Crédit : Benoît Martin, 2017.


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Explorer quelques comparaisons – présidentielles 2017, 1er tour, 3/3

Benoît Martin
Publié le 9/05/2017

Sixième article profitant de l’actualité électorale pour distiller quelques tuyaux cartographiques. Après avoir précédemment considéré les fructueuses déformations que proposent les cartogrammes, revenons à des représentations plus traditionnelles afin d’expérimenter quelques pistes dans Khartis. On propose maintenant de dépasser la seule visualisation brute des résultats d’un candidat en opérant quelques calculs et combinaisons simples.


D’abord, toujours rappeler le niveau

Avant de calculer et de représenter des évolutions, il est opportun d’indiquer au préalable un ordre de grandeur ou un niveau. On peut prendre l’image bien connue du PIB : avant de comparer la « croissance » entre pays, il vaut mieux montrer les volumes respectifs. Il en est de même en géographie électorale : un candidat peut voir son score multiplié par 10 d’une élection à l’autre, si, au niveau national, il ne rassemble que quelques centaines de milliers de voix, son score restera inférieur à un candidat qui stagne à plusieurs millions de voix.

L’évolution dans le temps : ratio ou solde ?

L’option de comparer deux cartes, en échelle commune, à des dates différentes est souvent efficace mais les changements sont parfois subtils et deviennent invisibles par la seule comparaison de deux images. Il faut donc aller au delà et calculer ; ce que quelques opérations simples dans un tableur permettent généralement.

Deux grandes options se présentent : calculer un ratio (c’est à dire un % d’évolution entre deux dates, aussi équivalent à un coefficient multiplicateur) ou calculer un solde (c’est à dire une différence entre deux dates). La première opération est une division qui produit une quantité dite « relative » (relative aux deux autres), la seconde est une soustraction qui aboutit à une quantité dite « absolue » (un effectif). Par exemple, la balance commerciale d’un pays est un solde : excédentaire ou déficitaire, elle demeure une quantité. Attention, il est périlleux de calculer un solde à partir de %, dans ce cas mieux vaut utiliser un ratio. 

Ces deux types d’évolutions appellent des visualisations spécifiques. Les ratios peuvent idéalement être agrégés en classes et représentés par un dégradé de couleur (la valeur varie). Les soldes peuvent être montrés à l’aide de symboles proportionnels (la taille varie) en même temps que le candidat vers lequel cet effectif tend serait différencié par des teintes (la couleur varie).

L’exemple ci-après porte sur le vote pour Marine Le Pen en 2012 et 2017 en Île-de-France. La première vignette rappelle la géographie de ce vote en 2017 : en part des voix exprimées car le nombre absolu montre une image trop peu contrastée (revoir à ce sujet le second article de la série précédente). Les deux vignettes suivantes illustrent une évolution en % (sur la part du vote exprimé) et un solde (de voix) ainsi que leur systèmes de légende respectifs. Ce sont des extraits, la légende peut couvrir un spectre de valeurs plus large que ne le montre la zone.

Crédit : Sciences Po, Atelier de cartographie, 2017

Attention, ces deux types d’évolutions (ratio ou solde) n’amènent pas la même interprétation. Les ratios indiquent un rapport entre deux dates, et ce indépendamment du score obtenu. Un « petit » candidat peut voir son nombre de voix tripler mais rester inférieur à 5 %. Les soldes montrent un nombre de voix gagnées ou perdues, ici entre deux élections. Ainsi, un candidat peut maintenir un nombre de voix élevé, il stagne donc le solde est proche de zéro, ils sera alors presque invisible sur la carte (avec des points très petits).

Projet khartis (kh) dont sont extraits les vignettes précédentes.

 Tableau (xls) des données 2012-2017 (1ers tours) avec quelques calculs d’évolutions (abstention, votes Le Pen, Sarkozy-Fillon et Mélenchon).

Ratios entre candidats

On peut suivre la même logique de calculs simples pour comparer deux candidats. Le classement au niveau national montre que, grosso modo, les quatre premiers candidats se suivent deux par deux. Testons ces ratios.

Il s’agit de diviser le nombre de voix d’un candidat par celui d’un autre, ici Macron/ Le Pen et Fillon/Mélenchon. L’équilibre entre les deux candidats correspond à la valeur 1, le changement de couleur montrant la bascule. Ainsi, dans la première carte, plus l’écart relatif entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen est au profit du premier plus le vert est foncé ; et à l’inverse, plus le nombre de voix est en faveur de la candidate d’extrême droite, plus le violet est foncé. La logique est similaire dans la seconde carte, avec un double dégradé vers le bleu (favorable à François Fillon) ou vers le rouge (pour Jean-Luc Mélenchon).

Projet khartis (kh) comprenant les deux cartes.

Crédit : Sciences Po, Atelier de cartographie, 2017

Crédit : Sciences Po, Atelier de cartographie, 2017

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