Philippe Devillers (pseudonyme de Philippe Mullender) est né le 11 novembre 1920 à Villers-Cotterêts (Aisne). Il est diplômé de l’École libre des Sciences politiques (ELSP) en 1939, licencié en droit en 1940, puis d’études supérieur de droit (droit public et économie politique) en 1943, puis docteur ès-lettres en histoire.
Fin 1942, il devient rédacteur au ministère de la Production industrielle. À la Libération, il est nommé chef de cabinet du commissaire à l’approvisionnement de la région parisienne.
Remobilisé en juillet 1945, il est dès novembre à Saïgon attaché à l’état-major du général Leclerc, commandant en chef du corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient. Il est aussi correspondant du journal Le Monde en Indochine (1945-1946). Philippe Devillers, en cette période cruciale, découvre alors les problèmes asiatiques, dont il devient, dès 1947, un spécialiste reconnu.
En novembre 1948, il entre au Secrétariat général du gouvernement comme chef-adjoint du cabinet d’André Segalat. La nature même de ses fonctions en font, en 1952, un observateur privilégié des grands événements qui marquent alors les relations internationales, notamment la signature du Pacte atlantique (avril 1949), la victoire communiste en Chine, la guerre de Corée et le débat sur l’unité et le réarmement de l’Allemagne. Il publie en 1952 un livre sur les origines de la guerre d’Indochine (Histoire du Viêt-Nam de 1940 à 1952, Paris, Seuil, 1952.), un ouvrage qui met fin à ses fonctions à Matignon.
Il poursuit sa carrière dans le secteur privé et devient successivement rédacteur en chef de la revue professionnelle Ventes et publicités (1952-1953), chargé d’études économiques et commerciales au comptoir de l’Industrie cotonnière/Établissements Boussac (1955-1957), à la Compagnie électro-mécanique-Conord (1957-1961), à l’Union pour l’étude de marché de l’électricité UNIMAREL (1961-1963) et enfin au Centre national du commerce extérieur (CNCE) (1963-1965), grâce auquel il peut reprendre un contact direct avec l’Asie du Sud-Est.
Sa connaissance des problèmes de cette région lui vaut d’abord d’être invité à enseigner, en 1965 et 1966, à l’Université Cornell aux États-Unis, puis d’entrer au CNRS, où il est nommé maître de recherche en 1967. Il est affecté au Centre d’études des relations internationales (CERI) de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qu’il fréquente depuis 1959 et où il prend la direction de la section Asie du Sud-Est. Il y reste jusqu’à sa retraite en 1987. De 1965 à 1987, il donne en outre des cours sur l’Asie du Sud et du Sud-Est à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris. Rédacteur en chef de la revue France-Asie (1965-1970), il est élu, en 1972, membre titulaire de l’Académie des sciences d’outre-mer.
Il s’est personnellement engagé dans le développement des relations politiques entre la France et l’Indochine, à travers différentes organisations telles que l’Association d’amitié franco-vietnamienne et l’Association France-Cambodge. Il s’est aussi engagé dans les combats pour l’unité et l’indépendance du Viêtnam et pour la paix, contre la guerre du Viêtnam (en France et aux États-Unis), puis comme gaulliste de gauche pour la détente en Europe. Journaliste, chercheur puis historien, Philippe Devillers est l’auteur de 8 ouvrages et de plus de 800 articles (dont une trentaine en anglais). Il a été traduit dans 17 langues.
Il décède le 15 janvier 2016.
D’après une notice rédigée par Philippe Devillers