Léo Hamon naît à Paris le 12 janvier 1908 et y poursuit ses études à l’École alsacienne puis aux facultés de lettres et de droit. Amis de Rosa Luxemburg, ses parents, médecin et fonctionnaire de l’administration tsariste, ont dû quitter Saint-Pétersbourg pour l’Allemagne puis pour la France, où ils ont rejoint d’autres émigrés après l’échec de la révolution de 1905. À Paris, le jeune Goldenberg, qui prend plus tard comme nom son pseudonyme de résistant, conduit parallèlement une carrière d’avocat réputé et de professeur estimé et devient en 1958 agrégé de droit public.
Avant même que les Allemands n’envahissent la France, il s’inquiète des menaces du nazisme et, naturellement, se rapproche de la gauche. Aussi, tout en poursuivant son métier de juriste, s’intéresse-t-il de plus en plus au mouvement des idées et à l’action politique. Il fréquente donc tout ce qui est prêt à s’opposer à l’occupant, et, lorsque l’occasion s’en présente, devient un actif résistant. Il est responsable du mouvement Combat, de l’action ouvrière pour la région du Languedoc, il est ensuite adjoint d’Yves Farge au Comité d’action contre la déportation (CAD) puis responsable de Ceux de la Résistance (CDLR) pour la région parisienne et siège au Comité parisien de Libération. C’est à ce titre qu’il est vice-président du comité parisien de la Libération et participe même aux tractations avec les Allemands pour éviter le pire, c’est-à-dire que Paris ne brûle.
Devenu membre de l’Assemblée consultative provisoire comme représentant du Mouvement républicain populaire (MRP) et, au titre de ce parti, conseiller de Paris et sénateur de la Seine, il est exclu du mouvement chrétien démocrate en 1954 en raison de son hostilité à la Communauté européenne de défense (CED), dans laquelle il voit une atteinte à la souveraineté nationale. Il adhère en 1959 à l’Union démocratique du travail (UDT), mouvement gaulliste de gauche qui s’alliera avec l'Union pour la nouvelle République (UNR) pour éviter une dérive droitière du mouvement gaulliste.
En 1967, il adhère à l’Union des démocrates pour la République (UDR) et est élu député de la 4e circonscription de l’Essonne en 1968. Pour la première fois en 1969 jusqu’à 1972, ce militant infatigable, portant toujours de lourdes serviettes remplies de manuscrits qui seront autant de livres ou d’articles, sans cesse prêt à débattre courtoisement mais indéfiniment, devient membre du gouvernement Chaban-Delmas avec le titre de porte-parole du gouvernement puis de secrétaire d’État chargé de la Participation et de l’Intéressement. Dans le même temps ; il fonde le club Initiative républicaine-socialiste, estimant qu’entre gaullistes et socialistes les liens doivent être renforcés.
Toujours attiré par la gauche mais refusant de rompre avec le gaullisme, Léo Hamon a souvent recourt à une subtile dialectique pour ne pas être déchiré. C’est encore ce qu’il a fait ces derniers jours en se rapprochant du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement. Comme il avait naguère préféré Chaban-Delmas à Chirac, après avoir cependant accepté d’entrer au gouvernement par la grâce de Georges Pompidou.
André Passeron, nécrologie, Le Monde du 30 octobre 1993, à la suite du décès de Léo Hamon le 27 octobre 1993.