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28.04.2025
Stéphane Braunschweig : du texte à la scène
Le 4 avril 2025, les étudiants ambassadeurs de la Maison des Arts & de la Création ont accueilli le metteur en scène Stéphane Braunschweig pour un échange soigneusement préparé.
À travers cette rencontre, ils ont souhaité retracer l'itinéraire singulier d’un artiste hors-norme qui semble avoir mené de front plusieurs carrières, faisant dialoguer réel et imaginaire, identité et universel, privé et public, par le prisme du théâtre, c’est-à-dire de la rencontre entre un texte et un espace.
Né en 1964 à Paris, Stéphane Braunschweig entreprend sa formation théâtrale auprès d'Antoine Vitez, à l'École de Chaillot, après des études de philosophie à l'École normale supérieure. Metteur en scène et scénographe, il a monté pas moins de quatre-vingt pièces de théâtre et d’opéra. De Sophocle à Arne Lygre, en passant par Molière, Racine, Shakespeare, Ibsen, Tchekhov ou bien encore Pirandello, sans oublier Mozart ou Wagner, Stéphane Braunschweig conçoit ses mises en scène comme « des petits bouts d'un seul grand parcours ». En parallèle de son activité artistique, il a dirigé de nombreuses institutions culturelles : le Centre dramatique national/Orléans-Loiret-Centre (de 1993 à 1998), le Théâtre national de Strasbourg et son École (de 2000 à 2008), le Théâtre national de la Colline (2010-2015) et, enfin, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, de 2016 à 2024. Après près de 30 ans de direction de théâtres, il se consacre aujourd'hui pleinement à son travail artistique. En 2025, il met en scène La Flûte enchantée de Mozart à Stockholm, Le mariage secret de Cimarosa à l’opéra San Carlo de Naples, et Iolanta de Tchaïkovski à l’opéra de Bordeaux.
Dans les coulisses de la rencontre
Dans le cadre de l'atelier “Au cœur de la MAC”, les étudiants deviennent ambassadeurs, participent pleinement au processus d’apprentissage et construisent eux-mêmes leur projet. Au début du semestre, Esther Rogan, responsable académique de la Maison des Arts & de la Création, leur avait ainsi donné « carte blanche » en les interrogeant sur leur souhait : après avoir envisagé plusieurs hypothèses, ils ont retenu l’idée d’inviter Stéphane Braunschweig, tant pour son regard et son parcours artistiques, que pour les responsabilités qu’il a exercées à la tête de plusieurs institutions culturelles.
Pour préparer cette rencontre, les ambassadeurs ont effectué un véritable travail d’équipe et ont fait preuve d’organisation, de coordination et d’à-propos. En amont de la rencontre, tandis que certains effectuaient un travail de recherches bibliographiques pour entrer dans le parcours du metteur en scène et scénographe, d’autres ont visionné de nombreux extraits des pièces qu’il a mises en scène. D’autres, enfin, ont lu attentivement son ouvrage Petites portes, grands paysages, publié aux éditions Actes Sud en 2007.
Car modérer une rencontre ne consiste pas seulement à enchaîner des questions : c’est aussi concevoir l’échange dans sa globalité, avec une progression, dans un temps imparti et contraint. Cela implique donc de structurer sa pensée, de synthétiser les informations, tout en les formulant de façon concise, claire et précise. Les étudiants ont ainsi dû s’accorder sur leur vision de l’échange et la façon dont chacune et chacun allait y contribuer et le conduire.
Pour cette phase de préparation, ils ont également bénéficié de l’accompagnement de Marie-Madeleine Rigopoulos, journaliste littéraire, chroniqueuse littéraire au Nouvel Économiste, directrice artistique du Festival du livre de Paris de 2021 à 2023 et ancienne chroniqueuse littéraire sur Europe 1 et France Inter. Marie-Madeleine Rigopoulos est venue prodiguer ses conseils et bonnes pratiques aux ambassadeurs, forte de sa longue expérience d’échange et de modération de rencontres littéraires. De la posture à la gestion du temps, en passant par le sourire, l’écoute et l’ouverture à son interlocuteur pour rendre possible un véritable échange, cette phase de préparation a permis aux ambassadeurs d’entrer dans les rouages de la modération et d’arriver en confiance le 4 avril, pour la rencontre avec Stéphane Braunschweig.
Le jour J : une rencontre qui ne s'improvise pas
Après une introduction de son parcours ponctuée d’extraits pour plonger au cœur de son travail, les ambassadeurs sont revenus sur le parcours artistique de Stéphane Braunschweig afin de mieux comprendre ce qui l’avait conduit, après des études de philosophie, à devenir metteur en scène. Cette séquence leur a également permis d’aborder son style épuré, ainsi que la place du spectateur, dont Stéphane Braunschweig affirme qu’il doit « travailler » pendant la pièce, c’est-à-dire avoir l’espace nécessaire pour convoquer son imaginaire mais aussi réfléchir. Les ambassadeurs en sont ensuite venus aux fonctions que Stéphane Braunschweig a exercées, faisant le choix de joindre, à sa pratique artistique, une pratique de direction théâtrale, qu’il s’agisse du Théâtre national de Strasbourg, de la Colline ou encore plus récemment du Théâtre national de l’Odéon. L’échange s’est alors tourné vers des questions de politiques publiques, notamment budgétaires, et vers l’avenir de la création théâtrale, avant de se conclure par la synthèse de deux étudiantes ambassadrices.
Comprendre que la prise de parole en public, aussi spontanée semble-t-elle être, demande en réalité beaucoup de travail et de préparation en amont, de la coordination, de la précision, de l’écoute, et beaucoup d’attention à la situation présente afin de mieux en épouser les contours et pour que la rencontre soit appréciée des deux côtés : tels sont les enseignements de cette expérience. Contrairement aux apparences, l’improvisation ne s’improvise pas. De son côté, Stéphane Braunschweig a particulièrement apprécié cet échange, et le fait que la rencontre ait été si bien préparée. Un grand merci à lui d’avoir accepté cette invitation, et d’avoir fait preuve d’écoute et de générosité dans ses réponses.
Passion, responsabilité et avenir : les questions des ambassadeurs
Emma Domingues a commencé par retracer le parcours de Stéphane Braunschweig avant de l'interroger sur l’origine de sa passion pour le théâtre et la mise en scène. Elle a cherché à comprendre les facteurs déterminants de ce parcours, qu’il s’agisse de prédispositions, de rencontres ou d'événements marquants. Ensuite, Carla Lindstedt a proposé un aperçu de son parcours artistique, abordant sa scénographie minimaliste et son choix de textes, parfois contemporains, parfois classiques, dont les mises en scène résonnent avec l'actualité. Elle a interrogé le metteur en scène sur la manière dont il concilie fidélité au texte et interprétation contemporaine.
Ana Sanchez-Geny a exploré son intérêt pour l’opéra, une forme à laquelle il se consacre cette année, en interrogeant Stéphane Braunschweig sur la relation qu’il entretient avec la musicalité. Puis, elle a abordé le volet politique du théâtre, soulevant la question de la responsabilité de l'artiste dans la manière dont il présente ses textes. La question de la responsabilité a été prolongée par Ariane Guyon, qui a orienté la conversation sur les fonctions endossées par Stéphane Braunschweig à la tête d’institutions culturelles, et sur la manière dont il adapte sa vision artistique aux spécificités de chaque lieu.
Enfin, Servane Jospin a interrogé le metteur en scène sur le regard qu'il porte sur l’évolution du secteur culturel au cours des trente dernières années, et sur les politiques d’aide susceptibles de favoriser une meilleure production et diffusion. L’échange s’est conclu avec Alexandre Doré, qui a demandé à Stéphane Braunschweig de partager ses aspirations futures ainsi que quelques conseils aux metteurs en scène et artistes en herbe.