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12.12.2021

Camille Richert

>Nous lui adressons toutes nos félicitations.

Camille Richert amorce un projet sur les pratiques curatoriales, considérant le potentiel de l’exposition comme une écriture visuelle et démocratique de connaissances scientifiques. À partir de ses recherches en histoire des représentations des travailleuses et des travailleurs, elle engage une nouvelle recherche sur la manière de faire coïncider les sujets et les publics des œuvres. Elle opte pour une co-construction des savoirs du travail par ses acteurs, qui aboutirait à un choix d’œuvres, une médiation et une scénographie privilégiant la cohérence éthique avec leur sujet. Elle s’intéresse ainsi aux conditions auxquelles une exposition pourrait être qualifiée de « sociale ».

Camille Richert a soutenu sa thèse en histoire de l’art « Un motif pour une historiographie du travail : représenter les corps laborieux, 1968-2020 » en juin dernier, sous la direction de Laurence Bertrand-Dorléac, Professeure à Sciences Po, Présidente de la Fondation Nationale des Sciences Politiques.

Elle est actuellement chercheuse associée au Centre d’histoire de Sciences Po, chargée d’enseignement au Collège Universitaire et co-commissaire de la Triennale de Dunkerque.

Résumé de la thèse : La thèse de Camille Richert propose d’examiner la façon dont le travail a été figuré en Occident depuis 1968 jusque 2020. Thématique dépourvue de noblesse dans l’histoire de l’art, le travail devient un motif de choix à partir de la deuxième industrialisation, un motif qui se renforce dans les pays aux économies tertiarisées de l’après-Seconde Guerre mondiale. La « révolution mondiale » de 1968, selon les mots d’Immanuel Wallerstein, contribue à cet essor : révolution culturelle transnationale, 1968 met à mal les grands récits unifiants de la modernité occidentale. L’activité professionnelle, tous secteurs d’activité confondus, n’est plus représentée comme participant des régimes politiques où elle est exercée, mais comme le motif d’une critique sociale qui se veut désidéologisée. Dès lors, les œuvres figurant le travail ne relèvent plus tant d’une fonction politique de l’art advenue au mitan du XIXe siècle, selon la terminologie de Walter Benjamin, que d’une fonction démystificatrice. Les chapitres de sa thèse en explorent les principales déclinaisons, lesquelles ont pour point commun d’historiciser le travail. Ce dernier n’est plus représenté comme un sujet visuel an-historique de la politique, mais comme une expression historicisée du politique. Plus encore, après 1968, ce ne sont pas un, mais deux mythes qui tombent dans une même chute : les mythologies nimbant le travail, mais aussi le mythe de ce mythe, soutenu par l’idée que la nature est maîtrisable, et que ceci est souhaitable dans la mesure où cette nature fournirait l’énergie nécessaire aux rêves et aux ambitions de progrès social des XIXe et XXe siècles. Le travail en fut le moyen et le blason.

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[ Décembre 2021 ]