Réception du congé de paternité, parentalités et masculinités de la grossesse à la petite enfance

Réception du congé de paternité, parentalités et masculinités de la grossesse à la petite enfance

Alix Sponton
Soutenance de thèse, 15 décembre 2023
  • Image Fumika Shibata (via Shutterstock)Image Fumika Shibata (via Shutterstock)

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Réception du congé de paternité, parentalités et masculinités
de la grossesse à la petite enfance

Soutenance de thèse de Alix Sponton

Vendredi 15 décembre 2023 à 14h30, à l'IEP de Paris, 1 place Saint-Thomas d'Aquin (présentiel uniquement).

Alix SpontonLes congés postnataux destinés aux pères sont aujourd’hui considérés comme des leviers d’action clés pour réduire les inégalités femmes-hommes, notamment parce qu’ils contribueraient à un meilleur partage des responsabilités familiales. À partir d’enquêtes quantitatives et d’entretiens répétés auprès d’hommes avant et après la naissance de leur premier enfant, cette thèse questionne dans quelle mesure, et par quels procédés, le congé de paternité de deux semaines (2002-2021) favorise effectivement la participation masculine aux tâches parentales et ménagères en France. Elle croise sociologie de l’action publique, de la famille et du genre.

Alors que la littérature a davantage examiné les effets de la durée des congés posés par les hommes sur leur engagement parental, cette thèse souligne l’importance de considérer les différentes manières dont les pères emploient la politique publique, en pratique. La période à laquelle les deux semaines sont mobilisées révèle des interprétations et usages variés du congé, qui n’ont pas les mêmes implications. Lorsqu’il est posé dès la naissance, le congé de paternité entraine un pic d’engagement paternel et un meilleur partage du sommeil au cours de l’après-accouchement. Par contraste, lorsque le congé de paternité est reporté de quelques semaines, avant que les mères n’aient repris leur activité professionnelle, les pères l’utilisent le plus souvent au cours de périodes de vacances pour profiter de moments conviviaux en famille, souvent loin du domicile et du quotidien.
À plus long terme, les hommes qui ont posé un congé participent légèrement plus aux tâches parentales les plus valorisées, mais leurs compagnes ne réduisent pas leur propre investissement temporel. Ainsi, sans la mise en place d’autres arrangements professionnels durables, le recours perturbe peu la division genrée des rôles parentaux. Par ailleurs, le suivi des trajectoires parentales souligne que la façon dont les pères s’approprient la politique préfigure, plus qu’elle n’influence, les pratiques paternelles.

Finalement, le recours au congé est particulièrement emblématique des normes de « présence paternelle » actuelles, en ce qu’il permet à la plupart des pères de rendre visible un intérêt pour l’enfant sans compromettre l’activité professionnelle.

Composition du jury:
Laura Bernardi, professeure ordinaire, Université de Lausanne (rapportrice)
Marta Domínguez Folgueras, associate professor, Sciences Po, CRIS (codirectrice)
Alban Jacquemart, maître de conférences, Université Paris Dauphine, IRISSO (examinateur)
Agnès Martial, directrice de recherche, CNRS, CNE/EHESS (rapportrice)
Ariane Pailhé, directrice de recherche, Ined (codirectrice)
Olivia Samuel, professeure des universités, Université Paris Nanterre, Cresppa (examinatrice)

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