IIIème partie : Les Eglises britanniques de Valparaíso et Viña del Mar comme reflet de l’évolution de la communauté britannique

Écrit par Claire Bénard, Alice Martin-Prével et Marie-Aimée Prost.

A l'heure actuelle la région de Valparaíso ne compte pas moins de 12 Eglises anglicanes auxquelles s'ajoute une Eglise presbytérienne indépendante : la Union Church. Si toutes ne datent pas de l'époque de l'immigration, toutes sont en revanche un héritage plus ou moins direct des populations expatriées. En effet, comme nous l'avons vu dans la première partie de ces articles sur la communauté britannique, les immigrants ne se sont pas installés au Chili seulement en tant qu'agents économiques. En faisant du Chili leur patrie, ils y ont importé leur culture, leurs traditions, leurs habitudes et ont donc aussi exprimé très vite leur besoin de vie spirituelle et religieuse.

L'histoire de l'Eglise protestante au Chili n'est pas sans écueil car après l'indépendance politique, le pays reste sous une forte emprise de l'Eglise Catholique instaurée sous la domination espagnole. L'oppression est importante puisque c'est l'Eglise catholique qui détient les registres civils. Ainsi les naissances, les décès et les mariages des immigrés non catholiques n'ont pas de valeur juridique au Chili. D'autre part, lors qu'un tremblement de terre, comme celui de 1822, dévaste la ville, les dissidents en sont tenus pour responsables. Jusqu'en 1825, date de création du cimetière des dissidents, les Protestants n'ont pas de lieu de sépulture et les corps sont simplement jetés à la mer. La pression d'un groupe d'immigrés écossais et étatsuniens conduit finalement à la création de la Union Church presbytérienne en 1847 puis les Anglais suivront ce mouvement en créant l'église anglicane Saint Paul's en 1858.

Ces institutions vont se développer, s'étendre et prendre une importance telle qu'elles forceront le développement de la tolérance religieuse au Chili. Au niveau local, elles sont un important lieu de socialisation car les Britanniques ne voient pas seulement l'Eglise comme une lieu de rassemblement religieux mais aussi comme un centre de développement d'une activité culturelle et sociale - incluant musique, art, sport et associations caritatives. Ces paroisses sont donc un lieu de réunion de la communauté et un vecteur de transmission du patrimoine intangible britannique - qui comprend les idées religieuses, les traditions, les liens sociaux et le mode de vie en général.

Que reste-t-il donc de ces institutions ? Comment ont-elles évolué ? Mais surtout, dans quelle mesure l'évolution des Eglises d'origine britannique reflète-t-elle l'évolution de la communauté ?

 Nous verrons dans cet article que les églises représentent relativement bien les dynamiques actu

elles de la communauté britannique. En effet, l'immigration étant un fait révolu, on lui porte de plus en plus un regard historique. Cependant, à l'heure actuelle, des traces demeurent bien vivantes - même si moins puissantes qu'auparavant. Enfin, une partie de la communauté britannique, comme le protestantisme a complètement été adoptée par la société chilienne.

 1. Les Eglises britanniques comme souvenirs de l'histoire

 a.     Origine du protestantisme : La Union et la Saint Paul's Churches

 Dès 1825 le culte anglican se pratique en privé ou sur les chapelles de bateaux de pavillon anglais. Cette solution s'avère relativement viable à tel point qu'en 1910, le journal « The Anglican Church Chronicle » soutient que les deux raisons de l'absence de chapelle à Valparaíso au début du XIXe siècle sont l'intolérance religieuse mais aussi la constante présence de bateaux britanniques. Cependant les autorités chiliennes savent qu'elles ne peuvent dissocier les idées politiques et économiques des migrants de leur culture et traditions. Ainsi, la tolérance dans l'environnement privé va croissante au cours du siècle et en 1837 le gouvernement chilien autorise la présence d'un pasteur anglican à Valparaíso qui a le droit d'entretenir une école et de réaliser les offices religieux chez lui. Le premier à remplir ce rôle, John Rowlandson, voit son service plébiscité par la communauté.

D'un point de vue légal, la religion d'Etat reste le catholicisme et, si la liberté de conscience est affirmée, les Protestants doivent pratiquer leur culte clandestinement pour ne pas tomber dans l'illégalité. Malgré cette interdiction, ils décident d'instituer la Union Church. La première célébration a lieu pour Noël 1845 à bord du bateau qui amène David Trumbull au Chili . Cependant, la création officielle de la Union Church date de 1847 et la construction du premier temple de 1856.

Les Anglicans, majoritairement anglais, suivent ce mouvement en construisant l'église anglicane Saint Paul's de Valparaíso en 1858. C'est William Lloyd, un ingénieur de chemin de fer et architecte britannique, qui s'en charge.

 Controverse historique

 Au cours de notre recherche, nous avons découvert une controverse dans les faits qu'il faut mettre en évidence dans cet article.

Il faut savoir que l´Anglicanisme et la lutte pour la tolérance religieuse se développent au cours du XIXe pour conduire en 1865 à une loi interprétative de la constitution de 1833. Cette loi légitime le culte et l'éducation anglicane, tant que la communauté n'utilise pas l'espace public. Cette modification aura d'importantes conséquences pour la vie de la communauté car en 1869, l'église Saint Paul's est reconnue comme un lieu de culte, en 1875 elle obtient une personnalité juridique et 4 années plus tard, elle passe sous la  propriété de la « Anglican Episcopal Church Corporation ».

 Iglesia_Anglicana_2Cependant l'église anglicane du cerro Alegre avait été construite 6 ans avant cette loi et certains disent que cela explique son architecture si discrète - pas de clocher, pas de marques religieuses extérieures, pas d'entrée principale, situation dans un quartier résidentiel. D'autres affirment que la seule église à avoir subi ce genre de restrictions législatives fut la première chapelle de la Union Church. Les caractéristiques de l'église Saint Paul's seraient une simple conséquence d'un courant architectural. En effet, le second temple de la Union Church, construit après la loi interprétative n'a pas non plus de clocher ni d'entrée principale et d'autres églises dans d'autres pays possèdent des caractères similaires à celle de Saint Paul's sans pour autant avoir subi les foudres de l'intolérance religieuse.

 Dans les deux cas les églises d'origine britannique dans Valparaíso ont une histoire marquée par la lutte pour la tolérance et elles sont à cet égard reconnues comme un patrimoine historique important.

 b.     Monument historique et restauration 

Le deuxième temple de la Union Church (1869) partage une histoire commune avec l'église Saint Paul's puisque les deux ont été construit pendant la lutte pour la tolérance religieuse, pendant l'apogée du port et pendant l'âge d'or de l'immigration. A ce titre, les deux édifices ont été reconnus monuments historiques de la ville de Valparaíso. L'église Saint Paul's en 1979 et la Union Church en 2003. Cette reconnaissance publique du patrimoine s'est accompagnée d'un effort interne de mémoire avec la création d'un Comité de Restauration de l'église Saint Paul's constitué de 5 personnes qui ont sauvé le bâtiment de l'abandon. Le premier projet approuvé par le ministère des affaires publiques fut élaboré en 2001 par Paulina Kaplan - actuelle directrice du bureau de la gestion patrimoniale de la ville de Valparaíso. Mais le Comité s'est très vite confronté à deux problèmes : d'abord celui du financement. Les membres se sont organisés pour solliciter les entreprises et ont postulé deux fois à des concours pour obtenir des bourses publiques - sans succès. Le comité n'est pas soutenu non plus par le gouvernement britannique ou le British Council (qui voit ses fonds dédiés à ce type de projets diminuer). Les rentrées d'argent sont en fait principalement des donations des fidèles de Saint Peter's (autre église anglicane à Viña del Mar), de l'association des voisins ou des membres de l'association des Amis de Saint Paul's qui, en échange de leur cotisation d'inscription à la corporation, reçoivent l'information sur l'activité culturelle organisée dans l'église. La municipalité de Valparaíso, à travers le travail de Paulina Kaplan, a aidé à la conservation et à la reconversion de l'église en subventionnant les concerts d'orgue du dimanche. Le second problème que devra affronter le Comité de Restauration est celui du désintérêt des jeunes. Pour le moment, le Comité fonctionne grâce au temps consacré par Nonnie Gray, une descendante britannique moteur des actions du Comité. Cependant quand cette pièce maîtresse se désengagera, il faudra trouver une autre personne avec autant de temps, d'énergie et de motivation. Cependant, l'église réussi pour l'instant à survivre en freinant sa détérioration et en transformant son activité religieuse en activité culturelle. En effet, puisque les autorités sont plus intéressées par la promotion de la culture actuelle que par la survivance de l'histoire, le Comité tente d'intégrer les deux dynamiques : que l'église ne soit pas vue comme un monument qui reste du passé mais comme une part de la culture actuelle. Cela passe par les concerts d'orgue tous les dimanches et par l'organisation annuelle des journées de l'histoire. Le projet a commencé il y a 3 ans en association avec le département d'histoire de l'université Alfonso Ibáñez, et consiste à montrer l'importance de l'héritage britannique dans la ville de Valparaíso. L'idée a pour l'instant connu un succès important en attirant une centaine de personnes à chaque fois. Il est d'ailleurs intéressant de noter que les descendants ne constituaient pas la majorité du public. Cela nous montre que les porteños se rappellent du phénomène de l'immigration comme d'un fait historique. Il y a une volonté de se souvenir mais elle n'est plus motivée par un lien personnel avec l'immigration mais plutôt par un devoir de mémoire. Une partie de la communauté britannique est passée de la mémoire des hommes aux livres d'histoire, des foyers familiaux aux salles de musée et aux événements comme les journées de l'histoire.Pourtant, une la partie suivante va nous prouver que l'immigration laisse des traces actuelles dans a vie de la ville et que toute la communauté n'a pas disparue.

 2. La survivance de la communauté et de la langue dans les églises 

a.     Traces de la culture britannique dans la Saint Peter's et la Union Churches 

Dans les années du début du XXe siècle, la population de Valparaíso commence à migrer vers Viña del Mar. En effet, après le terrible tremblement de terre de 1906, ils y trouvent des terrains plus favorables à la construction quartiers résidentiels. La communauté britannique ne fait pas exception à la règle et se déplace. L'Eglise anglicane la suit et en 1906 on construit une chapelle anglicane à Viña del Mar : la chapelle Saint Peter's, église sœur de la Saint Paul's Church. Cette nouvelle chapelle ne cesse de se dynamiser et peu à peu, la communauté qui se rassemblait à Valparaíso se retrouve à Viña del Mar tous les dimanches. Les baptêmes et mariages se font volontiers à Saint Paul's, l'authentique église anglicane, mais Saint Peter's devient l'église de référence jusqu'à ce que Saint Paul's arrête de fonctionner comme église dans les années 1960. L'église Saint Peter's reste indépendante de l'Eglise Anglicane du Chili puisqu'elle appartient à la « Corporación de Iglesias Anglicanas de Valparaíso ». Les relations restent néanmoins fortes à tous les niveaux car les pasteurs se réunissent toutes les semaines se tenant ainsi au fait des activités des autres. Il est important de souligner cette différence car, Saint Peter's, n'étant pas rattachée à l'Eglise Anglicane du Chili, n'a pas un caractère missionnaire. Elle est une église qui rassemble la communauté britannique, comme les premières églises au XIXe siècle. Elle reste donc un vecteur de transmission du patrimoine intangible, une instance de réunion et de socialisation de la communauté et cela n'est pas sans conséquences. Tout d'abord, le pasteur est britannique. Actuellement il s'agit de Richard Pamplin, qui avant de travailler au Chili, officiait en Suisse et au Royaume-Uni. Le culte dominical est donc célébré en anglais. En 2002 on peut calculer une affluence moyenne de 36 personnes. Ce chiffre est à mettre en perspective avec la moyenne de 201 personnes  fréquentant cette même année San Pedro - église anglicane hispanophone sur laquelle nous reviendrons. 

bf01d2b3752a602fc477723449849ffa

Ensuite, Richard Pamplin célèbre à l'église Saint Peter's des fêtes typiquement britanniques comme l'anniversaire de la Reine d'Angleterre et l'armistice du 11 novembre - qui en Angleterre est transféré du 11 novembre au dimanche suivant. Ces deux célébrations sont celles qui rassemblent toutes les institutions britanniques : les collèges, les pompiers, les institutions caritatives en plus de la communauté anglicane. D'autre part, comme reste de la culture britannique on peu noter la présence du Ladies Guild, association des dames de la communauté qui se réunit deux fois par mois. La simple présence de ce groupe nous rappelle que les Britanniques voyaient dans l'Eglise plus qu'une activité dominicale. D'autre part, ces dames organisent un événement typiquement britannique : une foire au moment de Noël ou se vendent des cartes, des décorations et des gâteaux britanniques. Les profits sont redistribués à des associations caritatives. Enfin, il faut noter que la Union Church a suivi le même chemin que l'Eglise Anglicane en se déplaçant à Viña del Mar et en conservant l'usage de l'anglais jusqu'en 2007. La Union Church a donc prolonger l'usage de la langue - même partiellement - jusque tard et dans une communauté bien plus significative que celle de Saint Peter's. Les services dominicaux de la Union Church rassemble environ 350 fidèles et possèdent donc un poids réel dans la vie Viñamarina.

 b.     La perte de vitesse au profit d'une intégration

 On voit donc que Saint Peter's constitue une enclave britannique dans la vie de Viña del Mar. Cependant, on ne peut nier que cette église soit en train de payer les conséquences de la diminution du nombre d'Anglicans anglophones. De fait, cette communauté se résume, en grande majorité, aux descendants britanniques auxquels s'ajoutent quelques expatriés actuels. Richard Pamplin explique que les églises anglicanes anglophones de tout le pays sont en perte de vitesse : « Over the years there have been marriages with the Chilean community and English-speaking Churches have slowly died out ».. Il explique dans la suite de l'interview qu'il y a une église à Concepción qui célébrait la messe en anglais mais qui se contente maintenant d'un service par mois pour les quelques anglophones qui le demandent encore - c'est un principe de l'Eglise Anglicane d'officier en anglais tant que les fidèles le veulent. Les Eglises de Puerto Montt et Punta Arenas sont aussi en anglais mais l'Eglise hispanophone reste beaucoup plus importante. L'Eglise de Viña ne fait pas exception : comme il y a peu de nouveaux arrivants dans la communauté de Saint Peter's, elle se voit vieillir et perdre la langue. En effet, de la famille Gray par exemple, 3 générations fréquentent Saint Peter's mais déjà, pour la troisième génération l'anglais n'est qu'une deuxième langue. D'ailleurs quand un service commence en espagnol en décembre 1968, la moyenne de fréquentation de Saint Peter's baisse sensiblement (de 41 personnes en 1968 à 35 personnes en 1969 alors que la moyenne était relativement stable sur les années précédentes). D'autre part, la perte de vitesse de l'Eglise Anglicane Anglophone se traduit par la diminution drastique du nombre de groupes de lecture, associations sociales, paroisse d'enfants et autres activités qui s'organisaient avant autour de la vie de la communauté anglicane. L'église n'est plus l'instance de socialisation qu'elle avait l'habitude d'être auparavant, les descendants se socialisent à travers d'autres institutions. En résumé, la communauté de Saint Peter's diminue car elle suit la même dynamique que la communauté britannique : à mesure que se multiplient les mariages mixtes, la langue se perd et les traditions et habitudes culturelles se mêlent avec celle du Chili. Cela nous amène à étudier un troisième type d'évolution de la communauté : l'adoption par le pays d'accueil. Il ne s'agit pas seulement de s'adapter mais de se faire adopter. En terme d'anglicanisme cela correspond à la diffusion de la religion auprès des populations chiliennes qui fera l'objet de notre troisième partie. 

3. Adoption de la religion par le Chili 

a.     L'évolution de l'anglicanisme au Chili. 

Avant de présenter ce que sont devenues les églises d'origine britannique, il faut comprendre l'évolution de l'anglicanisme au Chili. Ce point historique est nécessaire pour avoir une vision globale et ne pas faire de raccourcis trop faciles. La religion anglicane au Chili a connu trois phases de développement. La première étudiée en première partie. Il s'agissait de répondre aux besoins spirituels des immigrés britanniques. C'est un mouvement qui a lieu dans les chapelles ou sur les bateaux. La plupart des Anglicans n'ont pas de volonté d'étendre leur religion. La Union Church - d'origine écossaise et d'orientation presbytérienne - a une volonté plus missionnaire, notamment à travers de la personne de David Trumbull. Ce dernier arrive au Chili depuis les Etats-Unis avec l'idée de répandre les valeurs protestantes. Pour ce faire, il fonde la Union Church dans le but de convertir les populations locales. Plus tard en 1861, il est à l'origine de la « Valparaíso Bible Society », avec le missionnaire Ricardo Garfield et le commerçant Alexandre Balfour, pour vendre des Bibles et autres livres religieux en différentes langues. Il ne s'agit pas ici d'énumérer tous les projets de diffusion de la foi dans lesquels se sont impliqués les membres de la Union Church. Ces exemples montrent simplement que cette Eglise a suivi une politique missionnaire auprès des chiliens dès sa création contrairement à l'Eglise Anglicane. En effet, cette dernière a développé un mouvement missionnaire mais distinct de celui des chapelles. Chronologiquement, il s'est organisé un peu après mais il ne touche pas les mêmes personnes puisqu'il se dirige exclusivement aux populations indigènes. Dans un Chili catholique, ces populations sont de fait les plus accessibles. Ce mouvement va continuer de se répandre au long des XIXe et XXe siècles pour donner naissance à une troisième étape de l'évolution de l'anglicanisme. Dans les années 1960 - 1970, les populations indigènes sont mieux tolérées dans les villes chiliennes et s'y déplacent. L'Eglise Anglicane suit ce mouvement et, d'une Eglise missionnaire, elle se transforme peu à peu en une Eglise ouverte. Des Chiliens commencent à s'intéresser à cette pratique de la foi sans qu'elle leur vienne d'un ancêtre britannique. Ce mouvement se caractérise par sa rapidité : la première église anglicane de Santiago date de 1979 et la capitale en compte maintenant 17. Dans la région de Valparaíso, ce mouvement s'est traduit par la fondation de l'Eglise San Pedro en 1969 que nous allons étudier plus profondément dans la sous-partie suivante. 

b.     San Pedro et la Union Church ou l'adoption de l'anglicanisme

 Maintenant dans la région, 11 églises anglicanes fonctionnent et 10 sont en espagnol. L'église San Pedro nous intéresse particulièrement car c'est la petite sœur de Saint Peter's - ce n'est d'ailleurs pas un hasard si elles partagent le même patron. Le nombre de fidèles de San Pedro n'a fait qu'augmenter depuis sa création. Les registres de fréquentation de ses débuts ont été perdus mais déjà depuis 1995, les chiffres sont marquants. En moyenne sur une année 143 personnes assistaient au service dominical à San Pedro, en 2002 cette moyenne s'élève à 201 personnes pour atteindre environ 250 personnes actuellementCette augmentation du nombre de fidèles, relativement à la diminution du nombre de descendants britanniques, témoigne de l'ouverture de l'Eglise qui n'a plus aucune vocation à rassembler une communauté britannique. 

256761753_67f19841d7

Certes, Samuel Morrison, le pasteur actuel de la congrégation de San Pedro, est descendant britannique. Mais il est plus l'exception que la règle au sein de la communauté. Ce n'est que le premier pasteur chilien car les pasteurs précédents étaient anglo-saxons - et anglophones mais officiaient en espagnol. L'explication à ce paradoxe est simple : au moment de sa fondation, San Pedro recevait des fonds de la part de sociétés de missionnaires de pays étrangers. Les pasteurs venaient donc de ces pays par l'intermédiaires de ces sociétés. Comme San Pedro a mis du temps à se rendre indépendante financièrement, les pasteurs étaient étrangers jusqu'en 2006. Plusieurs éléments traduisent la perte du lien entre ce mouvement anglican et la communauté britannique. D'abord, cette Eglise ne célèbre plus les fêtes britanniques, elle n'a pas de lien avec le Royaume-Uni. D'autre part, les groupes de lecture qu'elle coordonne sont tournés vers la diffusion de la foi et non plus vers une volonté de créer des liens sociaux comme on le trouvait dans l'anglicanisme britannique. Au fond, c'est une nouvelle forme d'anglicanisme qui s'est développée. Un anglicanisme chilien qui, s'il est hérité des Britanniques à l'origine, se développe sous sa forme propre. Cette évolution rappelle fortement celle d'une grande partie des descendants britanniques qui se sont complètement intégrés au Chili et dont les traditions et coutumes ont été adoptées et « chilenisées ». En somme, les églises britanniques sont un bon indicateur de l'évolution de la communauté. Au fil des années, le phénomène de l'immigration tend à rentrer dans l'histoire et les traces vivantes s'atténuent. Les institutions propres aux immigrants sont en perte de vitesse et le valparagringo intègre dans sa culture des traditions, valeurs et caractéristiques du pays d'accueil. A l'inverse, une partie de la culture britannique a été adoptée par la société chilienne. Cet échange culturel est à souligner car il est à l'origine de nombreuses transformations. On a déjà mentionné dans les premières parties de ses articles les apports britanniques comme le sport, le thé ou les collèges mais les Eglises protestantes du Chili - incluant aussi l'Eglise Luthérienne - ont amené la tolérance religieuse. En ce sens elles ont réellement fait transformer le pays. 

BIBLIOGRAPHIE 
I-              Livres 
  • EDUNDSON, William. A history of the British presence in Chile. From Bloody Mary to Charles Darwin and the decline of British influence, Palgrave Macmillan, 2009.
II-            Articles 
  • COLLINS, Esteban. "Historia de la Union Church"
  • COLLINS, Esteban. "Llegada de los inmigrantes"
  • PRAIN BRICE, Michelle. "Iglesia Saint Paul's, patrimonio tangible e intangible", revista Archivum
  • PRAIN BRICE, Michelle. "La Iglesia Anglicana Saint Paul's como expresión de las transformaciones religiosas, culturales y sociales de Valpraíso. (1858 - 1906)", Dripc, Tesis UAI, 2001, 109 pp.
  • Journal hebdomadaire El Mercurio de Valparaíso, «Iglesia Anglicana Saint Paul's, una Iglesia de tomo y lomo», du 25 au 31/07/2003.
 
III-          Webographie 
 
IV-           Entretiens 
  • Samuel Morrison, pasteur de l'église San Pedro
  • Richard Pamplin, pasteur de l'église Saint Peter's
  • Michelle Prain Brice, historienne et membre du Comité de Restauration de l'Eglise Saint Paul's
  • Eduardo Reyes, professeur de religion au Collège Saint Paul's, membre du bureau de l'Eglise San Pedro
 
V-             Archives 
  • Registres des fréquentations et des baptêmes de l'église Saint Peter's
  • Registres des fréquentations de l'église San Pedro

   


Il est important de noter que ce pasteur nord américain de descendance écossaise jouera un rôle considérable dans la lutte pour la tolérance religieuse, pour la diffusion des idées protestantes et dans la création de la Mackay School dont nous avons déjà parlé.D'après les archives de l'église qui comporte un registre d'affluence.Idem."Au fil des années il y a eu des marriages avec la communauté chilienne et les églises anglophones se sont éteintes peu à peu." Richard Pamplin, pasteur de Saint Peter's Church.Chiffres calculés à partir des registres de fréquentation de l'église.

Retour en haut de page