Atelier des Métamorphoses | L’eau demain, une affaire de femmes ?

Dans l’imaginaire collectif, l’eau nourrit et berce comme la mère/mer, abrite nymphes et sirènes. Dans les sociétés traditionnelles, les femmes veillent aux réserves d’eau à la maison et vont au puits… Si l’eau n’a intrinsèquement pas de genre, elle a été largement féminisée au travers des représentations, des langages, des mythes, des rôles sociaux.

Au XIXe siècle, dans les pays occidentaux, la gestion de la ressource s’est technicisée, artificialisée, transformée en une activité de réseaux, d’usines et, à partir du dernier quart du XXe siècle, d’automates et d’ordinateurs. Comme au temps des Romains et de la construction des thermes, canaux et aqueducs, le secteur et son vocabulaire se sont masculinisés.

Pourtant, depuis une quinzaine d’années, des figures féminines émergent dans ce secteur dont le caractère vital, au cœur de grands enjeux économiques, sociaux et écologiques, est de plus en plus reconnu. Elles sont élues locales, cheffes d’entreprise, hydrologues, chercheuses ou encore ingénieures médiatisant les enjeux de l’eau. En parallèle, le secteur de l’eau convoque désormais le registre lexical du soin, de la prévention, de la protection de la ressource. Et demain, l’un des principaux défis auxquels sera confronté le monde est celui du partage de l’eau. Ce qui va requérir de nouvelles aptitudes à penser la ressource et le bien commun. Ces métiers en devenir, complémentaires des métiers techniques traditionnels, nécessitant des aptitudes d’écoute, de dialogue ou de médiation, préfigurent-ils une ouverture et un attrait des métiers de l’eau pour les femmes ?

Ces signaux annoncent-ils que l’eau demain sera une affaire de femmes ?

C’est sur ce thème de société que se déroulera cette nouvelle séance des Ateliers des Métamorphoses au cours de laquelle nous croiserons les points de vue et les échelles de temps.

Comment expliquer, historiquement et dans l’histoire des représentations, le paradoxe entre l’association au féminin de l’eau comme élément et la main mise masculine sur sa gestion et son exploitation ?
Les enjeux futurs de partage de l’eau et les évolutions des métiers ouvrent-ils une ère nouvelle qui permettrait de dépasser la dichotomie du genre pour s’inscrire dans une complémentarité des talents ?
Cette nouvelle vision des enjeux de l’eau favorisera-t-elle la féminisation des métiers, enjeu important du secteur ? Comment d’autres secteurs d’activité à forte composante masculine, ont-ils embarqué cette question de la représentation de leur métier pour féminiser leurs effectifs ? La force des exemples suffira-t-elle à casser les stéréotypes culturels ?

Cette nouvelle séance des Ateliers des Métamorphoses sera animée par Anne-Sophie Leclère, Directrice générale adjointe d’Eau de Paris, avec :

• Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole Grand Lyon en charge du cycle de l’eau, Présidente de la régie Eau du Grand Lyon.
• Christian Gatard, sociologue, prospectiviste, analyste des mythes, essayiste, associé au Comptoir prospectiviste, fondateur de Christian Gatard and co.