Ce fonds a été constitué à partir des archives de Jacques Chapsal, directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris et administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) de 1950 à 1979.
L'École libre des sciences politiques (ELSP) est supprimée à la Libération. L'ordonnance du 9 octobre 1945 crée, sur les bases de l'École, deux entités distinctes mais complémentaires : la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris. Désormais, Sciences Po se développe à partir de ces deux ensembles. Le législateur assigne une mission large à la Fondation : "Assurer le progrès et la diffusion en France et à l'étranger des sciences politiques, économiques et sociales". Il lui confie également la gestion du patrimoine de l'École libre, la bibliothèque et le budget. Un conseil d'administration assure le développement des activités. À une politique documentaire et éditoriale importante s'ajoute très rapidement une politique scientifique. Plusieurs centres de recherche sont créés : le Centre d'étude des relations internationales (CERI) - en 1952 avec le soutien de la Fondation Ford, le Centre d'étude de la vie politique française (CEVIPOF) en 1960, le Service d'étude de l'activité économique (SEAE), les deux premiers étant rapidement associés au CNRS. La Fondation devient également un lieu de publication scientifique. Des périodiques comme la Revue française de science politique, le Bulletin analytique de documentation, la Chronologie politique africaine, mais aussi les Cahiers de la Fondation contribuent à la notoriété de la recherche à Sciences Po. L'IEP de l'Université de Paris constitue le noyau pédagogique de l'institution. L'IEP prend ainsi le relais de l'École libre en matière d'enseignement et de formation. Il hérite également de sa vocation à former les élites dirigeantes du pays. Si, avant-guerre, l'École a bien été "la pépinière d'où sont sortis la quasi-totalité des grands commis de l'État de formation non technicienne" (Bernard Gournay), l'Institut maintient sa vocation de former au service de l'État. En effet, les étudiants se préparent au concours d'entrée de la nouvelle École nationale d'administration (ENA), créée le même 9 octobre 1945, qui se substitue aux concours particuliers de chaque ministère ou de chaque corps. Parallèlement, Sciences Po se dote d'une section économique et financière dont l'objectif est de former aux carrières de l'administration des entreprises. Par ailleurs, comme le montre la liste des enseignements, l'Institut maintient la tradition de l'École libre en renforçant les cours d'enseignement généraux, en mobilisant constamment les sciences sociales. À côté d'un petit groupe de permanents engagés le plus souvent dans l'administration de l'établissement (André Siegfried, Jacques Chapsal, Jean Touchard, François Goguel, Jean Meynaud, Georges Lavau, etc.), l'IEP fait appel pour ses enseignements à des professeurs renommés : Raymond Aron, Fernand Braudel, Georges Vedel, le géographe communiste Pierre Georges, ou encore Wilfried Baumgartner, gouverneur de la Banque de France, etc. La formation des jeunes chercheurs n'est pas absente. En 1956, Jean Touchard créé le premier 3e cycle de sciences sociales, le Cycle supérieur d'études politiques qu'il dirige jusqu'en 1966, date à laquelle lui succède Alfred Grosser. La crise de mai 1968 débouche sur la loi du 12 novembre 1968 d'orientation de l'Enseignement supérieur. Celle-ci dote Sciences Po d'un statut propre (décret du 18 janvier 1969) qui crée un "établissement public à caractère scientifique et culturel", distinct des universités. Pascal Cauchy