Fils de Ludovic et frère cadet d'Élie, Daniel Halévy, né à Paris le 12 décembre 1872, appartient au milieu de la haute bourgeoisie parisienne.
Ses études se déroulent au lycée Condorcet, où il se lie avec Marcel Proust. Il découvre Nietzsche, dont il publie en France les premières traductions dès sa sortie de lycée et suit, à partir de 1892, des études d'arabe à l'École des langues orientales.
En 1897, il s'engage dans l'affaire Dreyfus et contribue à recueillir des signatures pour la pétition des intellectuels. Une des leçons qu'il tire de l'Affaire l'amène à s'engager dans un mouvement d'éducation populaire en participant à la création de la Société des universités populaires en mars 1899.
L'immédiat avant-guerre est caractérisée par son engagement à gauche et ses relations personnelles (Georges Sorel, Charles Péguy, Paul Desjardins) qui, pour certaines d'entre elles, se distendent quelques années plus tard.
Après la guerre 14-18, à laquelle il participe en tant qu'interprète auprès des alliés, Bernard Grasset lui confie la direction de la collection des "Cahiers verts" (1921) qui lance de nombreux jeunes écrivains. Son salon du quai de l'Horloge devient un lieu de rencontre entre des hommes de lettres de générations et de sensibilités politiques différentes. En même temps, Daniel Halévy entreprend des voyages en Europe, et se fait le défenseur d'une Europe intellectuelle et cosmopolite qu'il voit disparaître (Courrier de Paris, Paris, Éditions du Cavalier, 1932, et Courrier d'Europe, Paris, Grasset, 1933). Cette époque est aussi pour lui le temps d'un retour progressif à l'histoire, étroitement mêlée à une évolution très nettement pessimiste et conservatrice qui le conduira à la critique de la République parlementaire (Décadence de la liberté, Paris, Granel, 1931), de même qu'à l'observation de la disparition de la civilisation rurale (Visite aux paysans du Centre, Paris, Grasset, 1921 et 1934). Sa réflexion historique se traduit, entre autres, par deux essais sur les débuts de la IIIe République, La fin des notables (Paris, Grasset, 1930) et La République des ducs (Paris, Grasset, 1937) ainsi que sa participation étroite à la fondation de la Société d'histoire de la IIIe République. Ses essais associent l'histoire des débuts du régime républicain et la critique dans un sens clairement antiparlementaire. Malgré l'emploi de certains thèmes réactionnaires, il se tient nettement à distance de Charles Maurras et de ses disciples.
La défaite lui fait écrire un essai, Trois épreuves : 1814, 1871, 1940 (Paris, Plon, 1941) qui tend à soutenir les premières réformes du gouvernement de Vichy. Son évolution personnelle, qualifiée de "réactionnaire" dans l'entre-deux-guerres, lui vaut une disgrâce dans l'après-guerre.
Il décède à Paris le 4 février 1962.
D'après Sébastien Laurent, Daniel Halévy : du libéralisme au traditionalisme, Bernard Grasset, 2001, 595 p.