Né le 2 janvier 1897 à Cayenne (Guyane), Gaston Monnerville est reçu, en 1912, au concours des bourses métropolitaines et vient à Toulouse pour y achever ses études secondaires. Licencié ès lettres et en droit, il s’inscrit en 1918 au barreau de Toulouse puis à celui de Paris en 1921 où il est pendant 8 ans le principal collaborateur du célèbre avocat César Campichi.
Gaston Monnerville plaide plusieurs grands procès, en particulier celui de l'affaire Galmot devant la cour d'assises de Nantes. À la suite de ce procès, il se présente aux élections législatives de 1932. Il est député radical de Guyane en 1932, réélu en 1936 et il est élu maire de Cayenne en 1935. Il siège à la commission de l'Algérie et à la commission de la Législation civile et criminelle.
Sous-secrétaire d'État aux Colonies dans les 3e et 4e cabinets Chautemps en 1937 et 1938, il fait passer, avec la complicité de Reynaud, Campinchi, Daladier et du président Lebrun, un décret-loi stipulant la fin de la transportation des forçats en Guyane. Engagé volontaire dans la marine, le 3 juillet 1940 son bâtiment se trouve mêlé à l'affaire de Mers-el-Kébir et il ne peut pas prendre part au vote du 10 juillet 1940 à Vichy. Durant la Seconde Guerre mondiale, il milite dans le mouvement Combat et participe activement, sous le nom de commandant Saint-Just, aux maquis d'Auvergne d'octobre 1942 à octobre 1944. À la Libération, il est député à la 1ère et à la 2e Assemblée nationale constituante. Il prend alors une part déterminante dans la départementalisation de la Martinique, de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Réunion. Il est envoyé comme délégué de la France à la 1ère session de l'Organisation des Nations unies (ONU) à Londres en janvier 1946.
Battu aux élections législatives de 1946, il est cependant élu le 15 décembre suivant au Conseil de la République et en devient vice-président. Le 14 mars 1947, à la suite du décès prématuré d'Auguste Champetier de Ribes, Gaston Monnerville est porté à la présidence de la Haute Assemblée, fonction qu’il exerce pendant près de dix-huit ans de 1947 à 1968. Aux élections sénatoriales de 1948, il change de circonscription et devient sénateur du Lot, il y est réélu jusqu’en 1974. Il est par la suite élu conseiller général du canton de Sousceyrac en 1949 et devient président du conseil général du Lot en 1951.
Gaston Monnerville ne participe pas directement à la rédaction de la Constitution de la Ve République mais se montre extrêmement vigilant aux travaux de l'été 1958, coordonnant l'action des sénateurs qui y siègent et ne manquant pas de faire valoir ses points de vue au Garde des sceaux, Michel Debré. Particulièrement satisfait de la création de la Communauté franco-africaine et du rééquilibrage des pouvoirs entre la Chambre haute et la Chambre basse, il appelle à voter oui au référendum du 28 septembre 1958. Désigné pour siéger au Sénat de la Communauté le 8 juillet 1959, il est porté à la présidence de cette assemblée.
En 1962, Gaston Monnerville s’oppose au projet de référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Entre 1962 et 1968, les rapports entre le Sénat et l'exécutif sont très dégradés, limités à ce que le bon fonctionnement des institutions exige. En 1968, Gaston Monnerville ne se présente pas à sa propre succession de président du Sénat, le centriste Alain Poher lui succède. Gaston Monnerville mène cependant une campagne très active en faveur du non au référendum du 27 avril 1969 sur la réforme du Sénat. Redevenu simple sénateur, il participe aux travaux de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées jusqu'au printemps 1973, puis rejoint la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation.
Nommé par Alain Poher au Conseil constitutionnel le 29 février 1974, Gaston Monnerville met un terme à sa longue carrière parlementaire. Après avoir écrit une biographie sur George Clemenceau en 1968 (Gaston Monnerville, Clemenceau, Paris, Fayard, 1968), il livre ses souvenirs dans deux ouvrages publiés en 1975 et 1980 (Gaston Monnerville, Témoignage, Paris, Plon 1975 ; Gaston Monnerville, Vingt-deux ans de présidence, Paris, Plon, 1980). Il décède le 7 novembre 1991. Gaston Monnerville est fait officier de la Légion d'honneur, commandeur des Arts et Lettres, il reçoit la médaille de la Résistance et est titulaire de la Croix de guerre 1939-1945.
D’après les notices du Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 et de 1940 à 1958