Accueil>"Nous ne sommes là que le temps d'un flash" : Steve McCurry sur la vie et la photographie

04.01.2022

"Nous ne sommes là que le temps d'un flash" : Steve McCurry sur la vie et la photographie

>Article initialement publié sur www.sciencespo.fr par l'équipe éditoriale de Sciences Po.

L’auteur de la photographie mondialement connue de “l’Afghane aux yeux verts”, prise dans les années 1980, a beaucoup à dire sur la photographie, la narration et l’état du monde aujourd'hui. Il était à Sciences Po le 9 décembre 2021 pour partager son univers et sa démarche artistique. 

Les élèves de la spécialité Culture / Cultural Policy & Management de l'École d’affaires publiques de Sciences Po se sont particulièrement impliqués dans l'organisation de cette rencontre dans le cadre des “Masterclasses Culture” de leur École. Ils ont préparé les éléments biographiques, la contextualisation de la discussion, la formulation des questions sur différents aspects politiques, artistiques et curatifs de l'œuvre de McCurry, jusqu’à la conclusion des échanges.

L’art et la culture comme métier

Cet événement, au-delà de son intérêt principal pour l'art et la culture, a été conçu comme un outil pédagogique pour les étudiantes et étudiants de Sciences Po, pour mieux s’interroger sur des questions plus larges sur l’éthique, l'art et l’exposition des oeuvres, tout en abordant les aspects plus pratiques du travail dans le domaine culturel. Comme la modératrice Florence Botello, responsable pédagogique Spécialité Culture à l'École d’affaires publiques, le leur a rappelé : « votre parcours dans le domaine culturel sera jalonné de rencontres - des rencontres très inspirantes et importantes - qui définiront vos aspirations tout au long de votre carrière”.

McCurry intervenait ce jour-là accompagné de Biba Giacchetti, la curatrice de l'exposition Le monde de Steve McCurry consacrée à l'œuvre du photographe, inaugurée le 9 décembre 2021 au Musée Maillol. Ces derniers se connaissent depuis 25 ans. Un quart de siècle d’une relation de travail qui traverse les continents et relie langues et cultures. Devant les étudiantes et étudiants présents, ils ont livré une belle démonstration de travail collaboratif et de respect artistique mutuel et durable.

De la narration à l’exposition

Navigant entre les deux thèmes clés de la conférence, la narration par l'image et l’exposition des images elles-mêmes, les deux complices ont partagé leur perception de ce que cela signifie de consacrer sa vie à sa passion pour l’art de la photographie. 

Steve McCurry est particulièrement connu pour son travail sur l’Afghanistan, où il s’est rendu plus de trente fois au cours de sa carrière. Lors de son premier voyage dans la région en 1979, les conditions de vie dans ce pays déchiré par la guerre l’ont inspiré à la fois sur le plan humain et visuel. “J'ai fini par être très attaché à l'histoire de ce pays. Cela m’a comme pénétré”, explique-t-il en évoquant les familles rencontrées et les villages visités lors de ce premier voyage. 

Au fur et à mesure de la masterclass, les invités ont évoqué cette idée de narration appliquée non seulement à la photographie, mais également à l'art de la conservation. Pour Biba Giacchetti, "chaque image a sa propre histoire, mais nous instillons nos propres histoires dans l'image”. C'est pour cela qu'elle a choisi, dans cette exposition Le monde de Steve McCurry, de ne pas classer les photographies par date ou région. “Chacun d’entre nous a une réaction différente”, dit-elle. Cela s’explique par le fait que nos histoires personnelles et l’Histoire interagissent dans la représentation donnée par l'image que nous contemplons”. Elle a donc préféré laisser les photographies sélectionnées pour l'exposition ouvertes aux interprétations personnelles de chacun.

Saisir l'instant

Ce que Steve McCurry s'évertue avant tout à faire dans la vie, c'est voyager et multiplier les expériences. Considérant que notre passage sur cette Terre est bref, dans un monde en proie à la guerre et à la violence, une réalité dont McCurry a été témoin de près tout au long de sa carrière, le photographe a admis qu'il n’est pas toujours facile de rester optimiste. Interrogé sur le rôle de la photographie dans le monde contemporain, il a répondu qu'il y a “encore beaucoup de travail à faire. Faire sa part vaut mieux que rien, mais est-ce suffisant ?” 

En guise de conclusion, l'étudiante Alice McCrum, a proposé un début de réponse à cette question : « peut-être qu'une combinaison d'art d'une part, et d'action d'autre part, pourrait être la voie à suivre ? ». Avant de partager quelques conseils avec ses camarades : “surmontez les réticences et la peur, prenez des risques, soyez curieux”.

L'équipe éditoriale de Sciences Po

Vidéo © Thomas Arrivé / Sciences Po

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