Groupe de recherche sur l’Italie contemporaine, GRIC

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  • The Palazzo della Civiltà Italiana. © Nick Kenrick (CC BY 2.0) FlickrThe Palazzo della Civiltà Italiana. © Nick Kenrick (CC BY 2.0) Flickr

Calendrier prévisionnel 2022-2023

MÉMOIRE ET POLITIQUE DANS L'ITALIE CONTEMPORAINE

Comme la plupart des pays d’Europe occidentale, l’Italie est traversée, et souvent divisée, par d’intenses débats sur ce que devraient être les politiques mémorielles. À défaut de s’accorder sur leur contenu, les politiques sont unanimes pour considérer celles-ci comme essentielles pour assurer la cohésion de la société – sans d’ailleurs que l’on puisse vérifier si elles ont bien un tel effet vertueux.

En effet, depuis les recherches s’inscrivant dans la continuité des « lieux de mémoire » de Pierre Nora, qui mettaient l’accent sur la formation de symboles partagés qui cimentent des identités essentiellement nationales, les nombreux travaux qui ont été consacrés aux politiques mémorielles en Europe, et en Italie démontrent que les processus de fabrication des mémoires collectives sont complexes et ambivalents. Cette dimension de la mémoire, entendue dans le sens d'usage politique du passé, et le discours qui porte sur l'importance de l'établissement de « mémoires partagées », ne doit pourtant pas dissimuler la tension politique qui procède à la sélection des « récits » valorisés, et de leurs représentations dans l'espace public qui découle de ce choix politique. Ce processus actif de construction des mémoires, enjeu de négociation et parfois de conflits, est particulièrement apparent dans les cas de sortie de crise, à l'issue de moments historiques caractérisés par la prolifération de violences politiques.

L’Italie républicaine occupe une place spécifique dans ce cadre européen, à plus d’un titre. Les historiens s’accordent en général pour identifier trois grandes phases caractéristiques de la péninsule :
- la construction d’une mémoire « officielle » de l’antifascisme et de la résistance après 1945, progressivement en crise, à partir des années 1970, avec l’érosion du paradigme antifasciste.
- une nouvelle période s’ouvre avec la décennie 1990 en rapport avec les événements européens et, nationalement, le contexte de crise politique de la « Première République » : la remise en question de la mémoire antifasciste s’approfondit dans la nouvelle configuration politique portée au pouvoir par Silvio Berlusconi, et la légitimation de partis étrangers à la culture politico-mémorielle d’après-guerre (Forza Italia, Ligue du Nord) sinon hostiles (MSI-Alleanza Nazionale).
-Les années 2000 marquent la volonté de dépassement des clivages mémoriels par la mise en place d’un nouveau calendrier de célébrations nationales, l’absence de récit partagé cédant la place à la fragmentation de mémoires construites, cette fois, à partir d’un paradigme victimaire. Au calendrier républicain antifasciste (célébrations du 25 avril (pour la résistance) et du 2 juin (fête de la République) sont ajoutées différentes journées de « célébration » au gré des débats et rapports de force politique.

Certaines participent d’un calendrier international, comme le « 27 janvier », journée de la mémoire des victimes de la Shoah ; d’autres ont une signification strictement italienne comme le 9 mai, journée d’hommage aux victimes du terrorisme, en référence à l’assassinat d’Aldo Moro, ou encore le 21 mars, premier jour du printemps et journée de souvenir des victimes de la mafia. Certaines participent d’une culture plutôt ancrée à gauche - c’est le cas, par exemple, de la journée en mémoire des victimes de l’immigration dite aussi journée de l’accueil, le 3 octobre, pour commémorer le naufrage, en 2013, lors duquel, au large de Lampedusa, 368 personnes trouvèrent la mort. D’autres ont été portées plutôt par la droite, sinon l’extrême-droite comme celle du 10 février, Jour de commémoration des victimes des Foibe.
Parallèlement à ces journées de commémoration officielles, qui ont dans la plupart des cas fait l’objet de lois et dont l’inventaire produit ici n’a rien d’exhaustif, il convient d’ajouter de multiples initiatives mémorielles portées par des associations ou des institutions locales souvent destinées à contester une histoire officielle : on se contentera de citer ici les débats autour de l’institution d’une journée des « victimes méridionales » du Risorgimento en 2017 qui a vu les historiens très mobilisés ou encore la proposition d’instauration d’une journée des victimes du colonialisme italien, à la date du 19 février, choisie pour évoquer le massacre de milliers de civils perpétré à Addis Abbeba en 1937 en
représailles à un attentat contre le vice-roi d’Éthiopie Rodolfo Graziani.
Que nous disent les politiques mémorielles et les usages publics de l’histoire de l’Italie contemporaine, des partis politiques et des différents acteurs sociaux ? Dans quelle mesure l’obsession mémorielle représente-t-elle un substitut à des formes d’engagement en crise ? Contribuent-elles à recréer du lien social et in fine induisent-elles de nouvelles formes de mobilisation politique ?

  1. 18/10/2022 | Filippo FOCARDI, Professeur à l'Université de Padoue pour une intervention sur
    Mémoires publiques et enjeux partisans dans l'Italie républicaine.
    Filippo Focardi a notamment publié :
    La guerra della memoria : La Resistenza nel dibattito politico italiano dal 1945 a oggi, Rome-Bari, Laterza, 2020 ;
    L'Italie, alliée ou victime de l'Allemagne nazie, Bruxelles, 2014.

    [séminaire en visio-conférence] [en italien]

  2. 22/11/2022 | Simon SARLIN, Maître de conférences à l'Université Paris-Nanterre, ISP
    Existe-t-il une contre-mémoire de droite du Risorgimento ?
    Simon Sarlin a notamment publié :
    Le Légitimisme en armes. Histoire d’une mobilisation internationale contre l’Unité italienne, Rome, École française de Rome, coll. B.E.F.A.R., 2013.

    [séminaire en format hybride] [en français]

  3. 31/01/2023 | Guri SCHWARZ, Professeure à l'Université de Gênes
    Les enjeux politiques de la mémoire de la Shoah en Italie.
  4. 14/02/2023 | Tullia CATALAN, Professeure à l'Université de Trieste
    La Mémoire des Foibe dans l'Italie républicaine.
  5. 14/03/2023 | Chiara BECATTINI, Docteure, Università degli studi di Padova / Université Paris 8
    Les lieux de mémoire de la déportation en Italie s'inscrire
  6. 04/04/2023 | Valeria DEPLANO, Professeure à l'Université de Cagliari
    La mémoire du colonialisme italien dans l'Italie républicaine, entre occultation et rémanence.
  7. 18/04/2023  | Renato CAMURRI, Professeur à l'Université de Vérone
    Quelle mémoire pour l'émigration italienne ?
  8. 09/05/2023 | Anna Lisa TOTA, Professeure à l'Université Roma III
    Le rôle des associations de victimes du terrorisme dans la construction d'une contre-mémoire.
  9. 23/05/2023 | Charlotte MOGE, Maîtresse de conférences à l'Université Lyon 3
    La journée antimafia : pratiques et enjeux politiques
  10. 06/06/2023 | Uoldelul CHELATI DIRAR, Professeur à l'Université de Macerata
    La colonisation italienne vue d'Afrique
  11. 13/06/2023 | Lorenzo DE SABATTA, EHESS
    Déposer les armes, prendre la parole. La lutte armée d'extrême gauche en Italie (1969-2015) : narrations autobiographiques, représentations historiques et controverses mémorielles
  12. 20/06/2023 | Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Professeure à l'Université Paris 8 / chercheuse associée à Sciences Po, CHSP
    La mémoire du fascisme à l'extrême droite : du MSI à Fratelli d'Italia

Calendrier 2021-2022

FASCISME . NÉO-FASCISME . POST-FASCISME

Le Groupe de recherche sur l’Italie contemporaine (GRIC), animé par Marc Lazar et Marie-Anne Matard-Bonucci, chercheuse associée, organise un séminaire dédié à l’étude de l’Italie du XIXe siècle à nos jours dans tous ses aspects, politique, économique, social et culturel. Ce séminaire rassemble des enseignants-chercheurs spécialistes de l’Italie, des post-doctorants et des doctorants. Il bénéficie aussi de l’apport régulier des chercheurs italiens qui présentent leurs travaux en cours et il accorde la plus grande place au développement de la recherche historique internationale. Chaque année un thème est choisi. 

Pour 2021-2022, le séminaire a décidé de s’intéresser au sujet suivant : « Fascisme, Néo-fascisme, Post-fascisme ».

  1. 28/09/2021 | Maurizio SERRA, de l'Académie française, Autour de son livre Le mystère Mussolini, Perrin 2021.
  2. 19/10/2021 | Marie-Anne MATARD BONUCCI, Université Paris 8 et CHSP, Une histoire globale des fascismes est-il possible ? 
  3. 16/11/2021 | séance en italien Simon LEVIS SULLAM, Université de Venise, présentera son livre, I fantasmi del fascismo (Feltrinelli)18/01/2022 | séance via zoom en italien, Giulia ALBANESE, Université de Padoue, présentera son livre Il fascismo italiano, Storia e interpretazione, Carroci, 2021.
  4. 18/01/2022 | séance en italien Andrea BARAVELLI, Professeur d'Histoire contemporaine à l'Université de Ferrare, Il fascismo in persona. Italo Balbo, la storia e il mito, Mimesis, 2021.
  5. 22/02/2022 | séance via zoom en italien Giulia ALBANESE, Université de Padoue, Il fascismo italiano, Storia e interpretazione, Carroci, 2021.
  6. 08/03/2022 | séance via zoom en italien Andrea MAMMONE, Université de Rome La Sapienza, Il neo-fascismo in Italia.
  7. 22/03/2022 (séance initialement prévue le 07/12/2021) séance via zoom Maddalena CARLI, Université de Teramo, présentera son livre Vedere il fascismo. Arte e politica nelle esposizioni del regime (1928-1942), Carocci, 2020 
  8. 05/04/2022 | Rosario FORLENZA, Dipartimento di Scienze Politiche - Luiss : "Una interpretazione antropologica del fascismo"
  9. 12/04/2022 | séance via zoom, Catherine PREVER, Université de Venise-Padoue, Néo-fascistes et violence politique dans les années 1960-1970.
  10. 10/05/2022 | séance via zoom, Luciano CHELES, Université de Poitiers, L'iconographie de Giorgia Meloni et de Fratelli d'Italia.
  11. 14/06/2022 | demi-journée d'études, Caterina FROIO, Sciences Po / CEE, Pietro CASTELLI GATTINARA, ULB, Continuités et transformations de l'extrême droite italienne : le cas de Fratelli d'Italia.
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