Le fonds de la Compagnie Boussac Saint-Frères (CBSF) (1981-1985) retrace les dernières années de l'existence de ce grand groupe français spécialisé dans le textile. Après le dépôt de bilan en 1981 de la Société foncière et financière Agache Willot (SFFAW), qui a succédé en 1978 à Marcel Boussac, les activités de la holding sont réparties entre la gestion par un administrateur provisoire des sociétés in bonis (Dior, Conforama, etc.) et la location-gérance à une société ad hoc dénommée Compagnie Boussac Saint-Frères où l'Institut de développement industriel représentant l'État est décisionnaire.
Les documents donnés par Gérard Bélorgey, directeur général de la compagnie entre 1982 et 1984, et Michel Croizé permettent de suivre notamment la difficile conduite des restructurations, les implications de l'imbroglio juridique et financier, le rôle déterminant, sinon toujours cohérent, des pouvoirs publics, le jeu des différents partenaires au regard des hypothèses de règlement de cette affaire. Le gouvernement impose finalement Bernard Arnault comme repreneur, au bénéfice d'un montage financier privilégié de l'État. Ce dernier peut passer un accord de rachat des titres Willot lui permettant de devenir propriétaire des meilleures sociétés, d'offrir un concordat et de valoriser un groupe nettoyé qui sera peu à peu dispersé.
Dans la période correspondant au changement de politique économique de 1983, l'ouverture au libéralisme externe et interne transforme la société industrielle française. Ces archives en sont une illustration aussi bien majeure que précise.