Né le 2 septembre 1891 à Caen, Charles-André Julien arrive au Maghreb en 1916 et s'engage très tôt dans la lutte contre les abus coloniaux. À l'âge de 26 ans, il est déjà président de la Ligue des droits de l'homme à Alger et son élection, trois ans plus tard, au poste de conseiller général à Oran, en tant que socialiste, marque son entrée dans la vie publique et son investissement dans les relations entre la France et l'Afrique du Nord.
En 1921, il rencontre Lénine et Trotski à Moscou, puis Paul Vaillant-Couturier au congrès de Tours - où il choisit la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) - et celui qui deviendra Ho Chi Minh.
Collaborateur de Léon Blum, Charles-André Julien est chargé par le leader du Front populaire de créer une structure, le Haut Comité méditerranéen, afin de proposer des solutions aux problèmes de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc. Son élection au Conseil de l'Union française, après guerre, lui permet d'avoir en main tous les travaux de cette assemblée.
À cette époque, il dispose d'un réseau d'informateurs de très grande qualité. Ses relations amicales avec Vincent Auriol lui ouvrent les portes de l'Elysée.
Il possède d'autre part des correspondants fidèles au sein même du clan bourguibien en Tunisie. Il rencontre les leaders des nationalismes algérien (Messali Hadj) et marocain (il est le conseiller occulte de Mohamed V au plus fort de la crise), et il est lié à plusieurs hauts fonctionnaires français d'Afrique du Nord (dont Charles Saumagne et Yves Chataigneau).
Charles-André Julien met sa méthodologie, son savoir et sa réflexion au service du Maghreb. Il est aussi un journaliste engagé et publie pendant la guerre d'Algérie de nombreux articles très provocateurs pour l'époque en faveur de l'indépendance de l'Afrique du Nord.
Une fois les indépendances réalisées, Mohammed V fait appel à lui pour mettre sur pied la faculté des lettres de Rabat dont il est nommé doyen. Lorsqu'il quitte ses fonctions universitaires, il continue à travailler pour la connaissance de l'Afrique en dirigeant une collection de biographies, Les Africains, éditée par Jeune Afrique.
Il décède le 19 juillet 1991.
Inès de Giuli