Alice Debauche
Viol et rapports de genre : émergence, enregistrement et contestations d’un crime contre la personne
Directeur : Michel Bozon (INED), en collaboration avec Maryse Jaspard (INED-IDUP)
Thèse soutenue
le 13 décembre 2011
Mention très honorable avec les félicitations du jury
Jury :
Michel Bozon (dir.),
Alain Chenu,
Maryse Jaspard (co-dir.),
Catherine Marry
, Claude Martin
, Irène Théry
Ce travail de recherche porte sur le viol, problème de société qu’il s’agit de construire comme un objet sociologique. L’étude est centrée sur les dernières décennies du vingtième siècle : l’amorce d’un débat public sur le viol se produit dans les années 70, sous l’influence des mouvements féministes, et une définition légale lui est donnée par la loi de 1980, ce qui permet de poser les termes d’un débat qui se poursuit encore et de commencer un enregistrement systématique des données concernant le viol. Un cadre d’interprétation important du phénomène du viol est celui des rapports sociaux de sexe, ou rapports de genre : il s’agit en fait de voir ce que l’évolution du phénomène du viol peut traduire de l’évolution des rapports de genre, qui ont sensiblement évolué sur cette même période.
L’approche est centrée sur une analyse critique des sources quantitatives : statistiques policières, sources et statistiques judiciaires, enquêtes sociologiques sur la sexualité ou la santé (ACSF, ACSJ et Baromètre Santé 2000 en particulier) et enquêtes de victimation (notamment l’Enquête sur les Violences Envers les Femmes Françaises). Ces différentes sources n’ont jamais été rapprochées systématiquement, et devraient permettre d’affiner les estimations quant au nombre de faits, de dresser une classification des différents types de viols et d’établir une carte sociale des actes. Un corpus de sources qualitatives, défini de manière très large (témoignages et récits, films, articles de journaux…), sera également constitué, afin de décrire l’univers des réactions et des représentations individuelles et collectives, afin d’interpréter les changements et les permanences que révèle cette forme de violence dans notre société. Un recours à la comparaison internationale devrait permettre d’éclaircir les points que les données françaises ne suffisent pas à éclairer.