud (Santa Catarina, Paraná), le courant migratoire a été fort mais leurs ressources documentaires, les lieux de mémoire et les efforts fournis, même dans les Capitale d'Etat, n'arrivent pas au résultat que l'on trouve à São Paulo.

Toutefois, cette révolution est à nuancer. Si le musée s'est effectivement agrandi dans ses fonctions, il n'a pas subi une grande révolution muséologique et/ou administrative comme on pourrait le croire en lisant le livre sur le Mémoriel écrit en 2008. De fait, le musée était déjà un espace de recherche, pour les académiciens et les descendants, il jouait déjà un rôle auprès des communautés et ses objectifs de recherche, préservation et exposition de la mémoire de l'immigration sont restés les mêmes.

  • 2006 - 2010: la révolution dans l'évolution du Mémoriel ?

Dans les années 1990, la diffusion du néolibéralisme amène un recul de l'Etat. Au Brésil cela se traduit par la création du modèle des Organisations Sociales (OS). Ces organismes reçoivent des financements publics dont ils ont la totale responsabilité et liberté de gestion. L'objectif est d'offrir plus de flexibilité et des meilleurs salaires que ceux des fonctionnaires du service public. Le modèle fait rapidement ses preuves dans le domaine hospitalier et, quelques années plus tard, le gouvernement décide de l'appliquer à la culture. Le Mémoriel de l'Immigrant voit donc sa gestion passer dans les mains d'une OS. Cette dernière se compose de l'équipe en place et de quelques membres des associations d'amis de l'organisme.

D'après les expériences de ceux qui ont vécu le changement, cela a permis l'arrivée de plus de moyens et a effectivement flexibilisé les embauches. Pour le besoin de certaines expositions ou de certains travaux techniques, du personnel qualifié a pu être embauché ce qui a entrainé une augmentation de la qualité du service. C'est à cette époque que le Mémoriel de l'immigrant s'affiche comme le 3e musée le plus visité de São Paulo avec 100 000 visiteurs par an et passe de 20 à 40 salariés.

Cependant le succès de cette gestion est encore une fois à relativiser car à la fin du contrat entre l'OS et le Secrétariat à la culture en décembre 2010, il ne fut pas renouvelé. Le Secrétariat s'est donc congédié ainsi de toute l'équipe de gestion. Les raisons de cette décision n'ont pas été explicitées mais il semblerait que des questions techniques et d'objectifs non atteints soient en jeu. Y aurait-il eu des conflits entre la vision du Secrétariat d'Etat à la culture et la nouvelle direction du musée ? Difficile de conclure à l'indicatif sur ces questions sachant que nous n'avons pas pu parler avec les principaux intéressés puisque l'équipe, entièrement dissoute, s'avère donc difficile à contacter.

A l'heure actuelle, le Mémoriel est fermé. Il traverse une grande période de restauration du bâtiment, d'adéquation du musée à son espace et de traitement des documents (restauration et digitalisation). Les moyens mis en place ont encore augmentés et les projets muséologique et muséographique changent de perspectives. D'après ceux qui ont travaillé longtemps au service du musée, il reste encore beaucoup à exploiter et l'espace pourrait être encore mieux valorisé. Le Mémoriel de l'Immigrant devrait se professionnaliser et se moderniser à l'instar des musées du football et de la langue portugaise qui sont les plus modernes et parmi les plus courus de la Capitale.

Conclusion :

Le Mémoriel de l'Immigrant, comme avant lui le musée de l'immigration, a joué un rôle important à plusieurs niveaux. D'abord, il a offert un espace pour que le grand public, connaisse l'histoire du phénomène migratoire qui reste présent dans la actuellement dans la ville. D'autre part, c'est un lieu d'expression des communautés et donc de transmission du patrimoine culturel tangible et intangible. Enfin, en suivant le mouvement muséologique qui se développe depuis les années 1980, le Mémoriel de l'Immigrant ne se contente pas d'exposer l'histoire mais il est un espace de dialogue et d'échange entre le domaine académique, l'histoire personnel et les politiques de mémoire gouvernementale. C'est donc un lieu d'interprétation de la réalité où l'on construit la mémoire.

Bibliographie

  •  Livres

-       MOURA, Soraya. Mémorial do imigrante, historia da imigração, São Paulo, Editeur, 2008.

  • Textes Juridiques

-       ASSEMBLEE LEGISLATIVE DE L'ETAT DE SÃO PAULO. Décret Nº 36.987 du 25 juin 1993 pour la création du musée de l'immigration.

-       ASSEMBLEE LEGISLATIVE DE L'ETAT DE SÃO PAULO. Décret Nº 38.396 du 24 février 1994 portant sur la réorganisation du musée et de ses archives.

-       ASSEMBLEE LEGISLATIVE DE L'ETAT DE SÃO PAULO. Décret Nº 43.014 du 6 avril 1998 sur la création le Mémoriel de l'Immigrant.

  •  Entretiens

-       L'histoire et la gestion du musée de l'immigration. (29, janvier 2011). Sônia Maria de Freitas, historienne du musée de l'immigration.

-       La création du musée de l'immigration. (27, janvier 2011). Midori Kimura Figuti, employée de l'hospedaria de l'immigrant puis directrice et salariée du musée de l'immigration.

  •  Autres

-       Projet muséologique et muséographique pour le musée de l'immigration, rédigé pour le Secrétariat d'Etat à la Culture, 1993.


(1) "Criado com o objetivo de relatar a história da imigração a São Paulo resgatando e preservando sua memória, o Museu da Imigração reveste-se de singular imoprtância para a compreensão da formação sócio-cultural e econômica paulista" Projet de création du musée, 1993.

(2) Interview de Midori, (27, janvier 2011). Midori, employée de l'hospedaria de l'immigrant puis directrice et salariée du musée de l'immigration.

 (3) "Na época da Midori, tinha boa vontade, muito mais boa vontade do que recursos!" Extrait de l'interview de Sônia Maria de Freitas, historienne du musée de l'immigration pendant 15 ans, le 29-01-11.

 (4) "Ajudavam a localizar documentos, peças, objetos, pessoas para dar entrevistas. Houve uma fase muito dinâmica em termos de realizações de exposições com as comunidades." Extrait de l'interview de Sônia Maria de Freitas, historienne du musée de l'immigration, le 29-01-11.

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