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22.11.2023

Maximilien, le cinéma pour passion

Maximilien Saint-Cast (crédits : Mathieu Vouzelaud)

Découvrez le parcours de Maximilien Saint-Cast, étudiant de la spécialité Administration publique de l'École d'affaires publiques de Sciences Po, dont le film documentaire "Our Brothers’ & Sisters’ Keepers" a été projeté en avant première le 9 décembre 2023 au Grand Rex.

Vous avez fondé Studio N il y a quelques années, pourriez-vous nous présenter en quelques mots cette association ? 

Bien sûr ! Studio N est une association de réalisation audiovisuelle que j’ai fondée il y a 6 ans maintenant avec des amis proches. Je suis passionné par le cinéma depuis mon jeune âge et à partir du collège, j’ai commencé à dévorer de plus en plus de films. Cela m’a donné l’envie  de devenir plus que spectateur et j’ai donc écrit en 2017 mon premier court-métrage de  fiction. Alors en classe de seconde et complétement néophyte en matière d’audiovisuel au-delà de ma passion pour le visionnage, j’ai créé une page Facebook pour inviter à me rejoindre les jeunes autour de moi souhaitant s’investir dans la création du film.  

Très vite, de plus en plus de personnes ont intégré le projet, parmi lesquelles Nathan Duquet et Gaël Cathala qui sont devenus par la suite membres du Bureau de l’association. D’horizons, de milieux sociaux et de lycées différents, nous nous sommes bientôt retrouvés à une vingtaine, portés par notre passion commune pour le cinéma.  

Une fois achevé, ce premier film a été sélectionné par plusieurs festivals nationaux et  internationaux et a généré plusieurs milliers de vues sur YouTube. En parallèle, de nombreux  jeunes dans notre entourage nous ont fait savoir qu’ils aimeraient pouvoir s’investir dans des  projets similaires. Nous avons alors créé l’association Studio N, qui a pour but de permettre à  la jeunesse de faire ses premiers pas dans le monde du cinéma.  

Rapidement, l’association a grandi. Moins d’un an après son officialisation, elle comptait déjà plus de 100 membres. Aujourd’hui, Studio N est la première association de réalisation  audiovisuelle de France en termes d’adhérents, avec plus de 350 personnes en son sein. Depuis ses débuts, elle a permis la production de nombreux projets, sur des thématiques très diverses, et ce grâce à des partenaires publics et privés fidèles et généreux. Elle compte aujourd’hui à son actif 2 long-métrages, 2 films documentaires, 2 web-séries et près d’une vingtaine de courts-métrages.  

Cette réussite, associée à la montée en compétence des membres du Conseil d’Administration en gestion de projets cinématographiques, m’a poussé avec certains d’entre eux à aller plus loin dans notre capacité à créer et à soutenir de nouvelles aventures audiovisuelles. C’est ainsi que l’année dernière, en parallèle de nos études supérieures et après une levée de fond de  plus de 130 000€, nous avons fondé la société de production Studio N.  

Cette dernière vient compléter les actions de l’association, dont la mission d’éducation à  l’image nous tient toujours particulièrement à cœur, et a pour but de nous permettre de porter des projets d’une nouvelle dimension… avec la volonté, à terme, de pouvoir vivre de notre passion. 

Un mot également sur la Fédération Française du Cinéma Associatif dont vous avez été à l'initiative ? 

La création de la Fédération Française du Cinéma Associatif (FFCA) est née d'un constat : malgré la croissance rapide et remarquable du cinéma associatif dans l’Hexagone, ce dernier souffre d’un manque de reconnaissance dans le paysage cinématographique français. Avec la volonté de remédier à cette situation, Studio N a donc initié la création de la FFCA, qui a pour  ambition d’offrir une plus grande visibilité et légitimité au cinéma associatif, et dont j’assure aujourd’hui la présidence.  

L'objectif principal de la FFCA est de créer un réseau dynamique et solidaire d'associations de cinéma à travers la France. Ce réseau se veut un carrefour d'échanges d'expériences, de ressources et d'opportunités, renforçant ainsi la collaboration et l'entraide entre les passionnés de cinéma. En parallèle, la fédération désire accroître la visibilité des productions  associatives, les rendant plus accessibles et reconnues par le grand public et les institutions,  telles que le Centre National du Cinéma (CNC) par exemple. 

Pour atteindre ces objectifs, la FFCA déploie différentes stratégies. Elle a créé un espace d'échange sur les réseaux sociaux, développe des outils de communication efficaces et organise des rencontres régulières entre les instances dirigeantes des associations. Ces initiatives visent à faciliter le partage d'informations, la mise en réseau et la mutualisation des audiences. 

À moyen terme, la FFCA projette également l’organisation d’événements d'envergure, dont le plus notable est un festival du cinéma associatif dont la première édition est prévue pour l’été 2024. Ce festival offrira une plateforme exceptionnelle pour la présentation et la célébration des œuvres cinématographiques associatives, contribuant ainsi à leur reconnaissance sur la scène nationale et internationale. 

En somme, la FFCA se veut être un tremplin pour le cinéma associatif français. Elle vise à offrir un soutien structurel et organisationnel aux associations existantes mais est également une opportunité précieuse pour toute association désireuse de s'impliquer davantage dans le domaine, d’élargir son horizon et de contribuer activement à l'évolution du paysage cinématographique associatif.

Parlons plus précisément de votre dernière production "Our Brothers’ & Sisters’ Keepers". Pouvez-vous expliquer le contexte et présenter ce documentaire ? 

"Our Brothers' & Sisters' Keepers" est un film documentaire qui se veut profondément humain et poignant, né en réaction à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. Particulièrement touchés par la crise humanitaire et la détresse du peuple ukrainien, mon équipe et moi-même avons tout de suite décidé d'agir. Après mûre réflexion, nous sommes  arrivés à la conclusion que la meilleure manière pour nous d’aider était de proposer ce que  nous savons faire de mieux : créer des images. C’est ainsi qu’est né le premier film documentaire de l’association Studio N.  

Ce film est le fruit de notre volonté de donner la parole aux réfugiés et aux bénévoles internationaux, en évitant le sensationnalisme et en mettant l'accent sur l'aspect humain qui est au cœur de cette crise. En juillet 2022, nous nous sommes rendus à Przemyśl, une ville polonaise située à seulement 15 kilomètres de la frontière ukrainienne. Là, nous avons passé près d'une semaine à recueillir des témoignages émouvants au sein du "Tesco", un supermarché désaffecté transformé en l’un des plus grands centres d'accueil de réfugiés ukrainiens en Europe. 

Ces voix, celles des femmes et des hommes affectés par la guerre, sont actuellement présentées lors d'avant-premières dans les cinémas CGR de plusieurs villes de la Région Nouvelle-Aquitaine, complétées d’une projection spéciale au Grand Rex à Paris le 9 décembre prochain. Ces témoignages ne sont pas seulement des récits ; ce sont de véritables appels à la solidarité et à une meilleure compréhension de ce que vivent ces hommes, ces femmes et ces enfants déracinés. 

Ce documentaire est un projet dont nous sommes particulièrement fiers chez Studio N. Il est à ce jour celui qui nous a emmené le plus loin, tant sur le plan humain que géographique. Sa construction scénaristique unique et le message vibrant qu'il porte rendent ce film particulièrement spécial pour nous. Notre but a toujours été de transmettre des émotions fortes à travers nos créations, et "Our Brothers’ & Sisters’ Keepers" incarne cette ambition avec, je le crois, une sincérité et une justesse remarquables grâce à la force des témoignages qui y sont présentés. 

Les avant-premières représentent une opportunité unique de partager ces émotions et ce  message crucial avec le public, qui peut réserver ses places sur le site avp.studio-n.fr. Nous  espérons que de nombreuses personnes nous rejoindront pour ces projections spéciales, pour partager ensemble ces récits puissants et pour honorer l'esprit de solidarité et de résilience  qui anime les « gardiens de nos frères et sœurs ».

Quelles sont les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques, et plus particulièrement de votre spécialité Administration publique, envers cette activité parallèle que vous menez aujourd'hui ? 

Ma formation à Sciences Po, et actuellement au sein de l'École d'affaires publiques, enrichit considérablement mon travail au sein de la société Studio N et dans mes missions associatives.  

Elle permet tout d’abord d'approfondir une certaine compréhension des enjeux sociétaux, indispensable pour créer des films et des documentaires pertinents et impactants, tels que « Our Brothers’ & Sisters’ Keepers » par exemple. La capacité à saisir et à dépeindre les complexités sociales au travers d’une œuvre cinématographique est une compétence précieuse que je cultive grâce aux enseignements que je suis. 

Par ailleurs, les rencontres que j'ai faites à Sciences Po avec des camarades inspirants, tels que par exemple Carla Munnier qui est aujourd’hui membre du Comité de Direction de la société et elle aussi étudiante à l’École d'affaires publiques, jouent également un rôle clé dans mon parcours entrepreneurial. Notre passion commune pour le changement social par le biais du cinéma, leurs perspectives variées, leur soutien et leur expertise contribuent grandement à la vision et à l'exécution de mes différents projets. 

En outre, ma formation me permet de mieux naviguer dans le paysage de l'administration publique, une connaissance cruciale pour un producteur. Les collaborations avec des instances telles que le CNC et les autorités régionales sont souvent complexes et nécessitent une compréhension précise de leur fonctionnement. Cette compétence m'est essentielle pour obtenir des financements, des autorisations et des subventions, vitaux pour le développement  et la réalisation de nos projets cinématographiques. 

Ainsi, je dirais que les connaissances et compétences acquises au sein de l'École d'affaires publiques sont plus qu’utiles à mes projets professionnels et associatifs ; je les applique directement dans mes activités quotidiennes et les mets au service de l'ambition de Studio N qui est de produire des œuvres cinématographiques faisant écho aux préoccupations contemporaines et encourageant le dialogue social.

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