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02.12.2025

Rencontre avec nos diplômés 2025: Mamadou Ndoye

Mamadou Ndoye, Diplômé 2025 du Master politiques publiques, spécialité Santé.
Mamadou Ndoye, Diplômé 2025 du Master politiques publiques, spécialité Santé. (crédits : Sciences Po / MN)

Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire eT professionnel ?

Je suis chirurgien-dentiste de formation, diplômé de l’Université de Nice, où j’ai découvert très tôt combien l’exercice clinique ne peut être dissocié de l’organisation du système de santé. Mon parcours s’est construit à l’intersection du soin, de l’engagement et des politiques publiques.

Très tôt, je me suis investi dans la représentation étudiante nationale, ce qui m’a conduit à travailler sur les réformes des études de santé, à participer à des groupes de travail institutionnels et à sécuriser un cadre pour la mobilisation des étudiants lors de la crise sanitaire. Cette expérience fondatrice a transformé ma manière de comprendre le système de santé : elle m’a appris que la qualité du soin dépend autant des gestes cliniques que des décisions publiques qui structurent l’environnement dans lequel on exerce.

En parallèle, j’ai exercé dans différents environnements : cabinets libéraux, centres de santé, maisons de santé et surtout dans des territoires sous-dotés et en tension, où les besoins en soins sont particulièrement importants. Ces expériences m’ont profondément ancré dans la réalité du terrain, celle où l’on mesure l’impact concret des inégalités territoriales et des difficultés d’accès aux soins.

C’est cette double lecture — soignant et acteur public — qui m’a conduit à intégrer le Master Politiques Publiques – spécialité santé à l'École d'affaires publiques de Sciences Po. J’y ai trouvé les outils nécessaires pour articuler mes intuitions de terrain avec une compréhension systémique des politiques sanitaires, des dynamiques territoriales et de la régulation. Ce parcours renforce aujourd’hui ma volonté d’agir à la fois près des patients et à l’échelle des politiques publiques.

Quelle a été votre motivation pour choisir votre spécialité à l'École d'affaires publiques

Si j’ai choisi la spécialité santé du Master Politiques Publiques de l'École d'affaires publiques, c’est parce qu’elle représentait le maillon manquant entre mon exercice clinique et ma volonté de contribuer à un système de santé plus juste et plus accessible.

Avant même d’arriver à Sciences Po, mes engagements m’avaient déjà conduit à travailler avec de nombreux acteurs publics, à analyser des réformes et à formuler des propositions. Mais je mesurais aussi mes limites : je manquais d’outils méthodologiques, de hauteur d’analyse et de compréhension systémique pour transformer durablement ce que j’observais sur le terrain.

La spécialité santé de l'École d'affaires publiques offrait exactement cela :
– une approche transversale des politiques de santé,
– une compréhension fine des mécanismes de financement et de régulation,
– un apprentissage rigoureux de l’évaluation et de la décision publique,
– et un ancrage concret dans les enjeux territoriaux.

Je voulais comprendre comment se construit une politique publique, comment elle se déploie, et pourquoi elle réussit — ou échoue — dans le “dernier kilomètre”. Cette spécialité était le cadre idéal pour relier ma pratique de soignant à mon ambition d’agir à l’échelle collective.

Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiqueS pour décrocher votre diplôme? 

La formation à l’École d’Affaires Publiques a joué un rôle déterminant dans la manière dont je conçois aujourd’hui mon exercice professionnel et mes projets.

D’abord, elle m’a apporté la méthodologie qui me manquait : la capacité à analyser une politique publique, à identifier ses leviers, ses limites, ses effets réels. Cela a profondément nourri ma thèse d’exercice, consacrée à l’impact d’une réforme structurante dans les études de santé.

Ensuite, Sciences Po m’a permis de structurer un projet que je portais depuis longtemps : améliorer l’accès aux soins dans les territoires sous-dotés ou en tension. C’est dans le cadre du semestre 4 que j’ai conçu et lancé Santeris, une entreprise à finalité sociale dont la mission est d’accompagner les collectivités et les professionnels de santé dans leurs projets d’installation. La formation m’a permis de transformer une intuition de terrain en un projet rigoureux, adossé à une démarche d’analyse, de conception et d’expérimentation. Santeris est d'ailleurs aujourd'hui membre de l'Incubateur de startup du Centre Pour l'Entreprenariat de Sciences Po.

Enfin, cette formation a directement nourri mon installation prochaine dans un territoire sous-doté. Elle m’a aidé à penser ce projet non seulement comme un exercice clinique, mais comme un engagement territorial à part entière : comprendre les dynamiques locales, travailler avec les collectivités, anticiper l’évolution médico-sociale du territoire et inscrire mon exercice dans un futur projet de maison de santé coordonnée.

Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur(e) jeune diplômé(e)?

Je dirais : ne vous précipitez pas pour “être à votre place”.
Explorez, testez, confrontez-vous au terrain, aux acteurs, aux contradictions. Les trajectoires les plus riches ne sont pas forcément les plus linéaires Et souvent, c’est en acceptant une part d’incertitude, en prenant des risques et en suivant réellement sa voie que l’on finit par trouver un espace où l’on s’épanouit..

Et surtout : gardez le réel comme boussole. Dans les politiques publiques comme dans la santé, rien ne remplace l’écoute de celles et ceux qui vivent les situations dont on parle. C’est en restant ancré dans cette réalité qu’on construit des solutions utiles, et qu’on garde du sens dans ce que l’on fait.

Quels seront, selon vous,  vos prochaines étapes ou prochains défis ?

Mes prochaines étapes s’articulent autour d’un même objectif : contribuer à réduire les inégalités d’accès aux soins.

À court terme, je vais ouvrir mon cabinet dans un territoire sous-doté, où les besoins sont immenses. Cette installation n’est pas seulement un choix professionnel : c’est un engagement territorial qui me permettra de combiner pratique clinique, prévention et participation au développement d’un exercice coordonné.

En parallèle, je vais poursuivre le développement de Santeris. Notre conviction est simple : on ne choisit pas un territoire d’installation parce qu’il manque un soignant, mais parce qu’on peut y construire un projet de vie. Le défi est donc d’aider les collectivités à révéler ce qu’elles ont à offrir — leur cadre de vie, leur dynamisme, leurs atouts humains — et d’accompagner les soignants vers les territoires dans lesquels ils pourront réellement se projeter.

Avec Santeris, nous voulons changer la manière dont on pense l’accès aux soins : sortir d’une approche uniquement incitative, et créer une rencontre durable entre un territoire et un professionnel. Une approche plus fine, plus humaine, plus collaborative.

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