Charles Tillon est une des figures qui ont marqué l'histoire du Parti communiste français. Né en 1897 à Rennes, il est le fils d'un cheminot militant de la CGT. Engagé volontaire en 1918, il entre dans la marine comme mécanicien. Versé dans la flotte de la Méditerranée, son bâtiment est en mer Noire en 1919. Arrêté comme meneur, Charles Tillon est relâché un an plus tard. Membre de droit du nouveau Parti communiste (SFIC), il devient parallèlement secrétaire départemental puis permanent du syndicat Confédération générale du travail unitaire (CGTU). Avec l'arrivée de Maurice Thorez à la direction du Parti, il entre au Comité central en 1932. En mai 1936, il est élu député d'Aubervilliers et responsable de la section Paris-Nord face au dissident Jacques Doriot.
En 1939, le Pacte germano-soviétique le fait entrer dans la clandestinité après l'interdiction du Parti communiste (PC). Avec le départ pour l'Union soviétique de Maurice Thorez, la direction du Parti tente de se reconstituer. Charles Tillon est en charge du sud-ouest du pays. Après l'invasion allemande, il est membre du secrétariat clandestin. L'attaque contre l'URSS libère le parti d'une position équivoque. Charles Tillon coordonne l'activité clandestine communiste. Il organise les Francs-tireurs et partisans (FTP) pour la guérilla urbaine et la guérilla rurale. En mai 1943, la dissolution du Komintern permet l'unification avec les autres composantes de la résistance française donnant ainsi naissance en février 1944 aux Forces françaises de l'intérieur (FFI).
À la Libération, il prépare l'insurrection nationale. L'absence de directives de Moscou fait peser une incertitude sur l'objectif politique de la lutte armée du Parti. Le retour de Maurice Thorez dissipe les doutes. La légalité républicaine s'impose comme le désarmement des forces de l'intérieur. Le commandement du Comité militaire national des FTP fait appliquer la loi.
Maire d'Aubervilliers, il est devenu une des figures emblématiques du Parti. Député d'Aubervilliers en 1945, il devient ministre de l'Air dans le gouvernement du général de Gaulle. Puis il prend le portefeuille de l'Armement dans le second gouvernement, charge qu'il conserve après le départ du général. Il est ensuite ministre de la Reconstruction dans le cabinet du socialiste Ramadier. En mai 1947, il est évincé du gouvernement avec les autres ministres communistes.
Quelques temps plus tôt, il a été écarté du Secrétariat du Parti mais reste membre du Bureau politique. Il s'occupe avec zèle de l'association des anciens combattants FFI/FTP. Il s'engage également dans le Mouvement pour la paix, instrument de la Guerre froide au service du PC et de l'URSS. En 1950, le Parti entre dans une période de radicalisation. Sa gestion du Mouvement est ouvertement critiquée. Le 1er septembre 1952, il est exclu du Bureau politique puis écarté de toute responsabilité. Réhabilité en février 1957, il se retire dans le Midi. Il publie en 1962 FTP, témoignage pour servir à l'histoire de la Résistance (Julliard, Paris). Lors du Printemps de Prague, il manifeste officiellement son soutien à Dubcek. Deux ans plus tard, il participe à une motion pour la rénovation du Parti. Il attaque ouvertement Georges Marchais, nouveau secrétaire général, sur son passé pendant la guerre. Il est exclu le 3 juillet 1970. Il publie alors un “Procès de Moscou” (Raison présente, Seuil, Paris, 1971), relatant les événements de 1952. Il continue sa lutte contre l’Association des anciens combattants de la Résistance (ANACR) pour faire connaître son passé au sein de l'association.
Il décède le 13 janvier 1993.