Accueil>Focus ELIPSS #1 : enquête Sobrinum

12.06.2025

Focus ELIPSS #1 : enquête Sobrinum

Les individus démunis face à l’impact écologique du numérique ?

Une enquête originale réalisée avec l’ADEME

L’enquête Elipss Sobriété Numérique (SobriNum) mesure la manière dont les individus perçoivent et gèrent l'impact environnemental de leurs activités numériques. 

La réalisation de cette enquête en 2024 s’inscrit dans les débats et réflexions en cours sur l'impact environnemental du numérique. Ce secteur consomme de plus en plus de ressources (énergie, métaux rares) et nécessite des infrastructures de stockage et de transfert de données qui génèrent une empreinte écologique croissante. Et parallèlement, le numérique (tablettes, télévisions, téléphones, ordinateurs, etc.) s'insère dans tous nos espaces de vie – personnelle, sociale et professionnelle. Ici comme dans d’autres domaines de la consommation se pose la question de la responsabilité du consommateur, en regard de celles des pouvoirs publics et des acteurs économiques. De nombreux acteurs publics ou issus de la société civile, en charge de la transition écologique, mettent en effet en avant la capacité des consommateurs à limiter l’empreinte carbone de leurs usages, et donc du numérique en général. Il apparaît  qu’à côté des pouvoirs publics et des acteurs économiques – fabricants et industriels – la responsabilisation et la sensibilisation du consommateur est un enjeu majeur.

Dans ce contexte et afin de mesurer l'implication et le niveau d’engagement des individus sur cette question, l’ADEME a noué une collaboration avec le CDSP et financé une enquête Elipss.

Le terrain a été réalisé du 2 au 30 mai 2024. Un module spécifique (10 minutes d’interrogation) pour l’enquête SobriNum a été passé en complément de l’enquête Pratiques numériques (module de 10 minutes d’interrogation). Le taux de réponse est de 81,5 %, soit 1 879 répondants.

Les individus entre conscience écologique et consumérisme

Les principaux résultats de l’enquête confirment des tendances préalablement identifiées par d'autres recherches sur le sujet, et notamment  une polarisation des publics autour d’une articulation entre une échelle de conscience écologique et une échelle d'intensité de la pratique et de la consommation du numérique. Les individus les plus préoccupés par l’environnement et les plus soucieux de l’impact environnemental du numérique sont, ainsi, paradoxalement les individus les plus connectés à Internet et au numérique, tandis que les sceptiques et indifférents sont plus frugaux dans leur consommation numérique et Internet. Ces résultats confirment également des liens déjà établis entre ces positionnements et des variables comme l'âge, la PCS ou le niveau de diplôme.

Une adaptation des comportements limitée

L'enquête SobriNum met également en évidence le fait que, malgré des préoccupations élevées vis-à-vis de l’impact environnemental du numérique, les répondants sont encore peu nombreux à mettre en avant des motifs d’éco-citoyenneté pour justifier de pratiques telles que le renoncement à l’achat d’appareils numériques, le recyclage ou le reconditionnement des appareils numériques usagés, ou la préférence pour l’achat d’appareils numériques reconditionnés – ici les raisons environnementales viennent encore loin derrière les raisons économiques.

Elle montre ensuite que le niveau d’information déclaré des répondants sur les enjeux de réduction de l’empreinte écologique du numérique reste globalement assez faible (graphique 1).

graphique 1 

Ce faible niveau d’information apparaît réparti de manière assez homogène dans la population, ce qui suppose qu’il existe encore un important travail de pédagogie à mener s’agissant des connaissances relatives aux circuits de production et au cycle de vie des appareils et dispositifs numériques, ou aux solutions pour réduire les effets du numérique, y compris chez les plus diplômés ou les jeunes, considérés ordinairement comme plus impliqués sur ces enjeux. 

Les résultats de l’enquête révèlent enfin que domine très nettement chez les répondants la représentation selon laquelle c’est en priorité sur les fabricants et industriels – et secondairement les pouvoirs publics – que repose la charge de l’action, bien que les particuliers soient loin d’être déresponsabilisés (graphique 2).

graphique 2

Cette représentation coexiste avec une autre représentation, répandue parmi les panélistes, selon laquelle les individus devraient acquérir une meilleure compréhension des effets environnementaux du numérique et des comportements respectueux à adopter.

Pour consulter les données 

Fangeat, Erwann; Rocci, Anaïs; Giraudo, Chiara; Berthoud, Françoise; Verne, Marie-Line; Vialard, Louise; Wellhoff, Mathieu; Rocu, Paulien; Sciences Po, Centre de données socio-politiques (CDSP), CNRS, 2024, "Sobriété numérique - Mesure de la compréhension des pratiques numériques et de leur impact environnemental (ELIPSS 2024)", https://doi.org/10.21410/7E4/XSLHO6, data.sciencespo, V4

Pour aller plus loin

 

Rédaction : Guillaume Garcia, Malick Nam

(crédits : PeachShutterStock Shutterstock)