Quand les hommes ne font pas comme les autres

Quand les hommes ne font pas comme les autres

Pratiques individuelles du non-végétarisme au sein des ménages en Uttar Pradesh
Mathieu Ferry - Séminaire scientifique de l'OSC - 29 novembre 2019
  • Image Adam Cohn, Baldeo Vegetable Market (CC BY-NC-ND 2.0) via FlickrImage Adam Cohn, Baldeo Vegetable Market (CC BY-NC-ND 2.0) via Flickr

Séminaire scientifique de l'OSC 2019-2020

98, rue de l'Université 75007 Paris - salle Annick Percheron

vendredi 29 novembre 2019 de 12h à 13h30

Quand les hommes ne font pas comme les autres.
Pratiques individuelles du non-végétarisme au sein des ménages en Uttar Pradesh

Mathieu Ferry (Doctorant, OSC-LSQ)

Mathieu FerryVégétarien ou non ? Cette distinction demeure un marqueur social saillant en contexte indien, où le végétarisme a depuis longtemps été associé au groupe majoritaire hindou – par rapport aux autres minorités religieuses, surtout celle musulmane -  et plus particulièrement aux groupes de hautes castes – en particulier les Brahmanes.

A l’instar des connaissances académiques sur la caste dans l’Inde contemporaine qui insistent sur les rapports socioéconomiques et de pouvoir au fondement de la persistance de cette forme de groupe social, l’analyse du végétarisme développée dans ma thèse, centrée sur l’Uttar Pradesh, met au jour la variabilité des pratiques alimentaires, en lien avec les inégalités sociales au sein des groupes de caste. Marqueur de différenciation culturelle de caste et de religion, le végétarisme varie aussi en fonction des ressources matérielles de la stratification sociale. Ainsi, les frontières de caste et de religion sont d’autant plus fortes et marquées par le végétarisme qu’elles recouvrent d’autres formes d’inégalités sociales (ici étudiées sous l’ange du niveau d’éducation, de la propriété agraire et du niveau de richesse).

Après avoir résumé l’approche théorique et méthodologique de ma thèse, la présentation s’interroge sur un autre facteur de variation de l’adhésion à ce marqueur statutaire, le genre, puisqu’en effet, les hommes sont plus souvent non-végétariens que les femmes. Les différences du végétarisme liées au genre sont explorées à partir de modèles multiniveaux sur les données du National Family Health Survey (2005-2006) et montrent que l’hétérogénéité des pratiques non-végétariennes au sein des ménages est elle-même inscrite socialement et reflète la position de caste ou de religion. Les différences genrées se maintiennent lorsque les modèles ajustent par la position dans la stratification sociale (avec un écart absolu des probabilités prédites allant jusqu’à 40%), et les déterminants sociaux du végétarisme sont aussi partiellement différenciés suivant le genre, en particulier pour les hautes castes non Brahmanes : l’influence du niveau d’éducation sur le végétarisme apparait plus forte pour les femmes que pour les hommes. En conclusion, je discuterai des liens possibles entre rôles sociaux de genre et la (re)production de l’ordre social du végétarisme. 

Mathieu Ferry est doctorant à l'OSC et au LSQ (GENEST-CREST). Sa thèse est dirigée par Philippe Coulangeon (OSC) et Christophe Jaffrelot (CERI).
Il co-anime avec Joël Cabalion, Odile Henry, Olivier Roueff et Jules Naudet le séminaire Sociologie des inégalités en Inde, à l'EHESS.  

L'inscription au séminaire est obligatoire (sandwich offert)

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