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05.12.2023

Le travail en quête de sens

L'École du management et de l’impact (EMI), son Master RH et gouvernance durable et la Chaire Transformation des organisations et du travail de Sciences Po ont conjointement organisé un échange sur le dernier ouvrage collectif dirigé par Bruno Palier “Que sait-on du travail ?”. 

La conférence, sous le thème du "Travail en quête de sens", a permis à quatre contributeurs au livre de dialoguer avec Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT et Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH, et de recueillir leurs perceptions et préconisations.

La première partie de la conférence s’est attelée à présenter les points saillants des recherches de quatre experts. 

  • Maelezig Bigi, sociologue et maîtresse de conférences au CNAM, a mis en évidence, à la suite d’un article écrit avec Dominique Méda, ce qui a vraiment changé dans le rapport des français au travail et la centralité de la question des conditions de travail
  • Thomas Coutrot, chercheur associé à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), a traité de la santé mentale et des risques psycho-sociaux du travail, en mettant en exergue l’importance d’accroître le pouvoir d'agir des travailleuses et travailleurs sur les conditions, l'organisation et la finalité de leur travail. 
  • Marion Leturcq, chargée de recherche à l’INED, a évoqué les résultats d’une étude sur l’impact limité de l’index d’égalité professionnelle, qui invite à s’interroger sur cette solution et son efficacité au regard des coûts qu’elle induit. 
  • Bruno Palier, Directeur de Recherche CNRS et Professeur à Sciences Po, a établi le constat de la distance avérée entre les lieux de prescription et les lieux de production et a invité à ne plus considérer le travail comme un coût, mais comme un atout dans lequel investir.


La seconde partie de l'événement a été consacrée au recueil des remarques et apports de Marylise Léon et de Benoît Serre, suite à leur lecture de l’ouvrage. Ce fut l’occasion pour les deux invités de partager leurs points de vue sur le rôle crucial du travail dans la société et de débattre avec les quatre experts de ses défis actuels et futurs.

Marylise Léon a, entre autres, rappelé la vision de la CFDT du travail en tant qu'enjeu majeur de débat public. Elle a mis en avant l'idée que le travail ne devrait pas être uniquement considéré comme un moyen de subsister, mais surtout comme un “élément fondamental de la construction des identités, de la sociabilité et un moyen de modifier notre rapport au monde”. Elle a souligné que l'amélioration du travail est un levier essentiel pour améliorer nos sociétés.

Benoit Serre, lui, a considéré la crise Covid comme frontière qui a “mis en lumière ce que l'on savait déjà”. Selon lui, avant la pandémie et ses effets structurels sur le travail, il n'y avait pas réellement d'intérêt collectif à agir sur les modèles de management : aujourd'hui, c’est inévitable . Il a souligné trois points clés sur la qualité du travail : la nécessité de donner du sens à sa position dans la chaîne de valeur collective, l'aspiration à l'autonomie et le besoin central de reconnaissance et de compétences.

Les divers intervenants ont plaidé en faveur d'un équilibre entre les politiques environnementales et sociales, mettant en garde contre la “perte de la bataille de la compétence” dans un monde où l'attractivité repose sur le niveau de compétence supplémentaire. Enfin, la question de l'IA générative a été soulevée comme un enjeu majeur à prendre en compte dès aujourd'hui pour éviter une catastrophe sociale. Il est ainsi important de placer ce sujet au cœur du dialogue social, en reconnaissant les gains de productivité potentiels qu’il implique, tout en minimisant les risques associés.