Big data, be happy

Big data, be happy

Entretien avec Yann Algan
à propos de son ERC "SOWELL"
  • Yann Algan. Crédits : Sciences PoYann Algan. Crédits : Sciences Po

Yann Algan, doyen de l’École des affaires publiques, professeur, est un chercheur militant. Ses obsessions ? Que le bien-être progresse, que nous coopérions plus et mieux et que les politiques en prennent de la graine ! Novatrices, car s’appuyant notamment sur les big data, les recherches qu’il consacre à ces objectifs viennent de recevoir le soutien du très sélectif Conseil européen de la recherche (Consolidator ERC*) après avoir été publiées dans les meilleurs revues de recherche internationales. Un coup de pouce important grâce auquel Yann Algan compte bien nous faire avancer vers une société plus ouverte. Entretien.

Qu’est-ce qui vous a amené à penser des recherches qui pourraient nous rendre plus heureux ?

Yann Algan : La croissance ne suffit pas à satisfaire nos aspirations, ce d’autant plus qu’elle n’est plus au rendez-vous. Parallèlement, le bien-être et la coopération sont devenus des valeurs essentielles de nos sociétés. Cela entraîne une série de questions : qu’est-ce que le bien-être ? Comment mieux coopérer ? Quelles sont les politiques publiques les plus pertinentes pour développer ces dynamiques ? Cette direction de recherche m’a paru d’autant plus importante - et possible ! - que l’ère numérique peut offrir de nombreuses promesses. Pour le chercheur, tout d’abord : les big data, correctement exploitées, nous donnent accès à une mine d’informations que nous n’avions jamais eues en sciences sociales. Quant à la société, inutile de vous faire un dessin : réseaux sociaux, plate-formes collaboratives, nouveaux modèles économiques...


Comment les big data peuvent nous faire avancer vers une économie plus humaine ?

Y. A. : Mon principe est très simple : pour connaître les clefs du bien-être, encore faut-il commencer par savoir le mesurer. Or, les mesures du bien-être dont nous disposons aujourd’hui sont très insuffisantes, en particulier lorsqu’il s’agit du bien-être subjectif, ressenti, des citoyens. Les mesures actuelles se basent sur des enquêtes déclaratives qui vous demandent votre niveau de satisfaction sur une échelle de 0 à 10. Mais que cela siginfie-t-il d’avoir un niveau de bien-être de 4 plutôt que 5 ? En quoi cela révèle mes préoccupations les plus essentielles ? Et si je suis déjà à un niveau très élevé ou très bas sur ces échelles, comment puis-je indiquer une évolution dans le temps de mon bien-être ? En outre, ces enquêtes portent sur des petits échantillons de citoyens, avec une couverture temporelle et géographique assez pauvre. Si nous voulons vraiment réévaluer l’impact des politiques publiques à l’aune de leurs effets sur le bien-être subjectif, il est grand temps de proposer des mesures beaucoup plus pertinentes. Une partie de mon projet de recherche est d’améliorer nos mesures du bien-être et des attitudes sociales en exploitant les millions de signaux désormais disponibles sur le web et les réseaux sociaux.


Vous avez des exemples ?

Y. A. : Dans une étude récente que j’ai conduite sur les États-Unis**, je montre par exemple que les requêtes sur Google relatives à des questions de santé (par exemple comment soigner une migraine) ou des questions économiques et sociales (par exemple les requêtes liées à des sites de recherche d’emploi) peuvent servir d’indicateurs....

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