Entretien avec Hugo Meijer

19/03/2019
Hugo Meijer

Hugo Meijer a rejoint le CERI en janvier 2019 comme chargé de recherche CNRS. Ses travaux se situent à l’intersection de l’analyse de la politique étrangère et des études de sécurité. Il a accepté de répondre à nos questions et nous parle de son parcours académique et de ses sujets de recherche actuels.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique et vos recherches passées et nous dire quelques mots de vos centres d’intérêts personnels ?

Hugo Meijer : Je suis de nationalité française et néerlandaise et je suis né en Italie où j’ai grandi. Après un Bachelor of Arts à la LUISS Guido Carli à Rome, j’ai obtenu un master en Relations internationales à la Paul H. Nitze School of Advanced International Studies (SAIS) de l’université Johns Hopkins (une année à Bologne et une année à Washington D.C.). J’ai ensuite rédigé une thèse en Relations internationales à Sciences Po, Paris sur la politique étrangère et de défense des États-Unis à l’égard de la Chine, et plus spécifiquement sur le processus décisionnel dans la politique de transfert d’armement des États-Unis vers la République populaire de Chine, de la guerre de Corée jusqu’à nos jours. La question plus large que je me suis posée est la suivante : comment les États parviennent-ils à arbitrer entre leurs intérêts sécuritaires et économiques lorsque ceux-ci sont en conflit ? J’ai mené mes enquêtes de terrain (entretiens et recherches d’archives) à Washington D.C., où j'étais chercheur invité au Sigur Center for Asian Studies de la George Washington University.

Une année de post-doctorat à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM, Paris) m’a permis d’élargir le champ empirique de ma recherche et m’a poussé à m’intéresser aux controverses et tensions politiques, stratégiques et économiques qui existent des deux côtés de l’Atlantique autour de la question du transfert de technologies sensibles entre l’Union européenne et la Chine. Au terme de cette période post-doctorale, j’ai obtenu un poste de Lecturer (Assistant Professor) à King’s College London où je suis resté près de trois ans. Au cours de mon séjour au Royaume-Uni, j’ai aussi été Senior Common Room Member à l’Unversité d’Oxford, St Antony’s College.

Je suis ensuite revenu sur le continent européen où j’ai été chercheur à l’IRSEM, un poste dans le cadre duquel je me suis intéressé aux États-Unis et aux relations transatlantiques. Je suis ensuite devenu Marie Skłodowska-Curie Fellow à l’Institut universitaire européen de Florence (IUE). J’ai rejoint le CERI en janvier 2019. En dehors de mes recherches académiques, je nourris un grand intérêt pour l’apprentissage des langues (j’apprends actuellement l’arabe), la musique, l’histoire de l’art et la cosmologie.

Quels sont vos sujets de recherche actuels ?

Hugo Meijer : Ma recherche se situe à l’intersection de l’étude de la politique étrangère et des études de sécurité. Je suis convaincu que, pour comprendre le processus décisionnel et le contenu des politiques étrangères, il est nécessaire d’analyser la manière dont l’environnement stratégique favorise ou, à l’inverse, contraint les choix de politique étrangère. En même temps, une focalisation exclusive sur des questions de sécurité négligerait le rôle fondamental des objectifs de politique étrangère ainsi que celui des processus de prise de décision qui sous-tendent les choix de politique étrangère et de défense. La politique étrangère et la politique de défense sont ainsi les deux faces d’une même médaille. En outre, même si ma formation initiale est la science politique, je cherche néanmoins toujours à m’appuyer sur une analyse historique fondée sur des sources primaires.

Ma recherche actuelle porte sur la reconfiguration de l’hégémonie américaine vis-à-vis de l’émergence de la Chine sur la scène internationale et les implications de celle-ci sur la posture et sur les systèmes d’alliances des États-Unis en Europe et en Asie orientale. Mon objectif est d’appréhender les dynamiques de continuité et de rupture dans les priorités de politique étrangère et dans les partenariats de défense américains afin d’appréhender l’évolution de l’hégémonie américaine depuis la fin de la guerre froide. Je travaille également sur un projet d’ouvrage qui présentera une étude comparative des politiques étrangères et de défense des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni en Asie orientale dans l’après-Guerre froide. Enfin, je poursuis ma recherche sur les processus de prise de décision en explorant les nouvelles manières de conceptualiser l’articulation des déterminants nationaux et internationaux de la politique étrangère.

Participez-vous à des projets collectifs au sein du CERI et/ou d’autres laboratoires ?

Hugo Meijer : Je codirige, avec Christian Lequesne (CERI) and Yohanan Benhaim (Panthéon-Sorbonne Université), un projet collectif transversal sur l’analyse de la politique étrangère au sein du CERI, intitulé Sociologie de la politique étrangère et des pratiques diplomatiques. Ce projet poursuit l’ambition de plusieurs groupes de recherche et de séminaires que j’ai pu co-organiser au CERI depuis 2013. Par ailleurs, dans le cadre du nouvel accord entre Cambridge et Sciences Po, je codirige avec Maja Spanu (Cambridge University) un projet sur les méthodes de recherches en relations internationales et en histoire internationale. Je suis par ailleurs le directeur fondateur de la European Initiative on Security Studies (EISS), un réseau d’universitaires issus de plus de quatre-vingts universités et centres de recherche (dont le CERI) qui partagent l’ambition d’une consolidation des études de sécurité en Europe. La prochaine conférence de l’EISS aura lieu les 27 et 28 juin prochains à Sciences Po.

J’espère parvenir dans les prochaines années à contribuer à l’ambition collective de la consolidation de l’étude de la politique étrangère et des questions de sécurité à Sciences Po et à faire du CERI un pôle européen pour l’étude de ce domaine.

Propos recueillis par Miriam Périer

Retour en haut de page