La campaña de Rodolfo Hernández en la segunda vuelta: entre una estrategia innovadora y la búsqueda del presidencialismo / La campagne du 2nd tour de Rodolfo Hernández : entre stratégie novatrice et quête de présidentialisation

La campaña de Rodolfo Hernández en la segunda vuelta: entre una estrategia innovadora y la búsqueda del presidencialismo


Marie-Caroline Reynier por el OEC 


El pasado 29 de mayo, el candidato independiente Rodolfo Hernández fue elegido para la segunda vuelta de las elecciones presidenciales (el 19 de junio) frente a Gustavo Petro, el candidato del Pacto Histórico. La sorpresa de esta segunda posición en la primera vuelta de las elecciones presidenciales colombianas, con el 28,2% de los votos, se debe tanto a su forma innovadora de hacer campaña como a un programa de ruptura, basado en la crítica de la clase política tradicional.


Así,  apodado como "el viejito de Tik Tok" ha optado por no participar en los debates presidenciales desde el inicio de la campaña y prefiere centrar su comunicación en Twitter y, especialmente, en Tik Tok, donde le siguen cerca de 600.000 personas. Si el uso de las redes sociales no es nuevo en las campañas presidenciales colombianas, como lo demuestra la campaña de Antanas Mockus (Partido Verde) en 2010, su papel ha evolucionado con cada elección. Óscar Andrés Prada Espinel y Luis Miguel Romero Rodríguez han demostrado que Twitter jugó un papel "importante pero no determinante" en la campaña presidencial de 2018, sobre todo ante la falta de correlación entre el número de suscriptores de los dos candidatos de segunda vuelta, Gustavo Petro con 3.226.629 suscriptores, y el presidente elegido Iván Duque con 413.057 suscriptores. También señalan que los candidatos consideraban a sus abonados como "consumidores pasivos del contenido" en la medida en la que “mantuvieron en Twitter una relación unidireccional con sus seguidores” sin crear intercambios. Al contrario, el tono humorístico y el lenguaje claro utilizado por Rodolfo Hernández en Tik Tok durante la campaña presidencial de 2022 evidencia un nuevo uso, que sigue defendiendo durante la campaña de la segunda vuelta, como lo ilustra, por ejemplo, su respuesta en forma de "storytime" a las acusaciones de corrupción. 


Pero la estrategia de comunicación no es el único elemento sorprendente en la campaña de Rodolfo Hernández. Sus propias propuestas políticas, reflejo de un rechazo a los partidos tradicionales y toda la clase política, corrupta según él, muestra también una postura singular. En cuanto a la lucha contra la corrupción, el empresario propone declarar el estado de conmoción interior tras su investidura para gobernar por decreto, así como meter en la cárcel "a todos los corruptos". Por un lado, la primera propuesta tiene un gran peso institucional en la medida que otorga poderes especiales al Presidente. Por otro lado, la segunda propuesta centrada en la creación de “ciudad cárcel” para los corruptos, prevé la compra de 200.000 hectáreas en la región de los Llanos Orientales (al Noroeste del país) para albergar a “200.000 presos peligrosos”. Esta falta de aplicabilidad dentro de su programa también va acompañada de una falta de coherencia, lo que se ilustra con respecto a las temáticas de política exterior. Así, Hernández propone sacar un decreto para eliminar varias embajadas como la de Bolivia mientras que desea que Colombia alcance el liderazgo en la región.


No obstante, el carácter confuso de las medidas choca con el deseo de alianzas entre las dos rondas. Así, Sergio Fajardo, el candidato derrotado de la coalición Centro Esperanza, busca tener garantías antes de apoyar a Rodolfo Hernández. En particular, advirtió al candidato sobre la inviabilidad y el carácter autoritario del gobierno por decreto. Además, ante las declaraciones machistas del candidato, Fajardo le pidió que incluyera en su programa la creación del Ministerio de la Mujer. A menos de dos semanas de la segunda vuelta, las conversaciones entre los dos candidatos se concluyeron en desacuerdo


Sin embargo, para encarnar un frente anti-Petro y ganar las elecciones presidenciales, Rodolfo Hernández necesita ampliar su base electoral. Aunque en política es muy difícil hablar de transferencia de votos, Hernández está buscando convencer a quienes votaron en la primera vuelta por Gutiérrez (5.069.448 votantes) y Fajardo (885.268) para que se sumen a su base electoral de 5.965.335 votantes y superen el número de votantes de Petro (8.541.617). 

 


 

La campagne du 2nd tour de Rodolfo Hernández : entre stratégie novatrice et quête de présidentialisation


Marie-Caroline Reynier pour l'OEC 


Le 29 mai, le candidat indépendant Rodolfo Hernández s'est qualifié à la grande surprise pour le second tour de l'élection présidentielle (19 juin) contre le candidat du Pacto Histórico Gustavo Petro. Le caractère surprenant de cette seconde place au premier tour de l’élection présidentielle colombienne, avec 28,2% des voix, tient aussi bien à sa manière novatrice de faire campagne qu'à la diversité des propositions de son programme.


Ainsi, celui qu'on surnomme le "petit vieux de Tik Tok" a fait le choix de ne pas participer aux débats présidentiels depuis le début de la campagne et préfère centrer sa communication sur Twitter et surtout sur Tik Tok où il est suivi par près de 600 000 personnes. Si l'utilisation des réseaux sociaux n'est pas nouvelle dans les campagnes présidentielles colombiennes, comme en témoigne la campagne d'Antanas Mockus (Partido Verde) remontant à 2010, leur place a évolué au fil des échéances électorales. Óscar Andrés Prada Espinel et Luis Miguel Romero Rodríguez ont ainsi montré que Twitter avait joué un rôle "important mais pas déterminant" dans la campagne présidentielle de 2018 eu égard notamment à l'absence de corrélation entre le nombre d'abonnés des deux candidats présents au second tour, Gustavo Petro ayant 3.226.629 abonnés et le président élu Iván Duque ayant 413.057 abonnés. Ils notent également que les candidats ont considéré leurs abonnés comme des “consommateurs passifs du contenu" dans la mesure où ils "ont entretenu une relation à sens unique avec leurs abonnés sur Twitter" sans créer d’échange. A contrario, le ton humoristique et le langage clair utilisé par Rodolfo Hernández sur Tik Tok durant la campagne présidentielle de 2022 témoigne d'un nouvel usage qu'il continue de défendre lors de la campagne du second tour, comme l'illustre par exemple sa réponse par une "storytime" aux accusations de corruption de son adversaire. 


Mais la stratégie de communication de Rodolfo Hernandez n'est pas le seul élément surprenant de sa campagne. En effet, la nature de ses propositions, qui reflètent une posture de rejet des partis traditionnels et de la corruption, le distingue aussi très nettement des autres candidats. Ainsi, dans le cadre de la lutte contre la corruption, l'entrepreneur propose-t-il de décréter l'état d'urgence après son investiture, afin de gouverner par décrets et de mettre en prison tous les corrompus. La première proposition implique d'importantes conséquences institutionnelles dans la mesure où elle accorde des pouvoirs spéciaux au Président. Mais la seconde proposition, qui porte sur la création d'une "ville-prison" pour les corrompus, n'est pas moins ambitieuse, puisqu'elle envisage l'achat de 200 000 hectares dans la région de los Llanos orientales (au Nord-Est du pays) pour y loger “200 000 prisonniers dangereux”. Au manque d'opérabilité d'un tel programme, s'ajoute donc un manque de cohérence, qui se traduit aussi sur les questions de politique étrangère. Ainsi, Hernández propose-t-il de publier un décret pour supprimer plusieurs ambassades, comme celle en Bolivie, tout en désirant que la Colombie assure le leadership dans la région. 


A bien des égards, le caractère fourre-tout des mesures de l'ingénieur se heurte aux velléités d'alliances entre les deux tours. Ainsi, Sergio Fajardo, le candidat battu de la coalition Centro Esperanza, voulait obtenir des garanties avant d'apporter tout soutien à Rodolfo Hernández. Il a mis en garde le candidat sur l'absence de viabilité et le caractère autoritaire d'une gouvernance par décrets. En outre, face aux déclarations machistes du candidat, Fajardo lui a demandé d'inclure dans son programme la création d'un Ministère des droits des femmes. Moins de deux semaines avant le second tour, les discussions entre les deux candidats se sont conclues par un désaccord.

 

Or, pour incarner un front anti-Petro et gagner les élections présidentielles, Rodolfo Hernández a besoin d'élargir sa base électorale. Bien qu'en politique, il soit très difficile de tabler sur un report de voix, Hernández cherche à convaincre ceux ayant voté au premier tour pour Gutiérrez (5 069 448 électeurs) et pour Fajardo (885 268) de s’ajouter à sa base électorale de 5 965 335 votants, afin de dépasser le nombre des soutiens à Petro (8 541 617 électeurs).





Retour en haut de page