Le projet de recherche

Futurepol cherchait à répondre à la question suivante : “Comment le futur devient-il un objet scientifique et politique? Comment devient il connu (knowable) et influençable (governable)? ». Le projet a mis en lumière l’histoire complexe de la futurologie, la prospective, la future research, et les futures studies : une activité qui prend ses racines dans l’entre-deux-guerres mais qui explose dans les années 1960.

Jenny Andersson a obtenu un Starting Grant du Conseil Européen de la Recherche (European Research Councl, ERC) pour mener un projet de recherche de 5 ans sur l’histoire de la production de savoirs et des formes de gouvernance dédiées au long terme. Le projet intitulé « Futurepol – Une histoire politique du futur » a débuté en janvier 2012 et sera terminé en septembre 2017.

Dans le cadre du projet, cinq chercheurs dotés de compétences variées et suivant des orientations épistémologiques différentes ont retracé la circulation de ces formes de savoirs prédictifs dans un espace global, leur interaction avec des systèmes gouvernementaux dans des régimes libéraux et autoritaires, et la construction, dans l’après Seconde Guerre mondiale, d’une expertise sur la  prédiction. Plusieurs conclusions importantes pour l’histoire intellectuelle de la période de la guerre froide et du temps présent ont été tirées du projet:

1. Les recherches sur le futur étaient porteuses d’une réflexion clé sur la globalité et sur l’interdépendance des différentes parties du monde, dès 1945.

2. L’expertise sur la prédiction s’est forgée comme un champ multidisciplinaire, qui dépend de formes de savoir complexes, mêlant les sciences sociales à d’autres répertoires d’engagement et les formes d’expertise tel que le militantisme, le journalisme, ou bien l’art; et qui mêle aussi, pendant, la guerre froide tentative de contrôle sur le temps avec des nouvelles formes de résistance, voir même un nouvel utopisme qui cherche à projeter un autre monde au delà de la bipolarité. 

3. La façon dont cette multidisciplinarité de la prédiction a donné naissance à des formes d’expertises sur la prédiction, ainsi que des experts en prospective, qui, à partir des années 1970, sont directement impliqués dans des procédures de gouvernance sur le plan mondial, et qui émanent bien souvent du monde du conseil et des think-tanks tels que le Millennium Project à Washington, ce type d'expertise reposant dans une grande mesure sur des formes de production de savoirs que l'on peut lier au néolibéralisme. 

4. L’interaction entre prédiction et gouvernement, à l’Ouest et à l’Est, pendant la guerre froide, et la façon dont les régimes libéraux, tout comme les régimes autoritaires ont développé des formes de planification du ‘long terme’ qui leur permettait de gouverner tant le monde extérieur que le monde intérieur, et qui se focalisaient, entre autres, sur l’évolution des valeurs des populations.

Le projet a été composé de quatre volets différents: 

  1. Circulation de savoirs autour de la futurologie, future research, futures studies dans un champ transnational et global 1945-1990, Jenny Andersson 
  2. Prédiction et globalité; construction des problèmes dits ‘communs’ ou globaux, et modèles mondiaux comme pédagogie radicale, Sibylle Duhautois et Adam Freeman
  3. Futurologie, analyse de système, et transformations du système communiste, Viteszlav Sommer et Egle Rindzeviciute
  4. Prospective et planification, Jenny Andersson et Pauline Prat
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